Que de bons souvenirs en Chine!

Silouane

Dieu souverain
14 Jan 2015
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上海
Salut,

Avec les aléas du bordel chinois, on peut facilement rouspéter. On a de bonnes surprises parfois. Je vous propose de décrire un de vos meilleurs souvenirs en Chine. Je commence avec un petit texte écrit récemment pour le fun :

Novembre 1991, je devais me rendre à Hong Kong pour un entretien d’embauche ; une occasion pour obtenir un nouveau visa. A l’époque, je ne prenais pas l’avion comme on prend le train aujourd’hui.


Je tentais d’acheter un billet Pékin-Hong Kong. C’était un autre temps, il existait tout un trafic sur les billets de train et il était très compliqué de s’en procurer. Heureusement, il existait un bureau spécial pour les étrangers. J’avais pu seulement en avoir un pour Wuhan. L’employée m’avait expliqué que l’express Wuhan-Shenzhen partait une heure plus tard après l’arrivée de mon train et que j’aurais le temps de passer au guichet pour me procurer le sésame pour le sud. Et elle avait raison. Il ne restait que des couchettes molles dans un compartiment que je partageais avec deux producteurs de fruit, paysans cantonais qui venaient de s’enrichir. Ils étaient ravis de s’entretenir pour la première fois avec un étranger qui parlait leur langue enfin… J’ai pu vérifier le proverbe, « Je ne crains ni le ciel, ni la terre, je crains seulement un Cantonais qui parle mandarin, 天不怕,地不怕,只怕广东人说普通话 ». Ils avaient un accent épouvantable, le h était prononcé f et inversement. La France, faguo, devenait huaguo et le train huoche, foche. La, ça va encore, on décode vite, mais parfois je devais vraiment jouer au détective pour deviner quel mot se cachait derrière l’épouvantable prononciation. Nous avons dû parler au moins sept à huit heures. C’était assez épuisant, j’avais l’impression d’avoir parlé trois jours et trois nuits sans arrêt.

Lorsque la contrôleuse pékinoise venait, je discutais un peu avec elle et son chinois très standard me reposait, j’avais l’impression de parler dans ma langue quand je comparais avec le langage de ces sympathiques cantonais toujours souriants et affables. Ils me faisaient goûter toutes les spécialités qu’ils ramenaient du Hubei.

Pas de distributeur de billet

Nous devions arriver à 6h du matin à Shenzhen et je réalisais que je n’avais pas assez de liquide sur moi pour acheter tout de suite le billet pour Shenzhen-Hong Kong. Je devais attendre l’ouverture de la Banque de Chine pour retirer de l’argent avec ma Visa car les distributeurs n’avaient pas encore vu le jour en Chine. J’avais rendez-vous à 11h à Hong Kong et j’allais devoir changer l’horaire.



Nous sommes amis

Je demandais à mon voisin un peu édenté à quelle heure ouvraient les banques. Il me confirma l’heure et me demanda quel était le problème. Je lui expliquai le motif de ma question. Après avoir écouté, pensif, il m’a regardé quelques secondes, a sorti son portefeuille et quelques billets de Hong Kong dollars en me disant : « Nous sommes amis, je te passe 2000 HK dollars (2000 francs environ), ça va t’aider ! » Première réaction, je refuse, le montant représentait au moins plus de 6 mois de salaire moyen chinois. Il insista en m’expliquant qu’entre amis, l’argent n’avait pas d’importance : « Nous sommes amis et je peux t’aider, c’est normal. Tu me les rendras quand tu auras ton super poste dans la société française ! »

Merci

Pragmatique, je ne suis pas trop embastillé par une pseudo morale castratrice. Du coup, je me suis dit que ces billets me feraient gagner beaucoup de temps et que je lui ferai un mandat dès mon retour en Chine.