Propagande - Témoignage

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Dieu
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19 Nov 2009
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Peking
J'ai travaillé pour la propagande chinoise

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Découvrir la Chine en travaillant au service d'un média d'Etat, voilà une proposition éthiquement délicate pour une journaliste française. Anne Soëtemondt a pourtant accepté cette proposition, comme une occasion unique de découvrir ce géant en mutation dont on parle beaucoup mais que l'on connaît mal. Quitte à soumettre sa pratique professionnelle à la ligne dictée par les autorités de Pékin. Officiellement, Anne Soëtemondt est embauchée comme « experte » au service français de Radio-Chine. Elle corrige les dépêches qui lui parviennent traduites du chinois et anime divers programmes de radio. Mais elle observe et tient un blog libre. Dans J'ai travaillé pour la propagande chinoise elle livre le carnet de bord de son année passée au coeur du système où s'organise le contrôle de l'information officielle. Elle décrit les détournements de langage, les images fabriquées à l'intention de l'étranger, le fossé culturel avec l'Occident et une population pas dupe du système. Un regard personnel et édifiant sur la Chine, vue de l'intérieur.


Anne Soëtemondt, journaliste française, travaille en freelance à Paris. A 25 ans, diplômée du CELSA, elle passe deux mois comme reporter à France 3, avant de travailler pour Médi 1TV au Maroc. Moins d'un an après, elle intègre Radio Chine Internationale.


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Interview parue dans STRATEGIES

«En Chine, on ne parle pas de censure mais d'harmonisation»

22/02/2011 - En un an au sein de la radio d’Etat chinois, la jeune journaliste Anne Soëtemondt a pu explorer de l’intérieur comment fonctionne cet outil de propagande. Interview.


Anne Soëtemondt, 25 ans, a travaillé un an à Radio Chine Internationale, un organe d'Etat, comme «experte» au service français, chargée de corriger les dépêches et d'animer des programmes de radio. Une nouvelle forme d'enquête journalistique, dont elle a tiré un livre, J'ai travaillé pour la propagande chinoise (Editions du moment, 248 pages, 17,95 euros).
Début février, Pékin a censuré les informations sur le mouvement de contestation du régime d'Hosni Moubarak en Egypte, dont sur le Web. Est-ce dans les habitudes du régime chinois ?


A.S. CCTV, la télévision d'Etat chinoise, émet en arabe depuis environ un an, mais elle a minimisé, par exemple, ce qui se passe en Egypte, parlant de «troubles», ce qui représente une position proche de la version officielle égyptienne. Ils en parlent, mais de manière positive, en valorisant le pouvoir en place. Parce que le chaos ne plaît pas aux autorités chinoises, et qu'elles ont des intérêts économiques au Proche Orient, où sont implantées beaucoup d'entreprises chinoises de construction. Autre fait, il n'y a sûrement pas un article en Chine sur le rôle clé des réseaux sociaux et des blogs dans les révoltes du Moyen-Orient : cela renverrait les pouvoirs chinois à leurs propres faiblesses, alors qu'en Chine même, une certaine dissidence se développe via les réseaux sociaux.




Justement, vous avez choisi cette expérience professionnelle, un an au sein d'un média officiel chinois...



A.S. Oui, j'ai hésité sur le coup, me disant «Je vais partir travailler pour la propagande». Mais finalement, c'était l'occasion de vivre une expérience en Asie, d'être dans un système médiatique basé sur le contrôle de l'information, au contraire du nôtre, qui repose sur la liberté de la presse. Radio Chine Internationale est intégrée au sein du centre d'information chinois, qui diffuse des dépêches dans une cinquantaine de sections, organisées par langues, destinés à la radio et au site web. J'ai découvert une rédaction désorganisée, où l'impératif d'«harmonie» importe plus que l'efficacité. On n'avait aucune donnée sur l'audience de la radio ou du site. L'objectif du gouvernement était avant tout de dire qu'il a une radio diffusant dans plus de 150 pays : elle accompagne la prise de position chinoise, par exemple sur le continent africain, où elle est sans doute la plus écoutée.


Etiez-vous censurée ?


A.S. Je n'ai jamais été censurée, aussi parce que je m'autocensurais, en essayant de repousser la ligne rouge peu à peu. Il y a de toute façon un contrôle de l'info dès sa source. On se doit de diffuser que de l'info positive : lors de l'exposition internationale de Shanghai, on ne parlait jamais des Chinois mal relogés, mais des Chinois volontaires pour aider la mairie... D'ailleurs, en Chine, on ne parle pas de censure mais d'«harmonisation».

La censure chinoise s'exerce aussi sur les médias étrangers et les réseaux sociaux. Les Chinois en sont-ils conscients ?


A.S. Plusieurs médias étrangers ou sites critiques sont bloqués, comme RFI, la BBC, les sites tibétains, celui de Reporters sans frontières... Du côté des réseaux sociaux, MSN est beaucoup utilisé. You Tube, Twitter et Facebook fonctionnent très difficilement, même s'ils ont été débloqués brièvement lors des JO de Shanghai. Mais les Chinois s'en préoccupent peu, car ils ont leurs propres réseaux sociaux. En Chine, Internet fonctionne, mais avec des filtres mis en place par le gouvernement : un message d'erreur s'affiche lorsqu'on tente d'accéder à des pages «sensibles». Les Chinois sont persuadés que les sites ne fonctionnent pas, même s'ils ne sont pas dupes du système médiatique.


Y a-t-il des débuts de dissidence en Chine ?


A. S. Pour contourner les pare-feux instaurés par le régime, beaucoup de Chinois un peu geeks adoptent des petits programmes comme Little Dragon, par exemple, pour accéder à des blogs. Mais dès qu'ils sont repérés, il leur faut en trouver d'autres. J'ai déjà entendu des Chinois me dire qu'ils ne croyaient pas à l'information officielle, mais beaucoup plus aux blogs, comme A Bad Friend, très critique sur l'Exposition universelle.

Entretien : Capucine Cousin
 
La censure chinoise s'exerce aussi sur les médias étrangers et les réseaux sociaux. Les Chinois en sont-ils conscients ?

(...) You Tube, Twitter et Facebook fonctionnent très difficilement, même s'ils ont été débloqués brièvement lors des JO de Shanghai.

Merde, entre les Jeux de Pékin et ceux de Canton, j'ai raté ceux de Shanghai ;-)
 
Entre la désinformation et la propagande chinoise et la désinformation et la propagande occidentale les mout... le peuple est bien entub... informé :police:
 
Plusieurs interviews audio :
BFM
France Inter

Elle a vécu un an en Chine, et travaillé pour RCI (Radio Chine)
 
L'harmonisation a donc bien marché.
Oui, trop bien marché ! Si j'avais su, j'aurais venu !


Attendons quelques semaines, la Chine va sans doute répondre à ce bouquin...
 
Ou pas, si le reseau chinois n'a pas vent de ce bouquin...

Je dirais que c'est un livre fait par les francais pour les francais.
 
encore une journaliste qui veut faire son buzz pour se faire embaucher en France.....bon, ok, elle fait le tour des médias en France, elle sort son livre....et après ? bah RCI ne va plus embaucher de francais et va prendre un chinois francophone, idem pour l'autre con et ses traductions foireuses sur CCTV....

c'est pas pour defendre la censure mais ce genre d'attitude ne peut qu 'être préjudiciable pour les gens qui veulent vraiment rester en Chine .
 
Vous êtes vous sentie surveillée ?

Quand je suis arrivée, j’avais purgé tout mon ordinateur. J’avais mis mes dossiers et mes notes sur une clef USB que je gardais autour du cou. Je n’ai jamais laissé mes notes chez moi. On devient limite parano. Puis j’ai rencontré un Français avec qui j’en ai ri, et j’ai tenté des choses, comme mon blog. Il n’était pas accessible en Chine, mais j’ai fait attention à ne jamais nommer les gens ni dire où je travaillais. Je pense avoir été surveillée comme toute Française qui travaille à RCI, sans avoir la sensation d’être suivie. Ils surveillent beaucoup de gens, mais le font mal.


Hmmmmmm, je suis très sceptique sur ce point.

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Le livre contient des anecdotes assez burlesques…
Je me suis par exemple retrouvée à faire la pom pom girl. Un jour, une collègue me dit « Anne, veux-tu soutenir les footballeurs de l’équipe de la radio ? ». Comme je suis pour tout tenter, j’accepte. Deux jours après, elle me remet un jogging bleu et argenté. Le jour J, j’ai appris que je devais enfiler ces vêtements pour faire la pom pom girl. J’ai appris une chorégraphie et des paroles que je ne comprenais pas. En Chine, j’ai perdu le sens du ridicule.

No comment.


http://www.lejdc.fr/france_monde/au_coeur_de_la_propagande_chinoise@CARGNjFdJSsBEhwCBhs-.html
 
Dernière édition:
En tout cas, si quelqu'un lit ce bouquin, n'hésitez pas à partager vos impressions.

Ca nourrira le début de débat entre Victor75 et crokette ;-)
 
Ah, condescendance, quand tu nous tiens...

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Note pour plus tard : ne plus lire ni répondre à "crokette".
 
bah sur internet c'est le seul endroit de ma vie ou je peux me la raconter (...) et garder le suspense ...

ALORS j'en profite :p

sinon je faisais référence a un précédent topic . :)
 
Désolé de vous interompre les amis, mais si vous croisez Anne S. pourriez vous lui demander combien ça paie à la CRI, s'ils ont les bons d'achats Da Run Fa, et les HongBaos. Le reste... d'après ses interviews, je crois qu'on peut zapper:)
 
Désolé de vous interompre les amis, mais si vous croisez Anne S. pourriez vous lui demander combien ça paie à la CRI

Elle le disait dans une des deux interviews (BFM ou France inter)
Je crois que c'est payé 7000 R'n'B, mais à vérifier.
 
Interview bien plate et qui n apporte rien...quant aux anecdotes,bof...
Plutot d accord avec victor75...elle veut faire le buzz, mais a part ca, c est le vide!