Économie chinoise : +5,3% au S1 2025, entre rebond spectaculaire et défis structurels

Mathieu

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15 Oct 2006
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Shanghai, People Square
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Les chiffres sont tombés et ils donnent le tournis : 66 050 milliards de yuans de PIB sur les six premiers mois de l'année, soit une croissance de 5,3% qui dépasse les prévisions. Mais derrière cette performance se cache une économie à deux vitesses qui mérite qu'on creuse un peu.

Les moteurs de la croissance se transforment​


Bureau National des Statistiques a dit:
La consommation finale a contribué à 52% de la croissance du PIB au premier semestre 2025, atteignant même 52,3% au deuxième trimestre seul.

Concrètement, voici le nouveau visage de l'économie chinoise :

SecteurCroissancePoints clés
Production industrielle+6,4%High-tech en tête avec +9,5%
Ventes au détail+5,0%Programme d'échange : 1100 Mds¥ générés
Revenus ruraux+6,2%Croissance plus rapide que les urbains (+4,7%)
Commerce extérieur+2,9%Surplus record : 586 Mds$ au S1

Fait marquant : les exportations ont atteint leur plus forte contribution au PIB depuis 1997 ! Un paradoxe alors que tout le monde parle de découplage...

💡 Les signaux d'alerte restent allumés​


Le chômage des jeunes, talon d'Achille persistant :
Officiellement à 14,5% en juin (avec la nouvelle méthodologie qui exclut les étudiants), il reste trois fois supérieur au taux général.
L'ancienne méthode donnait 21% - certains experts parlent même de 40% dans les zones rurales si on compte le sous-emploi.

  • Nouvelle méthodologie depuis janvier 2024 : exclusion des étudiants (avant la réforme un étudiant qui cherchait du travail entrait dans les chiffres du chômage).
  • Pic habituel en juillet avec l'arrivée des diplômés sur le marché
  • Phénomène du "tang ping" (躺平) : des jeunes qui choisissent de ne pas travailler
  • Décalage entre formations universitaires et besoins du marché

Les autres zones de turbulence :
  • Déflation rampante : le déflateur du PIB à -1,2%, pire niveau depuis 2008
  • Consommation atone : seulement 40% du PIB (vs 60-70% ailleurs)
  • Immobilier : toujours en soins intensifs malgré les mesures de soutien
  • Profits industriels : -1,1% sur les 5 premiers mois

La confiance internationale remonte​

Signe encourageant : au moins 7 grandes institutions financières ont relevé leurs prévisions pour la Chine, notamment :

InstitutionRévision
Goldman Sachs+0,6 point
JPMorgan+0,7 point
Nomura+0,5 point

Deutsche Bank a dit:
La Chine a probablement atteint un stade de développement où sa population aura une demande croissante pour des services de meilleure qualité : soins aux personnes âgées, santé, éducation et tourisme.

L'arsenal politique se déploie​

Face aux défis, Pékin sort les grands moyens :
  • Monétaire : baisse des taux et des réserves obligatoires
  • Fiscal : déficit creusé (recettes -0,3%, dépenses +3,4%)
  • Consommation : programme massif d'échange de biens (électroménager +30,7% !)
  • Stabilité : réserves de change maintenues au-dessus de 3200 Mds$

Et maintenant ?​

L'économie chinoise navigue entre deux réalités :
  • D'un côté, une machine industrielle et exportatrice qui tourne à plein régime
  • De l'autre, une demande intérieure qui peine à décoller
Les experts restent prudemment optimistes sur l'atteinte de l'objectif annuel de ~5%. Mais comme le soulignent plusieurs analystes, la vraie question n'est pas le chiffre de croissance mais sa qualité et sa soutenabilité.

Le défi pour Pékin : transformer cette reprise en croissance équilibrée, booster la consommation des ménages sans créer de nouvelles bulles, et gérer la transition vers une économie de services tout en gardant son avantage manufacturier.

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