La Chine utilise les terres rares comme levier géopolitique contre les États-Unis
Le contexte géopolitique
Dans le cadre des tensions commerciales et diplomatiques entre les États-Unis et la Chine, Pékin dispose d'un atout stratégique majeur : son quasi-monopole sur la production mondiale de terres rares. Ces matériaux sont essentiels pour l'industrie de haute technologie et, plus particulièrement, pour l'équipement militaire américain de pointe.
L'arme du samarium
Une dépendance critique
Le samarium, l'une des dix-sept terres rares, occupe une position particulièrement stratégique dans cette guerre économique. Ce métal présente des propriétés uniques qui le rendent indispensable pour la production d'armements avancés, notamment sa capacité à résister à des températures extrêmement élevées sans perdre sa force magnétique.
Impact sur l'industrie militaire américaine
Les chiffres révèlent l'ampleur de la dépendance américaine :
- 4 100 kilos de terres rares sont nécessaires pour produire un sous-marin de classe Virginie
- 408 kilos de terres rares sont requis pour la construction d'un F-35
- 22 kilos de samarium spécifiquement sont nécessaires pour chaque F-35
Lockheed Martin, géant de l'aviation militaire et principal utilisateur de samarium aux États-Unis, se trouve donc particulièrement exposé à cette dépendance.
La stratégie chinoise de restriction
Les mesures d'avril 2024
En avril dernier, la Chine a suspendu les exportations de sept terres rares, une décision qui affecte directement les capacités de production militaire américaines. Parmi ces métaux, le samarium se distingue par son traitement particulier : alors que d'autres terres rares comme le dysprosium et le terbium ont depuis reçu des licences d'exportation, le samarium n'a pas encore bénéficié du même traitement.
Un quasi-monopole stratégique
Bien que la Chine ne concentre qu'une partie des dépôts mondiaux de terres rares, elle s'est rendue indispensable en contrôlant l'extraction et le raffinage de l'écrasante majorité de ces matériaux utilisés dans le monde. Cette position dominante résulte d'une stratégie délibérée exploitant le caractère coûteux et polluant de l'extraction de ces métaux.
Les tentatives américaines de riposte
Vers l'autonomie stratégique
Les États-Unis tentent depuis plusieurs années de briser ce quasi-monopole chinois, considérant cette dépendance comme une question quasi-existentielle. Washington a notamment lancé un plan ambitieux pour construire une chaîne d'approvisionnement complète "de la mine à l'aimant", visant à contrôler toutes les étapes depuis l'extraction jusqu'à l'utilisation militaire.
Les limites de l'indépendance
Malgré ces initiatives récentes, les États-Unis n'ont pas encore atteint l'autosuffisance en 2025. Cette situation place la Maison Blanche dans une position délicate, particulièrement vulnérable aux pressions chinoises sur l'approvisionnement en matériaux critiques pour sa défense nationale.
Implications géostratégiques
Cette dépendance aux terres rares chinoises, et au samarium en particulier, confère à Pékin un levier de pression considérable sur l'armée américaine. La capacité de la Chine à "clouer les F-35 au sol" en restreignant l'accès à ces matériaux essentiels illustre parfaitement comment les ressources naturelles peuvent devenir des armes géopolitiques dans les conflits commerciaux contemporains.
La situation révèle les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement globalisées dans le secteur de la défense et souligne l'importance stratégique du contrôle des matières premières critiq
ues dans les relations internationales modernes.