Exposition photographique : Cinq voies et quatre saisons

afculture

<span style="color: green;">Alliance Francaise de
21 Jan 2008
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Du 1er novembre au 23 novembre
Vernissage : Samedi 1 octobre à 15h30

L'exposition 5 voies et 4 saisons est une invitation au voyage dans le monde des éléments et des mystères de la VOIE dans notre vie.
Venez méditer sur la beauté et le punctum (la piqûre) de la nature telles que nous ne les imaginons pas dans le vent et l'eau (fengshui) somatisées par le spécialiste du paysage mental - le photographe français - Thierry Girard (prix Niepce)

Expo et vernissage : Alliance française de Shanghai, Centre de Hongkou, 297 Wusong Lu, 5e étage.
Entrée libre.
 
à propos du « fengshui » dans les paysages de Thierry Girard

En 2002 lorsque Thierry Girard a reçu la mission de photographier l'île de Vassivière ce parcs naturel protégé au milieu d'un lac artificiel créé par le barrage hydro-électrique, dans la Creuse, et qui possède d’ailleurs un centre d'art, il avait déjà commencé la préparation de son projet photographique sur la Chine selon lequel il devrait suivre les traces de l’archéologue Victor Segalen venu explorer la Chine en 1909, 1914 et en 1917. Il se nourrissait alors principalement de la littérature et de la philosophie chinoises. Ce fut tout naturel qu'il se servit des concepts du Taoïsme pour son approche photographique de la nature de Vassivière.
Par exemple il tenta de pénétrer visuellement le monde de Vassivière par les 5 voies (voie = dao) : la voie de l'est, du sud, de l’ouest, du nord plus la voie du centre. Avez-vous jamais essayé de voir le monde avec votre oeil du nord ? Par la même occasion il croiserait ces 5 voies avec les couleurs des 4 saisons.
Phonétiquement nous pourrions également évoquer la voie de Wu Wei (aucune action, aucun but), qui explique ce sens d’extrême tranquillité, une impression que ces scènes ont été capturées par un appareil photographique sans photographe. Comme le sens de WU est aussi « rien n’existe » le travaille correspond bien à l’une des caractéristiques du modus operandi de Thierry Girard qui l’appelle randonnée ou marche photographique sans apparent but précis.

Lorsque nous les examinons de plus près, ces paysages sont loin d’être paisibles et tranquilles, ils contiennent véritablement ce que Roland Barthes appelle « le punctum ». Certains détails nous menacent de leur capacité à faire mal : au-delà des fils barbelés et des buissons épineux, d'autres dangers non signalés pourraient produire de petites piqûres mentales et visuelles sans que nous en prenions conscience. Par exemple ces eaux sont elles vraiment de l’eau ou du métal liquide ?

Dans la même année Thierry Girard boucle ses prises de vue de Vassivière et entame le premier de ses trois voyages en Chine à la poursuite des traces de Segalen. On peut se rendre compte de la profonde correspondance entre son travail sur les paysages de Vassivière et sa réinterprétation de la Chine de Victor Segalen, laquelle se situe dans cette source commune d'énergies puissantes qui émanent de ses clichés : une eau pas si calme, la présence constante du vent et les tombeaux des rois et empereurs.
Ce n'est pas par hasard que les Chinois appellent paysage scène du vent (Feng Jing) ou lumière du vent (Feng Guang). Un banal poteau de bois érigé tout près d’un trou d’eau traduit en fait l'interaction du Yin et du Yang. Le sphinx gardien du tombeau impérial millénaire tente de réciter le même mantra dans le vent que ces bannières de prière gelé par la neige de montagne : ils constituent les composantes des éléments du Fengshui : métal, bois, eau, et terre. Quant au feu ? Il est dans la lumière, dont se sert Thierry Girard, pour peindre : telle est l’étymologie grecque du mot « photographie ». L’eau c’est la vie, le vent c'est le grand esprit immortel de l'humanité qui continue de souffler à travers les âges, d'un continent à l'autre, nous reliant à nos ancêtres et à nos descendants.

Jean Loh