Fais comme moi essaye de comprendre ! Ce n'est pas vouloir paraitre plus intelligent bien loin de la , mais quand on debat sur un sujet il est bon d'entreprendre de tenter d'en connaitre les pourtours et c'est loin d'etre une histoire simple ...
Le coup d'État de Brumaire fut l'aboutissement logique d'un régime républicain à bout de souffle. Un régime marqué par la corruption, l'effondrement des finances, la guerre à l'extérieur et, pour finir, l'illégalité permanente.
Extrait : L'HISTOIRE : Les 18 et 19 brumaire an VIII, ou 9-10 novembre 1799, le Directoire s'effondre, quasiment sans violence. Comment en est-on arrivé à cette « autodestruction » du régime ?
ROGER DUPUY : Le Directoire est le produit d'un refus, le refus de la dictature robespierriste, à laquelle on a mis fin en Thermidor. Après la mort de Robespierre, en juillet 1794, on a détruit tous les rouages de cette dictature - Comité de salut public, Tribunal révolutionnaire, Club des jacobins, sans-culotterie, tout y est passé. A la place, on a fabriqué une sorte d'anti-Convention, on a décidé qu'il n'y aurait plus une assemblée unique engendrant un comité unique (qui, on l'a expérimenté, peut produire à son tour un dictateur unique). La Constitution de l'an III (adoptée en août 1795) met donc en place un nouveau régime : le Directoire. Le pouvoir législatif appartient à deux assemblées (les Anciens*, soit deux cent cinquante personnes, et les Cinq-Cents*), et l'exécutif à un Directoire de cinq personnes. Les assemblées sont renouvelées par tiers tous les ans, et il y a un Directeur* qui change chaque année.
L'HISTOIRE : Ce régime conçu pour éviter le retour à la dictature va se révéler très instable ?
ROGER DUPUY : Totalement ingérable. En outre, ces élections annuelles témoignent de la vigueur des convictions monarchiques dans la population. On craint donc que ne finisse par intervenir, à travers les suffrages, la restauration de la royauté.
L'HISTOIRE : Qui vote ?
ROGER DUPUY : Suffrage universel, masculin, à deux étages. On élit des électeurs, peu nombreux (ils paient 220 livres d'impôt par an : 20 000 ou 30 000 personnes), qui à leur tour désignent des députés.
L'HISTOIRE : On élit donc des notables ?
ROGER DUPUY : Des notables plutôt aisés qui, grâce à leur clientèle, cherchent à se faire élire au sein de ces petites assemblées électorales divisées par des clans. S'il y a une minorité qui n'est pas d'accord avec la majorité, elle peut décider de siéger séparément et d'élire ses propres députés ; à l'arrivée, cela s'est vu, c'est Paris qui choisit ceux qui lui conviennent le mieux ! Naturellement, après quelques années de telles pratiques, le régime est totalement discrédité.
Donc, pour revenir à ce danger de restauration royaliste par le suffrage, les conventionnels croient pouvoir le retarder en instaurant un recrutement par tiers et en stipulant que les deux premiers tiers de l'assemblée seront entièrement composés d'ex-conventionnels ! Ce qui revient à instituer, par la force, une continuité de fait entre le personnel de la Convention et celui du Directoire.
C'est cela qu'il faut comprendre : dès 1795, le Directoire impose sa politique par un coup d'État* contre l'ensemble des citoyens électeurs ; il est d'emblée illégitime. Et l'opinion s'exaspère. On appelle les députés les «
perpétuels »... C'est ce qui explique le soulèvement massif des quartiers ouest, les plus aisés, de Paris : à la fin de l'année 1795, en vendémiaire (octobre), dès que le décret des deux tiers est promulgué, a lieu une révolte des royalistes constitutionnels de la capitale. C'est le paradoxe : la dernière révolte de rue de la Révolution est une révolte royaliste! Et c'est là qu'intervient une première fois, en défenseur de la république, poussé par Barras qui en fait un général, Bonaparte.
L'HISTOIRE : A la tête de l'État, les Directeurs apparaissent comme des hommes corrompus, et illégitimes ?
ROGER DUPUY : Oui, Barras par exemple, qui fut l'artisan de Thermidor, qui sauve la république en vendémiaire, l'homme fort du régime, un ancien militaire, autoritaire, est aussi, et cela se sait, un voluptueux : il aime les jolies femmes, l'argent, le luxe, c'est un nouveau riche et il ne s'en cache pas. Il est partie prenante dans des affaires financières louches, trafic de piastres avec l'Espagne, revente de biens nationaux...
L'HISTOIRE : Ce qui fait contraste avec la vertu révolutionnaire...
ROGER DUPUY : Bien sûr. L'extrême gauche est scandalisée et les analyses de Robespierre semblent
a posteriori confirmées - la république ne peut vivre que dans la vertu. Or il n'y en a plus.
Tout est à vendre dans la France de ces années-là. Le limonadier vend du savon, les prostituées, outre leurs charmes, du café et des dentelles. Dans les annonces des journaux, d'étranges énumérations à la Prévert proposent pêle-mêle
« des essieux d'affûts de canon tournés à la marque de l'Arsenal, des tuyaux de pipes turques en bois de jasmin et d'ébène avec embouchure d'ambre, et un Ecce Homo» !
L'HISTOIRE : Pour les privilégiés, à quoi ressemble la vie dans le Paris de ces années-là ?
Le coup d'État de Brumaire fut l'aboutissement logique d'un régime républicain à bout de souffle. Un régime marqué par la corruption, l'effondrement des finances, la guerre à l'extérieur et, pour finir, l'illégalité permanente.
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Citoyenneté, république, démocratie en France (1789-1899)
Extrait : Si la prise de la Bastille a retenu l’attention depuis plus de deux siècles, 1789 est surtout une révolution des droits. Et 1792 associe pour la première fois les trois dynamiques nouvelles – car c’est bien des dynamiques qu’il s’agit de penser dans cette question – qui fondent la vie politique de la France contemporaine. La naissance de la république et le suffrage universel (masculin) accouchent d’une société politique inédite… à construire. Terreur, Directoire, Consulat, Empire, Restauration, monarchie de Juillet, IIe République, Second Empire, IIIe République… derrière l’instabilité des régimes, le sujet invite à penser les lames de fond, puissantes, qui font l’histoire du XIXe siècle français, jusqu’à 1899 et la stabilisation de la république après des crises sociales et politiques majeures (Commune, boulangisme, affaire Dreyfus…).
Les termes de citoyenneté, de république et de démocratie invitent à croiser l’histoire politique, l’histoire sociale et l’histoire cultuelle de la France et de son empire pendant plus d’un siècle. L’Histoire a depuis plusieurs décennies invité dans ses colonnes les meilleurs historiens des grandes évolutions de cette période :
- La question de l’éducation des citoyens, ouverte dès le temps de la Révolution, qui passe surtout par le service militaire et par l’école.
- L’émergence d’un débat politique, entre des sphères sociales toujours plus élargies au cours du XIXe siècle.
- L’affirmation d’oppositions plus ou moins radicales et variées à la construction républicaine.
- La diversité des citoyennetés (entière, partielle, niée), notamment entre métropole et colonies (Antilles, Algérie), et plus largement la grande différence de statuts entre plusieurs types de citoyens : hommes/femmes, étrangers, colonisés, etc.
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