SUITEChine : “Blancs” à louer
22/10/2014 | 09h31
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(Chloé Millet)
Vin, voitures, vêtements, cinéma, musique… en Chine, l’image de l’Occidental fait vendre. Une aubaine pour des centaines de jeunes expatriés qui se voient proposer des jobs sur un seul critère : leur couleur de peau.
“Cherche huit filles, et huit hommes pour événement imminent. Bienvenue à tous les étrangers : modèles, musiciens, danseurs, et autres possibilités.”C’est l’une des dizaines d’annonces du site pour expatriés de Kunming, capitale du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Des offres destinées exclusivement aux Laowai, aux étrangers. D’autres ciblent même directement les “Caucasiens”, comprendre : les “Blancs” (entendus comme des personnes perçues en Chine comme des Occidentaux du fait de leur couleur de peau). Et les recruteurs ne lésinent pas sur les moyens : jusqu’à 1000 yuans (près de 115 euros) la journée, soit un quart du salaire mensuel moyen en Chine.
De quoi séduire les jeunes Occidentaux désargentés, comme Chloé. Etudiante parisienne de 25 ans, elle a vécu deux ans à Kunming pour perfectionner son chinois. Elle y a aussi multiplié ces jobs pour Blancs, que beaucoup d’expatriés ont baptisé “monkey shows”, pour mettre l’accent sur leur aspect souvent burlesque.
“J’ai été mannequin pour des shootings photo ou des défilés de mode, mon copain a été acteur, détaille-t-elle. Et puis il y a aussi tous les jobs où tu ne sais pas bien pourquoi tu es là, c’est à dire qu’ils ont besoin de filles en robe à paillettes ou de mecs en costard pour à peu près n’importe quel événement qui veut un peu en jeter.”
“Je posais déguisée en ange sur une calèche”
Ouverture d’un nouvel hôtel, promotion d’un smartphone, inauguration d’un club de dégustation de vins… En Chine, tout est prétexte à exhiber un Blanc. “Une fois, j’ai même bossé pendant cinq jours pour une entreprise qui vendait des batteries de voiture…”.
Vus de France, certains jobs frôlent parfois l’absurde : “Pour une foire immobilière je posais déguisée en ange sur une calèche, avec des hommes en costumes de gardes de la Reine. C’était pour un complexe d’appartements à l’occidentale”.
Parfois le “laowai à louer ” devient même complice d’une supercherie grossière. Angelo, Italien installé à Chengdu depuis 6 ans, a été au cœur de l’une d’entre elle : “J’étais payé par une société d’import en vin pour jouer le rôle d’un viticulteur du Bordelais. Comme je ne parle pas un mot de français, je me présentais en italien, puis mon employeur faisait mine de traduire en ventant les mérites de mes cépages aux invités ”. Effet garanti sur l’auditoire.
“Les Chinois se sentent plus grands et plus importants quand des Blancs travaillent pour eux ”, confirme Zhao Chenxiang, directeur d’une agence d’événementiel de Kunming. Même constat pour Liu Wei à la tête de l’agence Joyful, qui recrute des jeunes musiciens pour des fêtes d’entreprise :
“A une époque, les Chinois étaient persécutés par les Occidentaux. Donc qu’une entreprise soit capable d’attirer des étrangers montre que son niveau de développement est élevé.”
http://www.lesinrocks.com/2014/10/22/actualite/chine-blancs-louer-11530905/
c'est comme l'ami Julien dit "BF", employé par Josh Barricades Corp Industry.