Une vague d'enlèvements d'enfants touche le sud de la Chine (LeMonde.fr)
Les ravisseurs s'attaquent aux jeunes garçons dans le but de les revendre à des couples, en général paysans, privés de descendance masculine.
Kunming (province du Yunnan) de notre envoyé spécial
Le petit Mo Yonglin a d'abord pleuré. Dès que des étrangers s'approchent de lui, il éclate en sanglots. C'est ainsi. Le traumatisme est profond. Puis il s'est calmé. Il a ensuite joué avec l'emballage plastique de sa friandise. Il l'a trituré, mordillé. Radieuse, sa mère lui passe la main dans les cheveux. Agé de 3 ans, Mo Yonglin est vêtu comme un petit prince : veste bleu marine, tee-shirt blanc lumière, sandales de cuir astiquées. "Nous avons repris goût à la vie", exulte son père, Mo Zhiping, un soudeur travaillant sur les chantiers de la ville.
LOURD ENDETTEMENT
Le couple a "pris goût à la vie" le 31 mai précisément, jour de fête où Mo Yonglin leur a été rendu. Il avait disparu onze semaines plus tôt. Un inconnu l'avait enlevé alors qu'il jouait devant le domicile familial, situé dans une banlieue populaire de Kunming. Kidnappé, disparu, volatilisé... Les ravisseurs n'ont exigé aucune rançon. Ils l'ont tout simplement revendu à un couple paysan sans enfant du Fujian, province côtière située en face de Taïwan. Sur le marché des enfants enlevés, Mo Yonglin a coûté 18 000 yuans (1 800 euros).
Depuis le retour du petit, bien des choses ont changé. La mère a quitté son travail de femme de ménage dans un hôpital pour veiller en permanence sur l'enfant. "Désormais, je ne le quitte plus des yeux un seul instant", clame-t-elle. La famille a déménagé dans "un quartier plus sûr". Leur ancienne banlieue, Liang Jiahe Cun, devenait trop dangereuse : trois enfants au total y avaient été enlevés.
Mais le bonheur des retrouvailles s'est payé au prix fort d'un lourd endettement. "J'y ai englouti mes économies", grince Mo Zhiping. Il a dépensé 20 000 yuans (2 000 euros) en déplacements à Pékin, dans le Fujian, dans l'espoir de bousculer les autorités. En plus, l'orphelinat qui a hébergé le petit Yonglin quelques jours avant sa restitution lui réclame des frais de prise en charge. Joie teintée d'amertume...
C'est l'histoire pathétique de dizaines de familles livrées à elles-mêmes, négligées par les autorités, exposées à la loi de la jungle qui fragilise les couches populaires du pays à l'heure de la "réforme économique". Pour une famille Mo qui a eu le bonheur de récupérer le chérubin disparu, combien de familles impuissantes continuent à être rongées par le désespoir ?
Ils sont six pères à être venus témoigner, ce jour-là, dans un appartement de Chuan Fang Cun. Le quartier est à un quart d'heure à peine en voiture du centre de Kunming, aux larges boulevards bordés de scintillants complexes commerciaux, mais il sent le souffre. Les chauffeurs de taxi bougonnent à la seule idée de s'en approcher. On raconte que des malfrats chevauchant des motos arrachent les boucles d'oreilles des dames.
En fait, la première chose qui frappe en pénétrant dans l'enclave malfamée, ce sont les gamins, des gamins qui batifolent en nombre dans la poussière de ruelles cabossées, parfois souillées de tas de détritus. Sur les murs, d'étranges affichettes attirent le regard. On y lit un appel au secours : "5 ans, sexe masculin, 90 cm, le petit... Z a disparu le 9 septembre 2003 à 5 heures de l'après-midi. Il portait un tee-shirt blanc et un pantalon beige. Une récompense de 5 000 yuans (500 euros) à 10 000 yuans (1 000 euros) sera accordée à toute personne nous livrant des informations."
"TROIS MINUTES À PEINE"
La pièce est minuscule. Elle est à la fois chambrée et atelier textile. Une machine à coudre trône sur le rebord de la fenêtre. Les six pères sont assis sur des tabourets. Ils sont tous des mingong, c'est-à-dire des migrants venus de la campagne louer leurs bras en ville. La plupart viennent du Sichuan. Les récits s'enchaînent, quasiment identiques. Chen Bin, ouvrier de décoration, raconte comment son petit Junkun, 4 ans, a disparu le 13 décembre 2003 après avoir échappé quelques secondes à sa grand-mère qui papotait dans la rue avec des copines. Zhang Defang, chauffeur d'un taxi-vélo, n'en finit pas de se reprocher d'être sorti de l'appartement faire quelques achats ce maudit 21 mars 2004, laissant sans surveillance le petit Youyou, 4 ans et demi, qui en a profité pour aller jouer dehors. Il n'est jamais revenu.
Qin Xiaoping, couturier, travaillait le 3 avril 2004 à domicile avec sa femme, tous deux arc-boutés sur leur machine à coudre, quand leur petit Yijie, 3 ans et demi, est sorti avec une fillette de son âge "acheter des amuse-gueule". Ils ne l'ont jamais revu.
Fu Tao, lui, était "au courant" de cette vague de disparitions. Il était sur ses gardes. "Je surveillais mon fils très étroitement", se souvient-il. Pourtant, ce 1er octobre 2003, il a perdu de vue le petit Hongbin, 2 ans et demi, "trois minutes à peine" alors qu'il jouait devant son échoppe. Trois minutes de trop : le petit Hongbin a été enlevé.
Les choses vont toujours très vite. Il a aussi suffi de quelques minutes ce 14 mars 2002 pour que Li Qifang, charcutier, perde de vue son petit Sheng, 4 ans et demi, qui jouait devant l'immeuble. Il ne l'a jamais revu. Quant à Li Youmin, vendeur de vêtements, il n'imaginait pas un seul instant que sa fille Shanli, 8 ans, pouvait intéresser ces réseaux de ravisseurs qui ne visent en général que des garçonnets. Le 14 septembre 2002, la fillette a pourtant disparu alors qu'elle faisait trempette avec des copines dans une rivière aux confins de la ville.
Cette vague d'enlèvements qui sévit dans les banlieues populaires de Kunming est toujours en cours. De source officieuse, on y estime à plus de 400 le nombre d'enfants tombés dans les griffes de réseaux criminels. Si la Chine méridionale - Yunnan, Guangxi, Guizhou... - est particulièrement touchée, ces réseaux opèrent sur l'ensemble du pays. Aucune statistique officielle sur le nombre de disparitions n'est disponible. La police ne fournit que les chiffres de ses "succès": entre 2001 et 2003, elle affirme ainsi avoir "libéré" 42 000 femmes et enfants kidnappés, sans plus de détail.
A Kunming, les récits recueillis auprès des familles convergent sur un certain nombre de points. Le profil type de l'enfant enlevé est un garçon, cible de choix dans un pays où la politique de contrôle des naissances a fait grimper la cote des enfants mâles. Les enfants sont revendus à des couples, en général paysans, privés de descendance masculine, voire à des villages - il en existe un dans la province de l'Anhui - spécialisés dans la formation de petits mendiants professionnels voués à quêter en ville.
DÉMARCHE COLLECTIVE
L'âge moyen de la victime se situe autour de 4 ans, assez mûr pour gambader seul dans les rues de son quartier d'origine, assez tendre néanmoins pour être malléable. Les parents sont pour la plupart des mingong, groupe social "flottant" et souvent traités en citoyens de seconde zone. "Les ravisseurs visent les enfants de Mingong car ils savent que la police se désintéresse d'eux", grince Li Qifang.
Toutes les familles se plaignent, en effet, de la passivité de la police. "Les policiers n'ont aucune incitation financière à se donner du mal, poursuit Li Qifang. En général, ce sont les parents qui mènent leur propre enquête et fournissent ensuite des tuyaux à la police." Il a fallu attendre un récent déplacement à Pékin d'un groupe de parents, qui ont décidé d'alerter par eux-mêmes les autorités centrales du drame des banlieues de Kunming, pour que la police locale s'arrache à sa torpeur.
"Depuis notre démarche collective à Pékin, les policiers de Kunming s'intéressent subitement à nous, sourit tristement Li Qifang, alors qu'ils nous ignoraient totalement jusque-là." Mais cette soudaine sollicitude n'a guère produit à ce jour de résultats concrets.
Frédéric Bobin
--------------------------------------------------------------------------------
Des kidnappeurs condamnés par la justice
Quinze personnes viennent d'être condamnées en Chine, dont une à la peine de mort, pour avoir enlevé et vendu au moins 120 enfants, a rapporté, jeudi 29 juillet, l'agence Chine nouvelle. Le chef de la bande de kidnappeurs, Li Guoju, a été condamné à la peine capitale par un tribunal populaire de Puyang, dans la province centrale du Henan. Deux autres membres du groupe ont été condamnés à la prison à vie et les douze autres à des peines allant de 1 à 15 ans d'incarcération. Les enfants avaient été enlevés et vendus entre 1998 et 2003.
Le 23 juillet, 52 autres kidnappeurs avaient été condamnés dans le Guangxi (sud), dont deux à mort, pour avoir vendu des enfants depuis 2001. Cette bande avait été arrêtée après la découverte à bord d'un bus de 28 bébés, placés dans des sacs après avoir absorbé des somnifères. L'un d'entre eux en était mort. Cette répression est toutefois largement superficielle au regard de l'ampleur du phénomène des enlèvements de femmes et d'enfants en Chine. - (Corresp.)
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.08.04
Les ravisseurs s'attaquent aux jeunes garçons dans le but de les revendre à des couples, en général paysans, privés de descendance masculine.
Kunming (province du Yunnan) de notre envoyé spécial
Le petit Mo Yonglin a d'abord pleuré. Dès que des étrangers s'approchent de lui, il éclate en sanglots. C'est ainsi. Le traumatisme est profond. Puis il s'est calmé. Il a ensuite joué avec l'emballage plastique de sa friandise. Il l'a trituré, mordillé. Radieuse, sa mère lui passe la main dans les cheveux. Agé de 3 ans, Mo Yonglin est vêtu comme un petit prince : veste bleu marine, tee-shirt blanc lumière, sandales de cuir astiquées. "Nous avons repris goût à la vie", exulte son père, Mo Zhiping, un soudeur travaillant sur les chantiers de la ville.
LOURD ENDETTEMENT
Le couple a "pris goût à la vie" le 31 mai précisément, jour de fête où Mo Yonglin leur a été rendu. Il avait disparu onze semaines plus tôt. Un inconnu l'avait enlevé alors qu'il jouait devant le domicile familial, situé dans une banlieue populaire de Kunming. Kidnappé, disparu, volatilisé... Les ravisseurs n'ont exigé aucune rançon. Ils l'ont tout simplement revendu à un couple paysan sans enfant du Fujian, province côtière située en face de Taïwan. Sur le marché des enfants enlevés, Mo Yonglin a coûté 18 000 yuans (1 800 euros).
Depuis le retour du petit, bien des choses ont changé. La mère a quitté son travail de femme de ménage dans un hôpital pour veiller en permanence sur l'enfant. "Désormais, je ne le quitte plus des yeux un seul instant", clame-t-elle. La famille a déménagé dans "un quartier plus sûr". Leur ancienne banlieue, Liang Jiahe Cun, devenait trop dangereuse : trois enfants au total y avaient été enlevés.
Mais le bonheur des retrouvailles s'est payé au prix fort d'un lourd endettement. "J'y ai englouti mes économies", grince Mo Zhiping. Il a dépensé 20 000 yuans (2 000 euros) en déplacements à Pékin, dans le Fujian, dans l'espoir de bousculer les autorités. En plus, l'orphelinat qui a hébergé le petit Yonglin quelques jours avant sa restitution lui réclame des frais de prise en charge. Joie teintée d'amertume...
C'est l'histoire pathétique de dizaines de familles livrées à elles-mêmes, négligées par les autorités, exposées à la loi de la jungle qui fragilise les couches populaires du pays à l'heure de la "réforme économique". Pour une famille Mo qui a eu le bonheur de récupérer le chérubin disparu, combien de familles impuissantes continuent à être rongées par le désespoir ?
Ils sont six pères à être venus témoigner, ce jour-là, dans un appartement de Chuan Fang Cun. Le quartier est à un quart d'heure à peine en voiture du centre de Kunming, aux larges boulevards bordés de scintillants complexes commerciaux, mais il sent le souffre. Les chauffeurs de taxi bougonnent à la seule idée de s'en approcher. On raconte que des malfrats chevauchant des motos arrachent les boucles d'oreilles des dames.
En fait, la première chose qui frappe en pénétrant dans l'enclave malfamée, ce sont les gamins, des gamins qui batifolent en nombre dans la poussière de ruelles cabossées, parfois souillées de tas de détritus. Sur les murs, d'étranges affichettes attirent le regard. On y lit un appel au secours : "5 ans, sexe masculin, 90 cm, le petit... Z a disparu le 9 septembre 2003 à 5 heures de l'après-midi. Il portait un tee-shirt blanc et un pantalon beige. Une récompense de 5 000 yuans (500 euros) à 10 000 yuans (1 000 euros) sera accordée à toute personne nous livrant des informations."
"TROIS MINUTES À PEINE"
La pièce est minuscule. Elle est à la fois chambrée et atelier textile. Une machine à coudre trône sur le rebord de la fenêtre. Les six pères sont assis sur des tabourets. Ils sont tous des mingong, c'est-à-dire des migrants venus de la campagne louer leurs bras en ville. La plupart viennent du Sichuan. Les récits s'enchaînent, quasiment identiques. Chen Bin, ouvrier de décoration, raconte comment son petit Junkun, 4 ans, a disparu le 13 décembre 2003 après avoir échappé quelques secondes à sa grand-mère qui papotait dans la rue avec des copines. Zhang Defang, chauffeur d'un taxi-vélo, n'en finit pas de se reprocher d'être sorti de l'appartement faire quelques achats ce maudit 21 mars 2004, laissant sans surveillance le petit Youyou, 4 ans et demi, qui en a profité pour aller jouer dehors. Il n'est jamais revenu.
Qin Xiaoping, couturier, travaillait le 3 avril 2004 à domicile avec sa femme, tous deux arc-boutés sur leur machine à coudre, quand leur petit Yijie, 3 ans et demi, est sorti avec une fillette de son âge "acheter des amuse-gueule". Ils ne l'ont jamais revu.
Fu Tao, lui, était "au courant" de cette vague de disparitions. Il était sur ses gardes. "Je surveillais mon fils très étroitement", se souvient-il. Pourtant, ce 1er octobre 2003, il a perdu de vue le petit Hongbin, 2 ans et demi, "trois minutes à peine" alors qu'il jouait devant son échoppe. Trois minutes de trop : le petit Hongbin a été enlevé.
Les choses vont toujours très vite. Il a aussi suffi de quelques minutes ce 14 mars 2002 pour que Li Qifang, charcutier, perde de vue son petit Sheng, 4 ans et demi, qui jouait devant l'immeuble. Il ne l'a jamais revu. Quant à Li Youmin, vendeur de vêtements, il n'imaginait pas un seul instant que sa fille Shanli, 8 ans, pouvait intéresser ces réseaux de ravisseurs qui ne visent en général que des garçonnets. Le 14 septembre 2002, la fillette a pourtant disparu alors qu'elle faisait trempette avec des copines dans une rivière aux confins de la ville.
Cette vague d'enlèvements qui sévit dans les banlieues populaires de Kunming est toujours en cours. De source officieuse, on y estime à plus de 400 le nombre d'enfants tombés dans les griffes de réseaux criminels. Si la Chine méridionale - Yunnan, Guangxi, Guizhou... - est particulièrement touchée, ces réseaux opèrent sur l'ensemble du pays. Aucune statistique officielle sur le nombre de disparitions n'est disponible. La police ne fournit que les chiffres de ses "succès": entre 2001 et 2003, elle affirme ainsi avoir "libéré" 42 000 femmes et enfants kidnappés, sans plus de détail.
A Kunming, les récits recueillis auprès des familles convergent sur un certain nombre de points. Le profil type de l'enfant enlevé est un garçon, cible de choix dans un pays où la politique de contrôle des naissances a fait grimper la cote des enfants mâles. Les enfants sont revendus à des couples, en général paysans, privés de descendance masculine, voire à des villages - il en existe un dans la province de l'Anhui - spécialisés dans la formation de petits mendiants professionnels voués à quêter en ville.
DÉMARCHE COLLECTIVE
L'âge moyen de la victime se situe autour de 4 ans, assez mûr pour gambader seul dans les rues de son quartier d'origine, assez tendre néanmoins pour être malléable. Les parents sont pour la plupart des mingong, groupe social "flottant" et souvent traités en citoyens de seconde zone. "Les ravisseurs visent les enfants de Mingong car ils savent que la police se désintéresse d'eux", grince Li Qifang.
Toutes les familles se plaignent, en effet, de la passivité de la police. "Les policiers n'ont aucune incitation financière à se donner du mal, poursuit Li Qifang. En général, ce sont les parents qui mènent leur propre enquête et fournissent ensuite des tuyaux à la police." Il a fallu attendre un récent déplacement à Pékin d'un groupe de parents, qui ont décidé d'alerter par eux-mêmes les autorités centrales du drame des banlieues de Kunming, pour que la police locale s'arrache à sa torpeur.
"Depuis notre démarche collective à Pékin, les policiers de Kunming s'intéressent subitement à nous, sourit tristement Li Qifang, alors qu'ils nous ignoraient totalement jusque-là." Mais cette soudaine sollicitude n'a guère produit à ce jour de résultats concrets.
Frédéric Bobin
--------------------------------------------------------------------------------
Des kidnappeurs condamnés par la justice
Quinze personnes viennent d'être condamnées en Chine, dont une à la peine de mort, pour avoir enlevé et vendu au moins 120 enfants, a rapporté, jeudi 29 juillet, l'agence Chine nouvelle. Le chef de la bande de kidnappeurs, Li Guoju, a été condamné à la peine capitale par un tribunal populaire de Puyang, dans la province centrale du Henan. Deux autres membres du groupe ont été condamnés à la prison à vie et les douze autres à des peines allant de 1 à 15 ans d'incarcération. Les enfants avaient été enlevés et vendus entre 1998 et 2003.
Le 23 juillet, 52 autres kidnappeurs avaient été condamnés dans le Guangxi (sud), dont deux à mort, pour avoir vendu des enfants depuis 2001. Cette bande avait été arrêtée après la découverte à bord d'un bus de 28 bébés, placés dans des sacs après avoir absorbé des somnifères. L'un d'entre eux en était mort. Cette répression est toutefois largement superficielle au regard de l'ampleur du phénomène des enlèvements de femmes et d'enfants en Chine. - (Corresp.)
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.08.04