Analyse:
Le ministre français des Affaires étrangères est attendu aujourd’hui à Pékin. Une première rencontre qui a pour but affiché d’améliorer les relations économiques et commerciales.
Par ARNAUD VAULERIN, PHILIPPE GRANGEREAU Correspondant à Pékin
A l’endroit de la France, la Chine a toujours penché pour les gouvernements de droite. C’est l’une des raisons - mais pas la seule - pour laquelle la méfiance sera au rendez-vous de la première rencontre entre la Chine et la «Hollandie», aujourd’hui à Pékin.
Après une visite ratée et écourtée en février, alors qu’il n’était que le simple représentant du candidat socialiste, François Hollande, Laurent Fabius revient pour deux jours dans la capitale chinoise, cette fois en tant que ministre des Affaires étrangères. Pour cette prise de contact rugueuse, il sera reçu par son homologue, Yang Jiechi, le Premier ministre, Wen Jiabao, et son probable successeur en 2013, le vice-Premier ministre, Li Keqiang.
Le dialogue sera pragmatique sur les dossiers économiques. Paris souhaite favoriser l’accès des entreprises françaises au marché chinois et redresser le déficit des échanges commerciaux, devenu abyssal en 2011 (27 milliards d’euros). «Ce n’est plus soutenable sur le plan économique et politique», analyse un diplomate français. Sur les questions politiques, Fabius jouera cartes sur table. «Nous devons montrer qu’on est lisible, assure-t-on au Quai d’Orsay, qu’il n’y aura pas de surprises - ce que les Chinois n’aiment pas du tout - afin d’éviter tout soubresaut ou crise type 2008.» Quand les émeutes au Tibet, le passage chaotique de la flamme olympique à Paris et surtout la rencontre en catimini entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama avaient congelé les relations avec Pékin.
Répression. Pour revenir dans les bonnes grâces de la Chine, dans le très singulier communiqué franco-chinois d’avril 2009, Sarkozy s’était engagé au nom de la France à «récuser tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit». Le gouvernement Hollande va-t-il archiver ce serment ? «On peut et on veut aborder tous les sujets avec la Chine», assurait vendredi une source diplomatique, n’excluant pas un dialogue sur l’emprisonnement du Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo ou, plus généralement, sur la répression politique au Tibet et dans le reste du pays.
Les autorités chinoises, allergiques aux questions de respect des droits fondamentaux, ont bien des raisons de se méfier du gouvernement Hollande. Pékin n’a pas oublié que le conseiller diplomatique et «sherpa» du Président, Paul Jean-Ortiz, chargé d’orchestrer le «réengagement» des relations avec Pékin, a joué un rôle estimable dans l’opération «Oiseau jaune». Déclenchée juste après le massacre de Tiananmen, en juin 1989, celle-ci avait permis de faire partir clandestinement de Chine, via Hongkong, plus de 400 étudiants et militants du mouvement démocratique alors recherchés par toutes les polices du pays. Presque tous ont été initialement accueillis en France. L’opération avait été organisée avec le concours d’hommes d’affaires hongkongais (pour le financement), des mafias locales (pour l’extraction), des diplomates et les services secrets de trois pays, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.
Davantage dans le présent, Laurent Fabius aura à cœur de ne pas revenir sur les propos du candidat Hollande. Le 30 mars, comme l’a écrit Eric Dupin dans son livre la Victoire empoisonnée (Seuil), le futur président confiait qu’il «en était arrivé à un moment où [il] pense qu’il faut nommer l’adversaire. […] Le problème, il est chinois. Ils trichent sur tout. Sur la monnaie, en matière de recherche… La difficulté, c’est que beaucoup de grandes entreprises vivent avec des contrats chinois. Ce sont elles qui empêchent que nous soyons plus fermes à l’égard des produits de ce pays. Mais il faudra ouvrir le conflit.»
Le chef de la diplomatie française taira aussi les déclarations protibétaines de l’ex-maire de Nantes et Premier ministre. En août 2008, au plus fort de la crise avec la Chine, Jean-Marc Ayrault s’inspirait de l’édit de Nantes pour accueillir avec éclat le dalaï-lama et saluer la lutte du chef spirituel tibétain : «Votre combat est juste et c’est pourquoi je l’ai toujours soutenu dans mes différentes responsabilités», avait-il dit, avant d’appeler à un arrêt de la violence et de la répression chinoises.
«Invective». Laurent Fabius a, lui aussi, laissé un souvenir contestable du point de vue chinois. En avril 1996, alors président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, il avait protesté contre la venue en France du Premier ministre chinois, Li Peng, sur le Parvis des droits de l’homme. «Quand on sait ce qui s’est passé à Tiananmen en 1989 et la répression actuelle, la réaction normale, qui doit aussi être le message de la France, est que les droits de l’homme doivent être respectés partout», avait-il déclaré. Diplomate, Fabius a expliqué la semaine dernière qu’il souhaitait «faire avancer concrètement les choses avec la Chine, et ce n’est pas en maniant l’invective qu’on y arrive. Il ne sert à rien d’être provoquant ni complaisant».
Lien retiré
Bon courage a tous le" Responsable mais pas coupable "est en Chine .....
Le ministre français des Affaires étrangères est attendu aujourd’hui à Pékin. Une première rencontre qui a pour but affiché d’améliorer les relations économiques et commerciales.
Par ARNAUD VAULERIN, PHILIPPE GRANGEREAU Correspondant à Pékin
A l’endroit de la France, la Chine a toujours penché pour les gouvernements de droite. C’est l’une des raisons - mais pas la seule - pour laquelle la méfiance sera au rendez-vous de la première rencontre entre la Chine et la «Hollandie», aujourd’hui à Pékin.
Après une visite ratée et écourtée en février, alors qu’il n’était que le simple représentant du candidat socialiste, François Hollande, Laurent Fabius revient pour deux jours dans la capitale chinoise, cette fois en tant que ministre des Affaires étrangères. Pour cette prise de contact rugueuse, il sera reçu par son homologue, Yang Jiechi, le Premier ministre, Wen Jiabao, et son probable successeur en 2013, le vice-Premier ministre, Li Keqiang.
Le dialogue sera pragmatique sur les dossiers économiques. Paris souhaite favoriser l’accès des entreprises françaises au marché chinois et redresser le déficit des échanges commerciaux, devenu abyssal en 2011 (27 milliards d’euros). «Ce n’est plus soutenable sur le plan économique et politique», analyse un diplomate français. Sur les questions politiques, Fabius jouera cartes sur table. «Nous devons montrer qu’on est lisible, assure-t-on au Quai d’Orsay, qu’il n’y aura pas de surprises - ce que les Chinois n’aiment pas du tout - afin d’éviter tout soubresaut ou crise type 2008.» Quand les émeutes au Tibet, le passage chaotique de la flamme olympique à Paris et surtout la rencontre en catimini entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama avaient congelé les relations avec Pékin.
Répression. Pour revenir dans les bonnes grâces de la Chine, dans le très singulier communiqué franco-chinois d’avril 2009, Sarkozy s’était engagé au nom de la France à «récuser tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit». Le gouvernement Hollande va-t-il archiver ce serment ? «On peut et on veut aborder tous les sujets avec la Chine», assurait vendredi une source diplomatique, n’excluant pas un dialogue sur l’emprisonnement du Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo ou, plus généralement, sur la répression politique au Tibet et dans le reste du pays.
Les autorités chinoises, allergiques aux questions de respect des droits fondamentaux, ont bien des raisons de se méfier du gouvernement Hollande. Pékin n’a pas oublié que le conseiller diplomatique et «sherpa» du Président, Paul Jean-Ortiz, chargé d’orchestrer le «réengagement» des relations avec Pékin, a joué un rôle estimable dans l’opération «Oiseau jaune». Déclenchée juste après le massacre de Tiananmen, en juin 1989, celle-ci avait permis de faire partir clandestinement de Chine, via Hongkong, plus de 400 étudiants et militants du mouvement démocratique alors recherchés par toutes les polices du pays. Presque tous ont été initialement accueillis en France. L’opération avait été organisée avec le concours d’hommes d’affaires hongkongais (pour le financement), des mafias locales (pour l’extraction), des diplomates et les services secrets de trois pays, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.
Davantage dans le présent, Laurent Fabius aura à cœur de ne pas revenir sur les propos du candidat Hollande. Le 30 mars, comme l’a écrit Eric Dupin dans son livre la Victoire empoisonnée (Seuil), le futur président confiait qu’il «en était arrivé à un moment où [il] pense qu’il faut nommer l’adversaire. […] Le problème, il est chinois. Ils trichent sur tout. Sur la monnaie, en matière de recherche… La difficulté, c’est que beaucoup de grandes entreprises vivent avec des contrats chinois. Ce sont elles qui empêchent que nous soyons plus fermes à l’égard des produits de ce pays. Mais il faudra ouvrir le conflit.»
Le chef de la diplomatie française taira aussi les déclarations protibétaines de l’ex-maire de Nantes et Premier ministre. En août 2008, au plus fort de la crise avec la Chine, Jean-Marc Ayrault s’inspirait de l’édit de Nantes pour accueillir avec éclat le dalaï-lama et saluer la lutte du chef spirituel tibétain : «Votre combat est juste et c’est pourquoi je l’ai toujours soutenu dans mes différentes responsabilités», avait-il dit, avant d’appeler à un arrêt de la violence et de la répression chinoises.
«Invective». Laurent Fabius a, lui aussi, laissé un souvenir contestable du point de vue chinois. En avril 1996, alors président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, il avait protesté contre la venue en France du Premier ministre chinois, Li Peng, sur le Parvis des droits de l’homme. «Quand on sait ce qui s’est passé à Tiananmen en 1989 et la répression actuelle, la réaction normale, qui doit aussi être le message de la France, est que les droits de l’homme doivent être respectés partout», avait-il déclaré. Diplomate, Fabius a expliqué la semaine dernière qu’il souhaitait «faire avancer concrètement les choses avec la Chine, et ce n’est pas en maniant l’invective qu’on y arrive. Il ne sert à rien d’être provoquant ni complaisant».
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Bon courage a tous le" Responsable mais pas coupable "est en Chine .....
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