Made in France (1) – Tolix, une petite chaise française à la conquête du monde

Orang Malang

Alpha & Oméga
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23 Oct 2005
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常熟,江苏
http://crise.blog.lemonde.fr/2012/1...tite-chaise-francaise-a-la-conquete-du-monde/



En Bourgogne, nous sommes partis à la rencontre de trois entreprises qui bravent le défaitisme ambiant et s’entêtent à produire en France. L'ombre de la Chine n'est jamais bien loin, entre tentations de délocalisation et spectre de la contre-façon. Premier volet avec Tolix, fleuron du design industriel français confronté aux copies venues d’Asie. Nous dresserons ensuite le portrait de QOOQ, la seule tablette tactile "Made in France" qui a relocalisé son usine chinoise à Montceau-les-Mines il y a un an. Nous rendrons enfin visite à l’opticien ATOL, qui a rapatrié sa production de Chine en 2005.

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Des chaises et tabourets Tolix empilés dans l'usine d'Autun. © Karim El Hadj/LeMonde.fr

Elle a traversé l’Atlantique en 1934 sur les coursives du "Normandie", affronté les intempéries, envahi les terrasses des bistrots de l’entre-deux guerres, failli rendre l’âme en 2004, ressuscité la même année, bravé la crise pour faire irruption dans les intérieurs bourgeois à la fin des années 2000 avant d'être consacrée comme icône du design industriel dans les collections du MoMa à New York ou du Centre Georges-Pompidou. Modeste pied de nez au défaitisme ambiant, elle a vu ses ventes exploser en plein marasme économique, mais doit aujourd'hui faire face à une nouvelle menace : la contrefaçon.C'est au pied du Morvan, dans la petite ville d’Autun, en Saône-et-Loire, que se fabrique depuis près d’un siècle cette petite chaise en tôle emboutie créée dans les années 30 par un artisan chaudronnier nommé Xavier Pauchard. La chaise Modèle A de Tolix a connu un franc succès au XXe siècle et a traversé les modes grâce à sa solidité et à l'ingéniosité de sa structure, empilable à l'infini.Mais en 2004, la saga familiale initiée 70 ans plus tôt par l'artisan bourguignon s’interrompt brutalement. Les meubles et rangements en acier galvanisé de Tolix ne se vendent plus. Les arrière-petits-fils du créateur mettent la clé sous la porte. Placée en liquidation judiciaire, l'usine se vide de ses cinquante-six ouvriers.

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Chantal Andriot a racheté l'usine Tolix, placée en liquidation judiciaire, en 2004. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr

Chantal Andriot, alors directrice financière de l'entreprise familiale, a connu trois générations de Pauchard. Fine connaisseuse de l'usine, elle refuse l’inéluctable et veut croire que le savoir-faire Tolix a encore un avenir : "Je n’étais pas sûre que ça marcherait, mais j’avais un espoir. Et puis à 50 ans, j’imaginais difficilement une reconversion : je ne voulais pas quitter Autun". Elle fait "le tour des popotes", parvient à réunir 250 000 euros, convainc le Crédit Mutuel de lui en prêter 100 000, et reprend l’usine avec une poignée d’ouvriers en 2004.Chantal Andriot a une idée, simple et lumineuse : elle veut dépoussiérer la tradition, faire sortir Tolix du noir et blanc : "Je n’ai pas fait de révolution, j’ai seulement introduit de la couleur", glisse-t-elle d'une voix discrète. Dès le premier salon, la petite chaise de l’entre-deux guerres suscite à nouveau la curiosité. Mme Andriot s’enhardit. Elle voyage, part à la conquête de nouveaux marchés.Après seulement quelques mois, les bilans comptables viennent rassurer l’ancienne directrice financière : 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires dès le premier exercice (7 millions aujourd'hui). Tolix s'impose comme le leader français du meuble métal. Les exportations s'envolent, pour atteindre la moitié de ses commandes.

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Quatre-vingts ans après le "Normandie", les meubles de Xavier Pauchard traversent de nouveau l'Atlantique pour se vendre aux Etats-Unis, au Brésil ou au Canada, mais aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande ou encore au Danemark. Jusqu’ici cantonnée aux collectivités et aux terrasses de café, la petite chaise déclinée en 70 coloris s'installe dans les appartements et fait son entrée dans les musées les plus prestigieux. Pour répondre à l’afflux des commandes, Chantal Andriot ouvre début septembre une deuxième usine, juste à côté de la première, et embauche une trentaine de personnes.

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Dans les ateliers de Tolix, des ouvriers soudent différents éléments constitutifs des assises des sièges ©Karim El Hadj/LeMonde.fr


 
La patronne de Tolix aurait de quoi voir la vie en rose, en bleu ou en vert. Mais l’ex-directrice financière est fébrile, inquiète. Tolix, hardi champion du "Made in Autun", fait face à une menace redoutable : la contrefaçon "Made in Asia".

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Un ouvrier soude un pied de chaise. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr

"Nous sommes copiés dans des proportions incroyables en Chine et en Inde. On trouve ces contrefaçons en boutiques et sur internet, avec parfois 'Tolix' en méta tag (un élément invisible à la lecture mais qui oriente les moteurs de recherche). On a vu des stands entiers de copies dans des salons comme Maison et Objets ! Il y a peu de temps, nous avons présenté un de nos prototypes au Brésil, il était copié avant même qu’on le mette en fabrication", s’étrangle-t-elle.De très mauvaise qualité, ces copies sont souvent indétectables sur internet. "A l’écran, ça rend très bien", se désole la patronne. Elles sont beaucoup moins chères - 70 euros pour un tabouret contre plus de 200 pour l’original – mais peuvent s’avérer dangereuses. Petite démonstration avec ce tabouret à dossier, surnommé la "guillotine" par les ouvriers d’Autun :"On ne plie pas n’importe quel bout de tôle n’importe comment !" Chantal Andriot est une amoureuse du travail bien fait. La simple vue de ces répliques approximatives froisse sa passion pour le bel ouvrage. "Pour moi, la non-qualité est un non-sens. J'ai toujours cru que le Made in France était un atout. Cette chaise a 80 ans de recul, je sais qu'on peut monter dessus, on les teste avec des charges de 400 kilos ! La tôle qu'on achète répond à des exigences particulières, elle ne pliera pas. La peinture non plus ne bougera pas. Tout ça a un coût".

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Interdit de photographier. Les dirigeants de Tolix redoutent que des images de leur usine n'aident leurs concurrents à améliorer leurs copies. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr

La peinture, comme d'autres étapes du processus de fabrication, reste un secret bien gardé : "Ca, vous ne pouvez pas le filmer". Le spectre des contrefacteurs plane sur l'usine. Omniprésents et lointains, ils sont à la fois bien réels et objets de fantasmes. "Ces usines doivent être immenses... On ne sait pas, on imagine", suppose Chantal Andriot. La perspective d'une déferlante de contrefaçons est aujourd'hui le principal danger qui plane sur l'usine : "On n'a pas des volumes extraordinaires,souligne la directrice, le regard dans le vague. Si un jour on était submergé de copies..."

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Un ouvrier devant la presse qui emboutit les assises des tabourets. ©Karim El Hadj/LeMonde.fr

L'entreprise n'a jamais été en mesure d'attaquer aucun de ses concurrents déloyaux pour faire valoir les droits à la propriété intellectuelle qu'elle détient sur le dessin de ses meubles. "C'est compliqué pour une petite entreprise comme nous, nous n'avons pas les moyens d'attaquer en Asie", soupire-t-elle. L'entreprise s'est tout de même adjoint les services d'un avocat, qui passe le plus clair de son temps à colmater les brèches : il se contente de faire retirer de la vente les contrefaçons repérées sur internet ou en magasins. "Ce sont nos clients qui nous les signalent", sourit la directrice, touchée par la fidélité de ses acheteurs.Fin octobre, Chantal Andriot a reçu un prix au Sénat pour récompenser son travail à la tête de Tolix : "Ce sera l’occasion d’un pot avec les employés. On aime bien la bonne table par ici". L'occasion, mais il ne faut pas le dire car c'est interdit sur un lieu de travail, d'ouvrir quelques bouteilles "Made in Burgundy".

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Après la peinture et le passage au four, les meubles sont emballés et prêts à être expédiés. ©Karim El Hadj


 
Cela fait du bien de voir quand même quelques articles positifs, démontrant que rien n'est inéluctable ...

Et cela, bien avant la remise du rapport GALLOIS ...

Comme quoi, tant qu'il y a de la volonté ... C'est encore possible ...
 
On commence deja a les trouver a prix d'or sur Shanghai.
Enfin ... "deja" ... ca fait deja 1 an minimum que la Tolix est revenue a la mode.

(j'assume "minimum" un an puisque ma moman qui passe ses weekends aux marches aux puces m'en faisait deja part l'an dernier)
 
Cela fait du bien de voir quand même quelques articles positifs, démontrant que rien n'est inéluctable ...

Et cela, bien avant la remise du rapport GALLOIS ...

Comme quoi, tant qu'il y a de la volonté ... C'est encore possible ...

Oui, merci pour l'article, ca change du figaro....
 
Bonjour

Merci pour l'article Matt .

Oui rien n'est ineluctable , le rapport Gallois a un merite qui est celui de reveiller les consciences ,je le trouve pour ma part pas assez rigoureux ,vu la gravite extreme du contexte .

Mais ce n'est que mon humble avis .

Bonne journee a toutes et a tous
 
Dernière édition:
Ce que je note surtout ce sont les relocalisations, il y a d'autres exemples.
Pas mal d'entreprises ont delocalise pour faire "genre" car tout le monde le fait, sans rien y gagner.
Les delocalisations ce n'etaient par pour tous, et les couts, mal calcules...
 
Bon courage à eux et bonne chance.

Moi, ce qui me fait plaisir aussi, c'est ce bel atelier tout nickel. On se croirait dans Charlie et la chocolaterie lol.
Aprés tant d'années en Chine et de visites usines/ateliers à la chaine, j'en oublie que c'est possible...