Lien retiré
Comment lutter contre l’excision et autres mutilations génitales des femmes ? Les légaliser, proposent deux gynécologues américains dans le Journal of Medical Ethics. Mais attention, préviennent les Drs Kavita Shah Arora et Allan J. Jacobs, ce seront des excisions « minimalistes » qui tiennent compte des « croyances culturelles tout en protégeant la santé physique des filles ».
« Nous vous proposons une solution de compromis : les Etats libéraux pourraient légaliser les FGA (NDLR : altérations génitales féminines) en respect des obligations culturelles et religieuses, mais interdiraient les formes de FGA qui sont dangereux pour la reproduction ou l’épanouissement sexuel ».
« Le serment d’Hippocrate, c’est de soigner, pas de mutiler ! »
Scepticisme. Les mutilations génitales féminines ont précisément pour but de retirer le plaisir sexuel des femmes. Sous couvert de traditionalisme, ces médecins américains voudraient donc légaliser l’excision mais seulement si ces interventions chirurgicales n’ont aucun effet sur « l’épanouissement sexuel » des femmes… ça parait compliqué. « Odieux », préfère Danielle Mérian, présidente de SOS Africaines en Danger, association qui lutte contre l’excision et le viol conjugal.
« Le serment d’Hippocrate, c’est de soigner, pas de mutiler ! », s’indigne Danielle Mérian, « l’excision est un crime puni par la loi, il concerne des petites filles, c’est un cauchemar permanent pour elles, une souffrance physique et psychologique ».
Mais les deux gynécologues voient une comparaison entre circoncision et excision. Dans cette perspective, il s’agirait donc d’une pratique simple et effectivement sans effet sur la capacité de reproduction ou l’épanouissement sexuel. Sauf que « l’excision et la circoncision n’ont absolument rien à voir. Dans la circoncision, il y a une perspective hygiénique », souligne Danielle Mérian. « L’équivalent masculin de l’excision serait l’ablation du gland », précise à cet égard Gillette Faye, présidente du Gams (Groupe pour l’Abolition des Mutilations sexuelles ». Or, la circoncision est une ablation du prépuce et « n’affecte pas la sensibilité sexuelle des hommes », explique la gynécologue Nasrine Callet.