Pékin durcit la répression après l'attribution du prix Nobel
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AP/Vincent Yu
Les militants réunis vendredi 8 octobre à Pékin pour célébrer l'attribution du prix Nobel à Liu Xiaobo ont été arrêtés quelques heures après dans un restaurant.
Après l'arrestation d'une dizaine de militants, vendredi après midi à Pékin, félicitant sur leurs pancartes Liu Xiaobo pour l'obtention du prix Nobel de la paix, la censure semble toujours plus sévère en Chine, comme le montrent
ces clichés publiés sur le Web chinois.
Alors qu'ils s'étaient retrouvés après leur manifestation dans un restaurant, ils ont tous été interpellés par la police, dont l'avocat Xu Zhiyong. La plupart ont été relâchés après une garde à vue de vingt-quatre heures, sauf trois personnes qui n'ont pas été libérées à ce jour, dont deux (notamment la militante des droits de l'homme Wang Lihong) se sont vu signifier qu'elles resteraient détenues pendant huit jours pour trouble à l'ordre public.
Le fils de Wang Lihong s'est rendu cet après-midi au commissariat de l'arrondissement de Dongcheng mais n'a pas été autorisé à la rencontrer. Il a laissé de 546 yuans à sa mère, et l'a inscrit sur Twitter en chinois (@qijianxiang), car la police n'a pas voulu donner de reçu. Le blogueur et auteur Mo Zhixu (@mozhixu) a diffusé lui sur Twitter une photo où il est vêtu d'un T-shirt sur lequel est inscrit la phrase "Je n'ai pas d'ennemi", en référence au slogan célèbre de Liu Xiaobo à l'époque de Tiananmen ("Nous n'avons pas d'ennemi").
LES DEUX GUILLEMETS ENIGMATIQUES DE HAN HAN
D'après le militant antisida Wan Yanhai (@wanyanhai), en exil aux Etats-Unis, trois policiers sont venus samedi au bureau de l'ONG AiZhixing à Pékin et ont emmené deux employés sous le prétexte que leurs cartes de résidence temporaire avaient expiré. AiZhixing avait été fondée par Wan Yanhai et Hu Jia, qui est lui en prison. D'après le site chinois Civil Rights & Livelihood Watch, quelques dizaines de personnes se sont réunies chez un professeur appelé Sun Wenguang dans la province du Shandong. Après avoir pris des photos souvenir, elles ont allumé des pétards dans la cour. Des policiers contactés par le Comité de quartier sont venus chercher M. Sun et l'ont l'emmené.
Signe de la sévérité de la censure et du silence retentissant qui accompagne l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois incarcéré,
le plus célèbre blogueur de Chine, Han Han, dont l'impertinence fait parfois penser au Liu Xiaobo du milieu des années 1980, avant les évènements de Tiananmen, a simplement ouvert sur son blog deux guillemets énigmatiques, vides. Parmi les milliers de commentaires qu'il a recueillis, près de la moitié ont compris de quoi il s'agissait. "Il n'y a pas besoin de mots pour dire que ce jour vaut d'être inscrit dans l'histoire", dit-l'un d'entre eux.