LE MONDE du 18 mai 2011
Shanghaï, correspondance - Eux aussi se passionnent pour l'affaire. Les internautes chinois ont un nouveau sujet de débat, l'arrestation de DSK, qui depuis dimanche est au coeur des discussions sur les forums.
Certains osent la comparaison avec la très secrète vie politique de leur pays. Surnommé Mr Mier Mier, un utilisateur de Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, ironise ainsi : "La politique française est bien trop libre en tolérant que de tels scandales concernant les candidats soient dévoilés, Kahn ne bénéficie pas du traitement d'un officiel local chinois".
Les journaux ont repris les photos du directeur du Fonds monétaire international, menottes aux poignets à la sortie d'une salle d'audience de New York. Depuis dimanche, la presse économique chinoise s'interroge sur les conséquences de son arrestation sur les réformes du système financier en cours et sur le soutien aux pays européens en difficulté, si M. Strauss-Kahn n'était pas libéré.
VERS UNE "DISLOCATION DU LEADERSHIP DU FMI"
"Le siège vide de Strauss-Kahn au FMI aurait un impact négatif significatif, sinon décisif, sur la gestion de la restructuration de la dette grecque", écrit ainsi Xu Bin, journaliste du magazine Caijing, un hebdomadaire qui, par son ton indépendant, a su gagner le respect des lecteurs. "Cela conduirait non seulement à une dislocation du leadership du FMI mais heurterait également le rôle de celui-ci dans la course pour sauver la Grèce, l'Irlande, le Portugal", relève M. Xu.
Dans l'hypothèse de la démission de M. Strauss-Kahn de la direction du Fonds, la presse locale pèse les chances qu'un remplaçant issu d'un des grands pays émergents soit nommé à sa place, alors que la Chine est devenue le troisième contributeur le plus important du FMI, derrière les Etats-Unis et le Japon mais devant les Etats européens pris individuellement. Un ancien haut responsable de la Banque centrale chinoise, Zhu Min, a déjà réussi à se hisser au poste de conseiller spécial du directeur du FMI, où il a été nommé en février 2010.
La deuxième puissance économique mondiale juge toutefois qu'elle reste sous-représentée dans cette institution ainsi qu'à la Banque mondiale, toutes deux conçues à Bretton Woods en 1944. Elle s'oppose désormais sur un ton plus explicite à l'accord informel par lequel la direction du FMI est confiée à un Européen et celle de la Banque mondiale à un Américain, laissant peu de place aux émergents. La porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a estimé, mardi 17 mai, que la direction du FMI devrait à l'avenir être nommée sur des critères "d'équité, de transparence et de mérite".
Les chroniqueurs du journal China Securities pensent que la réforme du FMI pourrait être influencée par l'affaire : "Strauss-Kahn a joué un rôle clé dans le soutien à la Grèce, tandis que son arrestation retardera l'assistance du FMI".
Le Wenwei Po, quotidien publié à Hongkong mais proche des positions du gouvernement central chinois, note : "le scandale Strauss-Kahn est une honte pour la France et pourrait faire changer le mécanisme de sélection de la direction du FMI, afin qu'il conduise à davantage de compétition entre les puissances économiques montantes et les plus anciennes".
Le portail China Finance constate au contraire que "le prochain directeur ne viendra probablement pas d'une puissance économique montante, le contrôle restant en Europe et aux Etats-Unis ".
Shanghaï, correspondance - Eux aussi se passionnent pour l'affaire. Les internautes chinois ont un nouveau sujet de débat, l'arrestation de DSK, qui depuis dimanche est au coeur des discussions sur les forums.
Chacun y va de son analyse sur l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn. "J'ai l'impression de regarder un film hollywoodien" écrit un internaute utilisant le pseudonyme Chengdu White Handkerchief sur son compte de micro-blogs.Certains osent la comparaison avec la très secrète vie politique de leur pays. Surnommé Mr Mier Mier, un utilisateur de Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, ironise ainsi : "La politique française est bien trop libre en tolérant que de tels scandales concernant les candidats soient dévoilés, Kahn ne bénéficie pas du traitement d'un officiel local chinois".
Les journaux ont repris les photos du directeur du Fonds monétaire international, menottes aux poignets à la sortie d'une salle d'audience de New York. Depuis dimanche, la presse économique chinoise s'interroge sur les conséquences de son arrestation sur les réformes du système financier en cours et sur le soutien aux pays européens en difficulté, si M. Strauss-Kahn n'était pas libéré.
VERS UNE "DISLOCATION DU LEADERSHIP DU FMI"
"Le siège vide de Strauss-Kahn au FMI aurait un impact négatif significatif, sinon décisif, sur la gestion de la restructuration de la dette grecque", écrit ainsi Xu Bin, journaliste du magazine Caijing, un hebdomadaire qui, par son ton indépendant, a su gagner le respect des lecteurs. "Cela conduirait non seulement à une dislocation du leadership du FMI mais heurterait également le rôle de celui-ci dans la course pour sauver la Grèce, l'Irlande, le Portugal", relève M. Xu.
Dans l'hypothèse de la démission de M. Strauss-Kahn de la direction du Fonds, la presse locale pèse les chances qu'un remplaçant issu d'un des grands pays émergents soit nommé à sa place, alors que la Chine est devenue le troisième contributeur le plus important du FMI, derrière les Etats-Unis et le Japon mais devant les Etats européens pris individuellement. Un ancien haut responsable de la Banque centrale chinoise, Zhu Min, a déjà réussi à se hisser au poste de conseiller spécial du directeur du FMI, où il a été nommé en février 2010.
La deuxième puissance économique mondiale juge toutefois qu'elle reste sous-représentée dans cette institution ainsi qu'à la Banque mondiale, toutes deux conçues à Bretton Woods en 1944. Elle s'oppose désormais sur un ton plus explicite à l'accord informel par lequel la direction du FMI est confiée à un Européen et celle de la Banque mondiale à un Américain, laissant peu de place aux émergents. La porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a estimé, mardi 17 mai, que la direction du FMI devrait à l'avenir être nommée sur des critères "d'équité, de transparence et de mérite".
Les chroniqueurs du journal China Securities pensent que la réforme du FMI pourrait être influencée par l'affaire : "Strauss-Kahn a joué un rôle clé dans le soutien à la Grèce, tandis que son arrestation retardera l'assistance du FMI".
Le Wenwei Po, quotidien publié à Hongkong mais proche des positions du gouvernement central chinois, note : "le scandale Strauss-Kahn est une honte pour la France et pourrait faire changer le mécanisme de sélection de la direction du FMI, afin qu'il conduise à davantage de compétition entre les puissances économiques montantes et les plus anciennes".
Le portail China Finance constate au contraire que "le prochain directeur ne viendra probablement pas d'une puissance économique montante, le contrôle restant en Europe et aux Etats-Unis ".