http://crise.blog.lemonde.fr/2012/1...tite-chaise-francaise-a-la-conquete-du-monde/
En Bourgogne, nous sommes partis à la rencontre de trois entreprises qui bravent le défaitisme ambiant et s’entêtent à produire en France. L'ombre de la Chine n'est jamais bien loin, entre tentations de délocalisation et spectre de la contre-façon. Premier volet avec Tolix, fleuron du design industriel français confronté aux copies venues d’Asie. Nous dresserons ensuite le portrait de QOOQ, la seule tablette tactile "Made in France" qui a relocalisé son usine chinoise à Montceau-les-Mines il y a un an. Nous rendrons enfin visite à l’opticien ATOL, qui a rapatrié sa production de Chine en 2005.
Des chaises et tabourets Tolix empilés dans l'usine d'Autun. © Karim El Hadj/LeMonde.fr
Elle a traversé l’Atlantique en 1934 sur les coursives du "Normandie", affronté les intempéries, envahi les terrasses des bistrots de l’entre-deux guerres, failli rendre l’âme en 2004, ressuscité la même année, bravé la crise pour faire irruption dans les intérieurs bourgeois à la fin des années 2000 avant d'être consacrée comme icône du design industriel dans les collections du MoMa à New York ou du Centre Georges-Pompidou. Modeste pied de nez au défaitisme ambiant, elle a vu ses ventes exploser en plein marasme économique, mais doit aujourd'hui faire face à une nouvelle menace : la contrefaçon.C'est au pied du Morvan, dans la petite ville d’Autun, en Saône-et-Loire, que se fabrique depuis près d’un siècle cette petite chaise en tôle emboutie créée dans les années 30 par un artisan chaudronnier nommé Xavier Pauchard. La chaise Modèle A de Tolix a connu un franc succès au XXe siècle et a traversé les modes grâce à sa solidité et à l'ingéniosité de sa structure, empilable à l'infini.Mais en 2004, la saga familiale initiée 70 ans plus tôt par l'artisan bourguignon s’interrompt brutalement. Les meubles et rangements en acier galvanisé de Tolix ne se vendent plus. Les arrière-petits-fils du créateur mettent la clé sous la porte. Placée en liquidation judiciaire, l'usine se vide de ses cinquante-six ouvriers.
Chantal Andriot a racheté l'usine Tolix, placée en liquidation judiciaire, en 2004. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr
Chantal Andriot, alors directrice financière de l'entreprise familiale, a connu trois générations de Pauchard. Fine connaisseuse de l'usine, elle refuse l’inéluctable et veut croire que le savoir-faire Tolix a encore un avenir : "Je n’étais pas sûre que ça marcherait, mais j’avais un espoir. Et puis à 50 ans, j’imaginais difficilement une reconversion : je ne voulais pas quitter Autun". Elle fait "le tour des popotes", parvient à réunir 250 000 euros, convainc le Crédit Mutuel de lui en prêter 100 000, et reprend l’usine avec une poignée d’ouvriers en 2004.Chantal Andriot a une idée, simple et lumineuse : elle veut dépoussiérer la tradition, faire sortir Tolix du noir et blanc : "Je n’ai pas fait de révolution, j’ai seulement introduit de la couleur", glisse-t-elle d'une voix discrète. Dès le premier salon, la petite chaise de l’entre-deux guerres suscite à nouveau la curiosité. Mme Andriot s’enhardit. Elle voyage, part à la conquête de nouveaux marchés.Après seulement quelques mois, les bilans comptables viennent rassurer l’ancienne directrice financière : 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires dès le premier exercice (7 millions aujourd'hui). Tolix s'impose comme le leader français du meuble métal. Les exportations s'envolent, pour atteindre la moitié de ses commandes.
Quatre-vingts ans après le "Normandie", les meubles de Xavier Pauchard traversent de nouveau l'Atlantique pour se vendre aux Etats-Unis, au Brésil ou au Canada, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore au Danemark. Jusqu’ici cantonnée aux collectivités et aux terrasses de café, la petite chaise déclinée en 70 coloris s'installe dans les appartements et fait son entrée dans les musées les plus prestigieux. Pour répondre à l’afflux des commandes, Chantal Andriot ouvre début septembre une deuxième usine, juste à côté de la première, et embauche une trentaine de personnes.
Dans les ateliers de Tolix, des ouvriers soudent différents éléments constitutifs des assises des sièges ©Karim El Hadj/LeMonde.fr
En Bourgogne, nous sommes partis à la rencontre de trois entreprises qui bravent le défaitisme ambiant et s’entêtent à produire en France. L'ombre de la Chine n'est jamais bien loin, entre tentations de délocalisation et spectre de la contre-façon. Premier volet avec Tolix, fleuron du design industriel français confronté aux copies venues d’Asie. Nous dresserons ensuite le portrait de QOOQ, la seule tablette tactile "Made in France" qui a relocalisé son usine chinoise à Montceau-les-Mines il y a un an. Nous rendrons enfin visite à l’opticien ATOL, qui a rapatrié sa production de Chine en 2005.
Des chaises et tabourets Tolix empilés dans l'usine d'Autun. © Karim El Hadj/LeMonde.fr
Elle a traversé l’Atlantique en 1934 sur les coursives du "Normandie", affronté les intempéries, envahi les terrasses des bistrots de l’entre-deux guerres, failli rendre l’âme en 2004, ressuscité la même année, bravé la crise pour faire irruption dans les intérieurs bourgeois à la fin des années 2000 avant d'être consacrée comme icône du design industriel dans les collections du MoMa à New York ou du Centre Georges-Pompidou. Modeste pied de nez au défaitisme ambiant, elle a vu ses ventes exploser en plein marasme économique, mais doit aujourd'hui faire face à une nouvelle menace : la contrefaçon.C'est au pied du Morvan, dans la petite ville d’Autun, en Saône-et-Loire, que se fabrique depuis près d’un siècle cette petite chaise en tôle emboutie créée dans les années 30 par un artisan chaudronnier nommé Xavier Pauchard. La chaise Modèle A de Tolix a connu un franc succès au XXe siècle et a traversé les modes grâce à sa solidité et à l'ingéniosité de sa structure, empilable à l'infini.Mais en 2004, la saga familiale initiée 70 ans plus tôt par l'artisan bourguignon s’interrompt brutalement. Les meubles et rangements en acier galvanisé de Tolix ne se vendent plus. Les arrière-petits-fils du créateur mettent la clé sous la porte. Placée en liquidation judiciaire, l'usine se vide de ses cinquante-six ouvriers.
Chantal Andriot a racheté l'usine Tolix, placée en liquidation judiciaire, en 2004. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr
Chantal Andriot, alors directrice financière de l'entreprise familiale, a connu trois générations de Pauchard. Fine connaisseuse de l'usine, elle refuse l’inéluctable et veut croire que le savoir-faire Tolix a encore un avenir : "Je n’étais pas sûre que ça marcherait, mais j’avais un espoir. Et puis à 50 ans, j’imaginais difficilement une reconversion : je ne voulais pas quitter Autun". Elle fait "le tour des popotes", parvient à réunir 250 000 euros, convainc le Crédit Mutuel de lui en prêter 100 000, et reprend l’usine avec une poignée d’ouvriers en 2004.Chantal Andriot a une idée, simple et lumineuse : elle veut dépoussiérer la tradition, faire sortir Tolix du noir et blanc : "Je n’ai pas fait de révolution, j’ai seulement introduit de la couleur", glisse-t-elle d'une voix discrète. Dès le premier salon, la petite chaise de l’entre-deux guerres suscite à nouveau la curiosité. Mme Andriot s’enhardit. Elle voyage, part à la conquête de nouveaux marchés.Après seulement quelques mois, les bilans comptables viennent rassurer l’ancienne directrice financière : 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires dès le premier exercice (7 millions aujourd'hui). Tolix s'impose comme le leader français du meuble métal. Les exportations s'envolent, pour atteindre la moitié de ses commandes.
Quatre-vingts ans après le "Normandie", les meubles de Xavier Pauchard traversent de nouveau l'Atlantique pour se vendre aux Etats-Unis, au Brésil ou au Canada, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore au Danemark. Jusqu’ici cantonnée aux collectivités et aux terrasses de café, la petite chaise déclinée en 70 coloris s'installe dans les appartements et fait son entrée dans les musées les plus prestigieux. Pour répondre à l’afflux des commandes, Chantal Andriot ouvre début septembre une deuxième usine, juste à côté de la première, et embauche une trentaine de personnes.
Dans les ateliers de Tolix, des ouvriers soudent différents éléments constitutifs des assises des sièges ©Karim El Hadj/LeMonde.fr