La germanophobie monte au Royaume-Uni et en Grèce
Par Laura Raim Publié le 05/12/2011 Le Figaro
Il n'y a pas qu'en France que la politique de Merkel suscite des «relents anti-allemands». A Londres et à Athènes, des élus et des médias dénoncent l'avènement du «IVe Reich».
La France n'est pas le seul pays à voir ressurgir «les démons de la germanophobie» dans le débat public. Au Royaume-Uni, la critique de la politique européenne d'Angela Merkel est plus virulente encore, mais contrairement à la France, elle n'est pas le fait de la gauche. «Nous vivons aujourd'hui dans une Europe dominée par l'Allemagne, soit précisément la situation que le projet européen était censé empêcher», a lancé l'ultra-conservateur britannique Nigel Farage devant le parlement européen mi-novembre. La vidéo de la sortie du député européen a rencontré un vif succès dans son pays, où aussi bien la classe politique que la presse se font l'écho d'une méfiance croissante envers l'hégémonie allemande.
Le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a lui aussi averti dans le Sunday Telegraph qu'il ne fallait pas «faire semblant de créer un gouvernement économique européen, qui serait en fait dirigé par l'Allemagne».
Dès le mois d'août, le Daily Mail titrait un article «La montée du IVe Reich, comment l'Allemagne se sert de la crise financière pour conquérir l'Europe ». Le tabloïd conservateur a par la suite expliqué comment l'Allemagne, qui «n'avait pas été aussi puissante depuis 1941», a «dirigé la cabale européenne pour débarquer les premiers ministres Silvio Berlusconi en Italie et George Papandréou en Grèce et veillé à leur remplacement par des technocrates obéissants ».
Mais les sentiments anti-allemands qui animent une grande partie de l'opinion britannique sont aussi exprimés de manière plus subtile et argumentée. Dans le Financial Times, Sebastian Mallaby démontre que l'Allemagne est le pays qui a le plus bénéficié de la zone euro, que ce soit de la monnaie commune ou de la débauche dépensière de ses voisins, et que pour cette raison, elle devrait contribuer encore plus au sauvetage européen.
La «deuxième Occupation» de la Grèce
En Grèce, la nomination en novembre d'un Allemand, Horst Reuchenbach, pour conduire la task-force de l'Union européenne, n'était peut-être pas le choix le plus délicat alors que les habitants gardent un souvenir vif des horreurs de l'Occupation nazi. Horst Reuchenbach a rapidement été surnommé «Third Reichenbach» dans la presse hellénique, où il a été dessiné en costume d'officier de la Wehrmacht et son bureau désigné comme «les nouveaux QG de la Gestapo».
Certes, la «domination» allemande est toute involontaire, reconnaissent la plupart des critiques. Ce n'est en effet pas sa faute si son économie, plus solide que celle de ses voisins, lui permet de mieux résister aux attaques des marchés financiers. L'Allemagne n'est pas à blâmer si la France, traditionnellement son partenaire égal à la tête de la zone euro, connaît à son tour des difficultés, s'accroche nerveusement à on triple A et «dépend désormais autant que les autres des décisions de la chancelière Merkel » tranche le EU Observer.
L'Allemagne se retrouve donc seule dans le leadership de l'Europe, et face à la dégradation de la crise, elle utilise de moins en moins de gants pour imposer aux autres son remède national: l'austérité. Résultat, lorsque Merkel affirme qu'il faut «plus d'Europe», il est difficile de ne pas entendre «plus d'Allemagne ». Et ce d'autant plus après que le député conservateur Volker Kauder se soit réjouit du fait que «aujourd'hui, l'Europe parle allemand !».
Angela Merkel a beau répéter que «l'Allemagne ne veut pas dominer l'Europe », une petite partie de la presse allemande reconnaît une certaine évolution du rapport de force : «Peut-on encore parler d'Europe démocratique, égalitaire et diverse quand, sous la houlette de l'Allemagne, on impose aux pays du Sud de la zone euro, comme s'ils n'avaient pas le choix, la politique d'austérité échafaudée à Berlin et mise en œuvre par de prétendus gouvernements d'experts ?» s'interroge le Lien retiré qui se demande également «comment concilier la pression politique exercée par Berlin sur la Banque centrale européenne ( pour l'empêcher d'imprimer de l'argent et racheter des obligations grecques, espagnoles et italiennes, NDRL) avec l'indépendance que celle-ci ne cesse de proclamer?»
«L'Allemagne a gagné la Seconde Guerre mondiale la semaine dernière. Oups ! J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?, plaisante le Lien retiré. Nous avons donc Angela Merkel, seul maître à bord, et une Europe allemande dont on ne sait rien, sinon que les Italiens ne doivent plus y être italiens ».
Par Laura Raim Publié le 05/12/2011 Le Figaro
Il n'y a pas qu'en France que la politique de Merkel suscite des «relents anti-allemands». A Londres et à Athènes, des élus et des médias dénoncent l'avènement du «IVe Reich».
La France n'est pas le seul pays à voir ressurgir «les démons de la germanophobie» dans le débat public. Au Royaume-Uni, la critique de la politique européenne d'Angela Merkel est plus virulente encore, mais contrairement à la France, elle n'est pas le fait de la gauche. «Nous vivons aujourd'hui dans une Europe dominée par l'Allemagne, soit précisément la situation que le projet européen était censé empêcher», a lancé l'ultra-conservateur britannique Nigel Farage devant le parlement européen mi-novembre. La vidéo de la sortie du député européen a rencontré un vif succès dans son pays, où aussi bien la classe politique que la presse se font l'écho d'une méfiance croissante envers l'hégémonie allemande.
Le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a lui aussi averti dans le Sunday Telegraph qu'il ne fallait pas «faire semblant de créer un gouvernement économique européen, qui serait en fait dirigé par l'Allemagne».
Dès le mois d'août, le Daily Mail titrait un article «La montée du IVe Reich, comment l'Allemagne se sert de la crise financière pour conquérir l'Europe ». Le tabloïd conservateur a par la suite expliqué comment l'Allemagne, qui «n'avait pas été aussi puissante depuis 1941», a «dirigé la cabale européenne pour débarquer les premiers ministres Silvio Berlusconi en Italie et George Papandréou en Grèce et veillé à leur remplacement par des technocrates obéissants ».
Mais les sentiments anti-allemands qui animent une grande partie de l'opinion britannique sont aussi exprimés de manière plus subtile et argumentée. Dans le Financial Times, Sebastian Mallaby démontre que l'Allemagne est le pays qui a le plus bénéficié de la zone euro, que ce soit de la monnaie commune ou de la débauche dépensière de ses voisins, et que pour cette raison, elle devrait contribuer encore plus au sauvetage européen.
La «deuxième Occupation» de la Grèce
En Grèce, la nomination en novembre d'un Allemand, Horst Reuchenbach, pour conduire la task-force de l'Union européenne, n'était peut-être pas le choix le plus délicat alors que les habitants gardent un souvenir vif des horreurs de l'Occupation nazi. Horst Reuchenbach a rapidement été surnommé «Third Reichenbach» dans la presse hellénique, où il a été dessiné en costume d'officier de la Wehrmacht et son bureau désigné comme «les nouveaux QG de la Gestapo».
Certes, la «domination» allemande est toute involontaire, reconnaissent la plupart des critiques. Ce n'est en effet pas sa faute si son économie, plus solide que celle de ses voisins, lui permet de mieux résister aux attaques des marchés financiers. L'Allemagne n'est pas à blâmer si la France, traditionnellement son partenaire égal à la tête de la zone euro, connaît à son tour des difficultés, s'accroche nerveusement à on triple A et «dépend désormais autant que les autres des décisions de la chancelière Merkel » tranche le EU Observer.
L'Allemagne se retrouve donc seule dans le leadership de l'Europe, et face à la dégradation de la crise, elle utilise de moins en moins de gants pour imposer aux autres son remède national: l'austérité. Résultat, lorsque Merkel affirme qu'il faut «plus d'Europe», il est difficile de ne pas entendre «plus d'Allemagne ». Et ce d'autant plus après que le député conservateur Volker Kauder se soit réjouit du fait que «aujourd'hui, l'Europe parle allemand !».
Angela Merkel a beau répéter que «l'Allemagne ne veut pas dominer l'Europe », une petite partie de la presse allemande reconnaît une certaine évolution du rapport de force : «Peut-on encore parler d'Europe démocratique, égalitaire et diverse quand, sous la houlette de l'Allemagne, on impose aux pays du Sud de la zone euro, comme s'ils n'avaient pas le choix, la politique d'austérité échafaudée à Berlin et mise en œuvre par de prétendus gouvernements d'experts ?» s'interroge le Lien retiré qui se demande également «comment concilier la pression politique exercée par Berlin sur la Banque centrale européenne ( pour l'empêcher d'imprimer de l'argent et racheter des obligations grecques, espagnoles et italiennes, NDRL) avec l'indépendance que celle-ci ne cesse de proclamer?»
«L'Allemagne a gagné la Seconde Guerre mondiale la semaine dernière. Oups ! J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?, plaisante le Lien retiré. Nous avons donc Angela Merkel, seul maître à bord, et une Europe allemande dont on ne sait rien, sinon que les Italiens ne doivent plus y être italiens ».