Permis de travail pour Chinois en France

Mathieu

Alpha & Oméga
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15 Oct 2006
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Shanghai, People Square
www.murailledechine.com
Article du quotidien du peuple... qui soulève une question importante pour ceux dont les conjoints Chinois retourneraient en France avec eux, car j'imagine que le problème se pose dans les mêmes termes ?

Ca permet aussi de relativiser sur les "difficultés" pour nous d'obtenir un permis de travail en Chine...

« On leur a fait apprendre le français non pas pour qu'ils puissent travailler en France, mais pour qu'ils diffusent la culture française, une fois rentrés dans leur pays », résume la situation l'article du site « Les Chinois d'Europe en ligne » fr.ozxw.com. La question d'obtention du permis de travail fait souvent objet de discussions sur les blogs et les forums des Chinois résidant en France, où le taux de chômage est en train d'approcher le seuil des 10 %.

Liu Yu a étudié en France pendant 5 ans, et après avoir obtenu son Master 2, elle a décidé de chercher du travail dans sa spécialité - le commerce international. Après quelques tentatives peu fructueuses, elle a fini par trouver une solution idéale : une PME française travaillant avec la Chine, qui serait d'accord de la prendre comme stagiaire moyennant une rémunération, et ravie de l'aider à effectuer un changement de visa d'étudiant en un permis de travail. Mais la joie n'a pas duré longtemps : le refus des autorités concernées est arrivé par courrier rapidement, la raison étant qu'« il est facile d'engager un candidat français pour ce même poste ». Il serait donc inutile de délivrer un nouveau permis de travail pour une étudiante chinoise. La demande ayant été rejetée, Liu Yu a décidé de rester temporairement en France comme stagiaire, jusqu'à la date d'expiration de son permis de séjour étudiant, avec lequel elle a aussi le droit de travailler, mais moins d'heures.

L'épineuse question d'obtention du permis de travail en France a fait l'objet d'un article explicatif dans le journal chinois Europe Weekly début avril. D'après la réglementation française, pour recruter un ressortissant hors Union Européenne, l'entreprise doit démontrer qu'il possède des connaissances nécessaires pour occuper le poste à pourvoir et qu'il n'y a aucun candidat ressortissant de l'Espace économique européen (EEE) qui serait intéressé par ce poste. C'est pourquoi l'entreprise implantée en France, désireuse d'employer un citoyen ressortissant d'un pays hors EEE doit avant tout publier une annonce à l'agence Pôle-Emploi (Agence de recherche d'emploi) pour vérifier qu'il n'y a pas d'autres personnes intéressées. Si c'est le cas, l'entreprise pourra déposer son dossier de demande auprès de la Direction Départementale du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle (DDTEFP), une procédure, qui peut prendre 4 à 6 mois. Et en attendant, le candidat pourra travailler, si son visa d'étudiant le permet. Mais le nombre d'heures qu'il pourra faire sera limité à 20,5 heures par semaine.

La décision de la DDTEFP est prise en fonction des qualifications du candidat, de son expérience et de la situation sur le marché de travail en France. Si la décision est positive, la DDTEFP en informera le futur employeur, ainsi que la Préfecture de Police et l'Office des Migrations internationales (OMI) pour qu'ils prennent la suite du dossier et puissent délivrer le permis de travail au candidat étranger. Si la réponse est négative, la DDTEFP en informera l'entreprise en expliquant les raisons de son refus.

Tout cela, c'est la théorie. En pratique, le refus est quasi-systématique. Comme l'explique l'article, rédigé par le cabinet d'avocats « Xie & Li Associés » dans Europe Weekly, vu la situation actuelle sur le marché de l'emploi en France, la Préfecture de Police aurait tendance à refuser de délivrer les nouveaux permis de travail à cause d'un trop grand nombre de chômeurs en France. Et parfois le système censé être à l'avantage de tout le monde se tourne en une situation « perdant-perdant ». La compagnie risque de se retrouver avec le refus de la direction départementale du travail pour le permis de travail du candidat étranger et une centaine de CV des candidats français, qui auront répondu à l'offre d'emploi publiée dans les agences Pôle-emploi et qui n'auront souvent pas de réponse à leurs candidatures.

L'un des principaux critères d'acceptation du dossier de demande du permis de travail pour un citoyen étranger, c'est la question du salaire : il ne doit pas être inférieur à celui d'un employé français, et doit également prendre en compte le niveau d'études du candidat. Selon certaines sources, au moins un tiers des dossiers ont été refusés pour cette raison.

« Une fois arrivé ici, il faut apprendre à se débrouiller », - raconte Li, un des employés sous contrat à durée déterminée d'une compagnie de logistique de Marseille. « J'ai fait une Ecole de Journalisme. Et je me retrouve à envoyer des containeurs en Chine. Ils avaient besoin de Chinois pour travailler ici, j'ai postulé, et j'ai été pris». Li a envoyé des CV à plusieurs médias écrits et était même d'accord pour faire un stage non rémunéré dans les rédactions locales, mais sans succès. Maintenant, avec son permis de travail en poche, il fait des piges le week-end pour un site internet des arts martiaux.

Les étudiants chinois à la recherche d'un emploi dénoncent la discrimination à l'embauche dans leurs blogs. « La discrimination des candidats à la recherche d'un emploi se pratique à plusieurs niveaux en France », - écrit une bloggeuse du site Sina, dont l'article a été repris par le site fynews.com.cn. Selon elle, la discrimination est avant tout raciale. Ensuite, parmi les blancs, il y aurait une distinction nette entre «les vrais français», les ressortissants des pays de l'Europe de l'Ouest et les autres. Mais la discrimination existerait aussi selon elle au sein de la société française. « Un ami français m'a expliqué que beaucoup d'entreprises françaises, reçoivent l'ordre de la direction de regarder l'adresse de résidence du candidat sur le CV. Si le candidat réside dans des quartiers défavorisés ou des HLM, le Département des ressources humaines de l'entreprise ne donne pas une suite favorable à sa candidature ».

La discrimination à l'embauche avait déjà provoqué une polémique au sein du gouvernement français, mais elle concernait surtout la communauté maghrébine de France. Pour éviter la formation de ces préjugés sur le candidat et son CV, le Sénat a voté le 9 mars 2006 un amendement rendant obligatoire l'utilisation des CV anonymes pour les entreprises de plus de 50 salariés. Mais ce système n'a pas réussi à s'enraciner en France. Relancé par le gouvernement en novembre 2009, le CV « antidiscrimination » doit être expérimenté par une cinquantaine d'entreprises dans sept départements français.

Se trouvant face à des difficultés sur le marché du travail après leurs études, les Chinois, qui ont décidé de rester en France, font preuve d'imagination concernant la réalisation de leurs projets professionnels. Zhong, une jeune fille originaire du Hebei, a opté pour la signature d'un Pacte civil de solidarité (PACS) avec un ami français. Ce contrat de partenariat lui a permis de prolonger son permis de séjour et de bénéficier des prestations de la Caisse d'allocations familiales (CAF). « En France, dans certains cas, c'est même mieux de ne pas travailler officiellement», a-t-elle affirmé. Une partie de l'argent lui est versée par la CAF. Elle touche une autre partie en travaillant comme traductrice de chinois au noir.

Avec la crise du marché de l'emploi en France, une première demande du permis de travail pour un citoyen étranger a beaucoup de chances de ne pas aboutir, à moins que le candidat soit recruté dans un secteur où il y a un manque d'effectifs important. Cependant, il est possible de faire appel de la décision de la Direction départementale du travail en adressant deux requêtes aux instances supérieures. Pendant que le dossier sera étudié par les autorités, la Préfecture sera obligée de délivrer un permis de séjour temporaire au demandeur, lui donnant ainsi un délai supplémentaire qu'il peut utiliser pour tenter de régulariser sa situation.
 
bonjour,
ça donne le vertige... vers un univers Kafkaïen! en lisant tout cela il semble souffler comme un vent de liberté en Chine...
mais cela démontre une fois encore que l'on aura beau multiplier, empiler les obstacles administratifs et les barrières de toutes sortes, ça ne fera que compliquer jusqu'a l'absurde tous ceux désireux de séjourner et travailler dans la légalité en France ou en Europe... de là à dire que cela peut encourager voire dévelloper les "situations irrégulières!"... en s'affranchissant tout simplement dans la clandestinité de tous ces tracas mis en place par le "législateur" pour se donner bonne conscience... et ou tout le monde y trouvera son compte (surtout l'employeur!) la seule prise de risque étant pour le postulant!
 
...univers Kafkaïen oui, on se croirait dans Brazil! Finalement l'administration française n'a rien à envier à son homologue chinoise...ça pourrait même être l'inverse.

Pour les conjoints de Français retournant vivre en France, l'obtention de la carte de séjour "vie privée et familiale" donne apparemment le droit de travailler: http://vosdroits.service-public.fr/F2209.xhtml
Extrait:
Les étrangers, hors Espace économique européen et Suisse, qui justifient d'attaches personnelles et familiales en France peuvent se voir délivrer de plein droit une carte de séjour temporaire, dès lors qu'ils remplissent un certain nombre de conditions.
Cette carte porte la mention "vie privée et familiale".
Elle donne droit à l'exercice d'une activité professionnelle sur l'ensemble du territoire métropolitain.

Cette carte de séjour se demande sur place en France, donc il faut passer au préalable par l'étape du "visa de long séjour" au consulat ou à l'ambassade de France en Chine.