Décryptage Éducation. Une enquête réalisée sur des élèves de CM1 montre que leurs capacités de lecture et de compréhension d’un texte déclinent.
Par VÉRONIQUE SOULÉ
Encore une mauvaise note pour l’école française. Selon une étude internationale publiée mardi, les élèves de CM1 ont un niveau de lecture inférieur à la moyenne européenne, en baisse depuis dix ans. En plus, interrogés sur un texte, ils sont les plus nombreux à laisser des questions sans réponse, particulièrement lorsqu’elles doivent être longues, signe d’un inquiétant manque de confiance, voire d’un blocage à l’écrit.
La troisième enquête PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), menée tous les cinq ans sur des élèves à la fin de leur quatrième année de scolarité obligatoire, s’est déroulée dans 54 pays en mai 2011. Avec un score de 520 points, les petits Français se situent au-dessus de la moyenne internationale (500 points). Mais si l’on compare avec des pays ayant le même niveau de développement - ceux de l’Union Européenne et de l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement en Europe) -, la moyenne française est bien inférieure, très loin derrière les quatre du peloton de tête : Hong Kong (571 points), la Russie (568), la Finlande (568) et Singapour (567).
A l’aise. En dix ans, entre 2001 et 2011, le niveau de lecture des jeunes Français a en plus légèrement baissé - l’enseignement privé s’en tirant toutefois mieux que le public. Mais le plus grave est ailleurs : c’est dans les compétences les plus complexes - consistant à «interpréter» ou à «apprécier» un texte - que les élèves de CM1 sont les plus faibles et où leurs performances ont décliné ces dernières années.
Les Français sont plus à l’aise dans les QCM (questions à choix multiples) ou dans les exercices simples de lecture, demandant à «prélever» des informations ou à faire des déductions. «Plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue : 53% de réussite aux questions à réponses construites brèves (un mot ou un groupe de mots), et 20% aux questions où on attend un petit paragraphe», souligne la note de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education.
La DEPP rappelle l’une de ses études récentes montrant la hausse du nombre d’élèves en difficulté à l’écrit depuis une dizaine d’années : «Près d’un élève sur cinq est aujourd’hui concerné en début de sixième, et la dégradation concerne plus particulièrement les élèves les plus en difficulté.» Dans l’enquête PIRLS, les petits Français sont ainsi surreprésentés dans le groupe le plus faible et sous-représentés dans le plus fort.
Rédiger. Comme lors des deux études précédentes, craignant de se tromper ou fâchés avec l’écrit, les Français se distinguent des autres Européens par le nombre important de réponses qu’ils laissent en blanc dès qu’il s’agit de rédiger. Ils sont aussi plus nombreux, avec les Belges, à ne pas terminer les épreuves - sept fois plus que les Finlandais, les Néerlandais ou les Irlandais du Nord.
Réalisée en 2011, la dernière enquête PIRLS a porté sur des élèves qui ont suivi les nouveaux programmes introduits en 2008 et qui sont passés à la semaine des quatre jours - deux réformes de l’ère Sarkozy. Mais cela n’a pas permis d’inverser la tendance, ce qui était pourtant le but affiché. Cela n’a pas échappé à Vincent Peillon qui, dans un communiqué, a fustigé «l’échec des politiques menées depuis 2007». Le ministre de l’Education en a profité pour vanter le bien-fondé de sa Refondation de l’école, avec la priorité donnée au primaire et la réforme de la notation pour «redonner confiance aux élèves».
Source:http://www.liberation.fr/societe/2012/12/12/le-niveau-trop-primaire-des-petits-francais_867236
Par VÉRONIQUE SOULÉ
Encore une mauvaise note pour l’école française. Selon une étude internationale publiée mardi, les élèves de CM1 ont un niveau de lecture inférieur à la moyenne européenne, en baisse depuis dix ans. En plus, interrogés sur un texte, ils sont les plus nombreux à laisser des questions sans réponse, particulièrement lorsqu’elles doivent être longues, signe d’un inquiétant manque de confiance, voire d’un blocage à l’écrit.
La troisième enquête PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), menée tous les cinq ans sur des élèves à la fin de leur quatrième année de scolarité obligatoire, s’est déroulée dans 54 pays en mai 2011. Avec un score de 520 points, les petits Français se situent au-dessus de la moyenne internationale (500 points). Mais si l’on compare avec des pays ayant le même niveau de développement - ceux de l’Union Européenne et de l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement en Europe) -, la moyenne française est bien inférieure, très loin derrière les quatre du peloton de tête : Hong Kong (571 points), la Russie (568), la Finlande (568) et Singapour (567).
A l’aise. En dix ans, entre 2001 et 2011, le niveau de lecture des jeunes Français a en plus légèrement baissé - l’enseignement privé s’en tirant toutefois mieux que le public. Mais le plus grave est ailleurs : c’est dans les compétences les plus complexes - consistant à «interpréter» ou à «apprécier» un texte - que les élèves de CM1 sont les plus faibles et où leurs performances ont décliné ces dernières années.
Les Français sont plus à l’aise dans les QCM (questions à choix multiples) ou dans les exercices simples de lecture, demandant à «prélever» des informations ou à faire des déductions. «Plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue : 53% de réussite aux questions à réponses construites brèves (un mot ou un groupe de mots), et 20% aux questions où on attend un petit paragraphe», souligne la note de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education.
La DEPP rappelle l’une de ses études récentes montrant la hausse du nombre d’élèves en difficulté à l’écrit depuis une dizaine d’années : «Près d’un élève sur cinq est aujourd’hui concerné en début de sixième, et la dégradation concerne plus particulièrement les élèves les plus en difficulté.» Dans l’enquête PIRLS, les petits Français sont ainsi surreprésentés dans le groupe le plus faible et sous-représentés dans le plus fort.
Rédiger. Comme lors des deux études précédentes, craignant de se tromper ou fâchés avec l’écrit, les Français se distinguent des autres Européens par le nombre important de réponses qu’ils laissent en blanc dès qu’il s’agit de rédiger. Ils sont aussi plus nombreux, avec les Belges, à ne pas terminer les épreuves - sept fois plus que les Finlandais, les Néerlandais ou les Irlandais du Nord.
Réalisée en 2011, la dernière enquête PIRLS a porté sur des élèves qui ont suivi les nouveaux programmes introduits en 2008 et qui sont passés à la semaine des quatre jours - deux réformes de l’ère Sarkozy. Mais cela n’a pas permis d’inverser la tendance, ce qui était pourtant le but affiché. Cela n’a pas échappé à Vincent Peillon qui, dans un communiqué, a fustigé «l’échec des politiques menées depuis 2007». Le ministre de l’Education en a profité pour vanter le bien-fondé de sa Refondation de l’école, avec la priorité donnée au primaire et la réforme de la notation pour «redonner confiance aux élèves».
Source:http://www.liberation.fr/societe/2012/12/12/le-niveau-trop-primaire-des-petits-francais_867236