Routes de la soie : le plan de Pékin pour dominer le monde
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La Chine n’est pas au mieux de sa forme. Mais elle poursuit son ambition : retrouver, d’ici à 2050, la place centrale qu’elle estime être la sienne dans le monde. Un gigantesque programme d’infrastructures en Europe, en Asie centrale et en Afrique, vise à sécuriser ses échanges et à contrôler les mers. L’Inde et la Russie s’inquiètent.
Sale temps pour Pékin. La croissance est au plus bas depuis vingt-cinq ans. Les Bourses tanguent. L’air est irrespirable. Le pays est désormais trop cher pour être l’atelier du monde, pas encore assez riche pour vivre de la consommation de ses classes moyennes. Qui commencent à s’interroger sur le modèle...
Mais, dans les étages les plus élevés du pouvoir, on voit plus loin. Au-delà de ces difficultés nécessairement conjoncturelles. On y pense à l’horizon 2050. La République populaire de Chine, créée le 1er octobre 1949, soufflera alors ses 100 bougies. Et, c’est une certitude pour ses dirigeants, elle aura à cette date retrouvé dans le monde le lustre et la suprématie qui étaient les siens jusqu’au xixe siècle. Et qu’elle n’aurait jamais dû perdre.
L’un des éléments essentiels de la reconquête est un vaste plan de maillage logistique, terrestre et maritime, qui doit à la fois sécuriser l’approvisionnement en ressources et favoriser les exportations. Cette stratégie porte un nom qui colporte son lot de fantasmes aux oreilles occidentales : les Nouvelles Routes de la soie.
Le long du quai du terminal de Duisbourg, en Allemagne, on voit désormais d’énormes locomotives arriver, comme épuisées par un trajet de plus de 10 000 kilomètres. Depuis Xian, départ de l’ancienne Route de la soie, elles ont traversé les steppes d’Asie centrale, jusqu’au port fluvial de la Ruhr, le plus grand du monde. La liaison est effectuée chaque semaine et dure en moyenne dix-sept jours. Environ 300 convois de ce type ont transité entre les deux pays en 2014. Car le train est deux fois plus rapide que le fret maritime pour un coût d’acheminement deux fois plus faible que celui de l’avion.
Les Routes de la soie du xxie siècle ne sont ni plus ni moins pour l’Etat chinois qu’
« une projection de sa puissance dans le monde », résume Françoise Nicolas, économiste et responsable du département Asie à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Et là, on ne parle pas seulement de commerce, mais d’influence et d’intégration régionale. Lorsque, fin 2013, Xi Jinping, le président chinois, évoque pour la première fois ce concept de « Yi Dai Yi Lu », littéralement « un bassin, une route », il fait apparaître le maillage d’un monde dont la Chine serait à la fois le centre et le grand ordonnateur.
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