Il ne faudrait pas faire une généralité de l'adage "ce sont des viêt-namien qui tiennent les restaurants chinois" et encore moins en conclure qu'ils ne savent pas faire de la cuisine chinoise.
Comme beaucoup d'expat (issu de la France profonde) avec une belle-famille chinoise, je suis tout aussi capable de faire des plats chinois authentiques, avec les outils de cuisine locaux ; voire de retour en France, de travailler dans un restaurant du 13e ou à Belleville si le coeur m'en dit.
Quel pourcentage de pizzas mangez-vous, qui ont été préparées par un italien "pur souche" ? En déduisez-vous pour autant que ce ne sont pas de vraies pizzas ?
Donc, faire un lien entre l'origine du cuisinier et l'authenticité de la cuisine.. vous repasserez.
D'un autre côté, dans la culture populaire française, un restaurant asiatique, c'est un "resto chinois". Et comme le montre le dessin de Mike, dans les bleds, on n'a pas la même segmentation que dans les grandes villes, marché potentiel oblige. Donc on raccourcit, et le patron tente de proposer au mieux de ce qu'aiment les locaux.
- et c'est là que c'est marrant : voici l'anecdote de deux amis chinois (un wenzhounais, et un sichuanais) qui ont ouvert, chacun de leurs côté, un restaurant en France.
Ils ont bien sûr préparé une carte des plats avec les spécialités de leur région, - ce qu'ils savaient le mieux cuisiner -.
Mais au fil des mois qui passent, ils se sont rendus compte que les clients français laissaient presque toujours sur le côté de leur assiette certains ingrédients des plats (des choses qu'on mange pourtant en Chine, qui font vraiment partie du plat en question..).
Alors peu à peu, et aussi dans un souci de business - offrir à leur clientèle la cuisine qu'elle aime ou qu'elle s'attend à manger dans ce restaurant -, ils ont ôté ces ingrédients non-désirés des plats, ils ont parfois aussi adouci un peu les plats, ou ajouté de la salade en accompagnement, pour faire "un peu de crudités avec". etc...
Bref, le processus qui est un peu dénoncé dans ce post (les plats chinois ne sont pas authentiques en France) est aussi l'effet des consommateurs eux-mêmes, qui dictent (c'est la loi de l'offre et de la demande) ce qu'ils ont envie de manger, et surtout ce qu'ils ne veulent pas manger.
A côté de cela, à Paris, il reste dans les quartiers à population en dominante asiatique, des restaurants assez proches de ceux qu'on trouve en Chine, tant dans la présentation, les heures d'ouverture, que les plats consommés (et le budget raisonnable). Allez je refais un peu de pub pour 我家小厨 qui est mon préféré à cause de la patronne.. ^-^