L'article du "petit journal" est certes un peu caricatural, mais je suis un peu choqué par les remarques quelque peu méprisantes et condescendantes faites par certains ici (j'imagine qu'il s'agit d'hommes, n'est ce pas?).
Avant de me lancer dans mon petit speech, je précise que je suis moi-même un "demi" "Guy Tai", à savoir que j'ai suivi mon épouse ici mais que j'ai eu la chance de garder mon job (recherche publique) et de pouvoir bosser à 50% sur mon "temps libre" (quand je ne traine pas à Carrefour et que je ne gère pas les enfants). Mais il est clair que je me sens plus que solidaire des Tai Tai (car, soyons clair, dans l'écrasante majorité des cas, c'est la femme qui se retrouve sur la touche et l'homme qui profite d'une "bonne opportunité à l'international")
Il me semble que, avant de faire des vannes faciles sur l'emploi du temps des Tai Tai, il faut quand même réaliser que, dans beaucoup de cas, leur présence ici est le résultat d'un sacrifice social fait pour son conjoint: sacrifice du travail, de la position sociale et du respect qui va avec, sacrifice d'une certaine place dans la société. L'expatriation (enfin, disons, l'expatriation "coorporate") a en effet le pouvoir de ramener les rôles hommes/femmes à ce qu'ils sont dans "Mad Men", et de transformer instantanément des couples du XXIè siècle en couples des années 50, avec maman tirant son caddy à Carrefour pendant que papa est occupé à faire avancer sa carrière. Après, il y a sans doute plusieurs manières de gérer son rôle de Tai Tai, et certaines femmes le vivent peut-être bien tandis que d'autres le vivent plus mal. Je ne veux surtout pas faire des généralités alors que chaque cas est différent. Mais à la base, je dirais qu'il y a quand même ce "sacrifice" (même si ce sacrifice est fait volontairement).
Je ne suis pas non plus complètement naïf, et je me doute qu’il y a toujours une "bonne raison" pour que chaque couple se retrouve dans cette situation, souvent le fait que, comme au départ c’est l’homme qui gagne un peu plus, c’est mieux "pour la famille" que ça soit la femme qui mette son job entre parenthèses le temps de l’expatriation. Mais évidemment, ce choix initial ne va faire que renforcer l’asymétrie du couple. Et, au moment du retour, l’homme va souvent se retrouver avec une situation bien meilleure qu’à son départ, alors que la femme va avoir les plus grandes difficultés à se réintégrer. La situation est peut-être encore plus critique pour les « serial-expats », qui transhument d’un pays à l’autre, et pour lesquels chaque nouvelle expatriation ne fait qu’entériner plus profondément l’état de fait que papa-a-une-carrière-et-maman-le-suit. L’expatriation peut alors vraiment être un piège pour les femmes, dont le statut social s’enlise tandis que celui du conjoint s’envole dans la stratosphère. Un piège d’autant plus efficace qu’il revêt, effectivement, souvent des apparences confortables et agréables. Mais, même si une expat-housewife peut effectivement avoir le confort matériel et la « belle vie », ça ne change rien au fait qu’elle a fait un énorme sacrifice social; sacrifice qui n’est souvent pas apprécié à sa juste valeur. Et les remarques à 2 balles faites sur ce forum en sont la preuve éclatante il me semble.