LE MONDE du 29 avril 2015
Dans cette Chine mondialisée qui tolère des lieux comme cette librairie, un combat d’arrière-garde semble pourtant accaparer toute l’énergie du régime depuis l’accession au pouvoir du président Xi Jinping, en 2013 : une campagne virulente cible les « valeurs universelles » et autres « infiltrations idéologiques » en provenance de l’Occident. Ces valeurs ont « pour but de pousser les Chinois à renoncer au rôle dirigeant du Parti communiste et au socialisme à caractéristiques chinoises, ce qui amènera de nouveau la Chine à devenir une colonie des pays capitalistes développés », déclarait en 2014 le doyen de l’Académie des sciences sociales chinoises, Wang Weiguang, dans une tribune qu’a fait paraître le magazine théorique du Parti communiste chinois (PCC), Qiushi (« En quête de la vérité »).
Au début de l’année, les universités chinoises, certes surveillées mais largement ouvertes aux débats contradictoires, ont été priées par les autorités de mettre au pas les professeurs qui « dénigrent le système politique chinois ». Avec une virulence qui rappelle la campagne antilibéralisation bourgeoise de 1987-1988, le ministre de l’éducation chinois, Yuan Guiren, a exhorté les enseignants à « ne jamais laisser entrer dans les salles de classe des manuels qui font la promotion des valeurs occidentales ». Au cœur de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, en cours d’examen par le PCC, figure la notion de protection de la « sécurité culturelle » de la Chine. « Si l’idéologie des pays socialistes doit être complètement réinventée par les systèmes de valeurs spécifiques des sociétés capitalistes, notre sécurité nationale s’expose à un défi de taille », s’inquiétait le quotidien Global Times, porte-voix nationaliste du PCC, le 22 avril.
L’éducation, la presse, Internet, la religion, mais aussi l’histoire et les ONG sont désormais considérés comme des « zones à risques », susceptibles d’être contaminées par les valeurs de l’Occident. « Il semble que Pékin soit en train d’ériger un mur entre la Chine et le reste du monde, avec des conséquences potentiellement désastreuses », s’inquiète le sinologue Carl Minzner dans une tribune sur le retour de l’« isolationnisme chinois », publiée par le Los Angeles Times le 18 mars. « On assiste de manière générale à un resserrement idéologique, l’expression du sentiment antioccidental n’en est qu’un des nombreux symptômes », renchérit l’universitaire et essayiste Xiong Peiyun, auteur de La République des esprits (2007). Selon lui, cette campagne est un moyen pour « imposer des limites aux Chinois ».
http://pan.baidu.com/s/1qCdoa
Dans cette Chine mondialisée qui tolère des lieux comme cette librairie, un combat d’arrière-garde semble pourtant accaparer toute l’énergie du régime depuis l’accession au pouvoir du président Xi Jinping, en 2013 : une campagne virulente cible les « valeurs universelles » et autres « infiltrations idéologiques » en provenance de l’Occident. Ces valeurs ont « pour but de pousser les Chinois à renoncer au rôle dirigeant du Parti communiste et au socialisme à caractéristiques chinoises, ce qui amènera de nouveau la Chine à devenir une colonie des pays capitalistes développés », déclarait en 2014 le doyen de l’Académie des sciences sociales chinoises, Wang Weiguang, dans une tribune qu’a fait paraître le magazine théorique du Parti communiste chinois (PCC), Qiushi (« En quête de la vérité »).
Au début de l’année, les universités chinoises, certes surveillées mais largement ouvertes aux débats contradictoires, ont été priées par les autorités de mettre au pas les professeurs qui « dénigrent le système politique chinois ». Avec une virulence qui rappelle la campagne antilibéralisation bourgeoise de 1987-1988, le ministre de l’éducation chinois, Yuan Guiren, a exhorté les enseignants à « ne jamais laisser entrer dans les salles de classe des manuels qui font la promotion des valeurs occidentales ». Au cœur de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, en cours d’examen par le PCC, figure la notion de protection de la « sécurité culturelle » de la Chine. « Si l’idéologie des pays socialistes doit être complètement réinventée par les systèmes de valeurs spécifiques des sociétés capitalistes, notre sécurité nationale s’expose à un défi de taille », s’inquiétait le quotidien Global Times, porte-voix nationaliste du PCC, le 22 avril.
L’éducation, la presse, Internet, la religion, mais aussi l’histoire et les ONG sont désormais considérés comme des « zones à risques », susceptibles d’être contaminées par les valeurs de l’Occident. « Il semble que Pékin soit en train d’ériger un mur entre la Chine et le reste du monde, avec des conséquences potentiellement désastreuses », s’inquiète le sinologue Carl Minzner dans une tribune sur le retour de l’« isolationnisme chinois », publiée par le Los Angeles Times le 18 mars. « On assiste de manière générale à un resserrement idéologique, l’expression du sentiment antioccidental n’en est qu’un des nombreux symptômes », renchérit l’universitaire et essayiste Xiong Peiyun, auteur de La République des esprits (2007). Selon lui, cette campagne est un moyen pour « imposer des limites aux Chinois ».
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