[h=2]Le meilleur flic de Chine voulait-il rejoindre l'Amérique?[/h]
08 Février 2012 Par Jordan Pouille
Le "monsieur propre" de Chongqing, célèbre pour avoir débarrassé cette mégapole de ses triades et autres gangsters a été mystérieusement "muté" il y a six jours. Hier soir, il aurait tenté de fuir son pays. Pékin nie, à moitié. Fiction ou réalité?
La chute de Wang Lijun passionne la toile chinoise. Comme le rapporte Tania Branigan, du Guardian, le consulat américain de Chengdu (un bunker en plein quartier commercial et à 270 kms de Chongqing) était hier soir inhabituellement encerclé de véhicules de police chinois. Sur Weibo, le Twitter chinois, les folles rumeurs se bousculent. On y raconte que la voiture d'un officiel, surement celle de Wang Lijun, était garée devant... Les autorités américaines affirment ne pas avoir demandé cette présence policière massive qui s'en est suivie.
La suite est digne d'un film hollywoodien, du genre "Attrape moi si tu peux" de Steven Spielberg.
Boxun, un site sulfureux qui appelait aux rassemblements de jasmin à travers la Chine il y a un an, affirme que Wang tentait de livrer aux autorités américaines tout ce qu'il sait sur Bo Xilai, le tout puissant chef du PCC de Chongqing et fils d'un des compagnons de révolution de Mao, en échange de l'asile. Les américains connaissent bien la famille Bo. Le fiston Bo Guagua poursuit ses études à Harvard et parade de temps en temps en Ferrari, quand il est de retour au pays.
Bo Xilai doit sa notoriété actuelle à ce fameux nettoyage au karcher de la ville. Il a commandé un film à des scénaristes réputés pour narrer ce glorieux épisode. Mais Wang Lijun tient peut être de trop lourds secrets, moins cinématographiques, pour avoir ainsi été écarté.
Paniqué, Bo Xilai aurait ainsi envoyé 70 véhicules de la police de Chonqing à sa poursuite. Ce n'est qu'à sa sortie, sous la pression du gouvernement de Central, qu'il aurait été appréhendé... et finalement renvoyé à Pékin sous bonne escort du Guoanbu, la police secrète. Des élements peut-être bien fantaisistes, impossible à vérifier tant la culture du secret a toujours entouré les officiels chinois. La plupart des Chinois ne savent même pas si leur président a des enfants. Un autre exemple: on ne connait toujours pas officiellement l'ampleur des méfaits de Liu Zhijun, ce ministre du rail brutalement limogé l'an dernier, six mois avant le fameux crash du tgv de Wenzhou. Depuis, la presse hongkongaise a affirmé que l'homme s'octroyait une énorme commission sur chaque chantier de ligne de tgv ou accordait l'exclusivité de tous les panneaux anti-bruits à l'une de ses nombreuses maitresses.
Ce qui est sûr, c'est que le départ de cet homme ne manque pas de faire jaser les amateurs de messes basses au sein du Parti. A l'automne va démarrer l'immense raout communiste, le 18e Congres du Parti, au cours duquel tout le politburo sera chamboulé. Chacun avance ses pions. Wang Yang, chef du Parti du Guangdong, joue la carte de la résolution harmonieuse des conflits sociaux depuis le succès de Wukan. Bo Xilai jouerait celle de la fermeté. Pour la place de leader du pays, moins de suspense: Xi Jinping, dont on ne sait pas grand chose sinon qu'il est marié à une chanteuse de l'armée, succèdera à l'inflexible secrétaire général actuel Hu Jintao.
Pour tenter de calmer les rumeurs, un communiqué officiel* a finalement été publié. Depuis ce matin, Wang Lijun est tout bêtement en repos médical pour "stress". Amusant car, comme le raconte le quotidien hongkongais, Wang Lijun n'est pas un freluquet: il porte sur son corps une vingtaine de cicatrices de couteau et de balles de revolver.
* 据悉,王立军副市长因长期超负荷工作,精神高度紧张,身体严重不适,经同意,现正在接受休假式的治疗
Parions que d'autres huiles de l'élite chinoise prendront des congés thérapeutiques sous peu.
08 Février 2012 Par Jordan Pouille
Le "monsieur propre" de Chongqing, célèbre pour avoir débarrassé cette mégapole de ses triades et autres gangsters a été mystérieusement "muté" il y a six jours. Hier soir, il aurait tenté de fuir son pays. Pékin nie, à moitié. Fiction ou réalité?
La chute de Wang Lijun passionne la toile chinoise. Comme le rapporte Tania Branigan, du Guardian, le consulat américain de Chengdu (un bunker en plein quartier commercial et à 270 kms de Chongqing) était hier soir inhabituellement encerclé de véhicules de police chinois. Sur Weibo, le Twitter chinois, les folles rumeurs se bousculent. On y raconte que la voiture d'un officiel, surement celle de Wang Lijun, était garée devant... Les autorités américaines affirment ne pas avoir demandé cette présence policière massive qui s'en est suivie.
La suite est digne d'un film hollywoodien, du genre "Attrape moi si tu peux" de Steven Spielberg.
Boxun, un site sulfureux qui appelait aux rassemblements de jasmin à travers la Chine il y a un an, affirme que Wang tentait de livrer aux autorités américaines tout ce qu'il sait sur Bo Xilai, le tout puissant chef du PCC de Chongqing et fils d'un des compagnons de révolution de Mao, en échange de l'asile. Les américains connaissent bien la famille Bo. Le fiston Bo Guagua poursuit ses études à Harvard et parade de temps en temps en Ferrari, quand il est de retour au pays.
Bo Xilai doit sa notoriété actuelle à ce fameux nettoyage au karcher de la ville. Il a commandé un film à des scénaristes réputés pour narrer ce glorieux épisode. Mais Wang Lijun tient peut être de trop lourds secrets, moins cinématographiques, pour avoir ainsi été écarté.
Paniqué, Bo Xilai aurait ainsi envoyé 70 véhicules de la police de Chonqing à sa poursuite. Ce n'est qu'à sa sortie, sous la pression du gouvernement de Central, qu'il aurait été appréhendé... et finalement renvoyé à Pékin sous bonne escort du Guoanbu, la police secrète. Des élements peut-être bien fantaisistes, impossible à vérifier tant la culture du secret a toujours entouré les officiels chinois. La plupart des Chinois ne savent même pas si leur président a des enfants. Un autre exemple: on ne connait toujours pas officiellement l'ampleur des méfaits de Liu Zhijun, ce ministre du rail brutalement limogé l'an dernier, six mois avant le fameux crash du tgv de Wenzhou. Depuis, la presse hongkongaise a affirmé que l'homme s'octroyait une énorme commission sur chaque chantier de ligne de tgv ou accordait l'exclusivité de tous les panneaux anti-bruits à l'une de ses nombreuses maitresses.
Ce qui est sûr, c'est que le départ de cet homme ne manque pas de faire jaser les amateurs de messes basses au sein du Parti. A l'automne va démarrer l'immense raout communiste, le 18e Congres du Parti, au cours duquel tout le politburo sera chamboulé. Chacun avance ses pions. Wang Yang, chef du Parti du Guangdong, joue la carte de la résolution harmonieuse des conflits sociaux depuis le succès de Wukan. Bo Xilai jouerait celle de la fermeté. Pour la place de leader du pays, moins de suspense: Xi Jinping, dont on ne sait pas grand chose sinon qu'il est marié à une chanteuse de l'armée, succèdera à l'inflexible secrétaire général actuel Hu Jintao.
Pour tenter de calmer les rumeurs, un communiqué officiel* a finalement été publié. Depuis ce matin, Wang Lijun est tout bêtement en repos médical pour "stress". Amusant car, comme le raconte le quotidien hongkongais, Wang Lijun n'est pas un freluquet: il porte sur son corps une vingtaine de cicatrices de couteau et de balles de revolver.
* 据悉,王立军副市长因长期超负荷工作,精神高度紧张,身体严重不适,经同意,现正在接受休假式的治疗
Parions que d'autres huiles de l'élite chinoise prendront des congés thérapeutiques sous peu.