Pékin pose ses conditions avant d'investir davantage en Europe

Orang Malang

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LE MONDE du 14 septembre 2011

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La Chine est prête à investir davantage en Europe mais demande à être reconnue comme économie de marché. C'est ce qu'a déclaré, mercredi 14 septembre au Forum d'été de Davos, Wen Jiabao, son premier ministre. "La Chine pense que l'économie européenne peut rebondir" et "elle va continuer d'augmenter ses investissements en Europe", a affirmé M. Wen. Le gouvernement chinois dispose de plus de 3 000 milliards de dollars de réserves de change. Il en investit une part grandissante dans des actifs en euros et s'est déjà engagé à soutenir la Grèce, l'Espagne ou le Portugal.


Mais "j'espère que les dirigeants des principaux pays européens envisageront avec courage leur relation à la Chine, a poursuivi M. Wen, rappelant la demande de son pays de se voir accorder le statut d'économie de marché de la part de l'Union européenne. Selon le calendrier de l'Organisation mondiale du commerce, le statut d'économie de marché à part entière sera reconnu [à la Chine] en 2016. Si les pays de l'UE peuvent faire preuve de sincérité quelques années plus tôt, cela refléterait notre amitié, a-t-il déclaré. J'espère qu'il y aura des avancées sur ce sujet lors du prochain sommet UE-Chine." Ce statut permettrait de lever des restrictions sur les investissements et les exportations chinoises dans l'Union européenne.


Réaffirmant le soutien de la Chine à l'Europe, M. Wen a toutefois demandé aux gouvernements "de prendre leurs responsabilités et de mettre de l'ordre chez eux" par"des politiques efficaces et responsables". "Il faut empêcher la crise des dettes souveraines de s'étendre" et "accélérer la réforme du système économique et financier" par une meilleure coordination entre Etats, a ajouté Wen Jiabao devant quelque mille cinq cents participants – hommes d'affaires et responsables gouvernementaux – de quatre-vingt-dix pays réunis pour trois jours. Les déclarations de M. Wen interviennent alors que les grands pays émergents du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) discuteront la semaine prochaine de la possibilité devenir en aide à l'UE.
 
Sur cette histoire de BRICS et non BRIC... J'y reviens car ça m'avait interpellé dans un autre post. L'acronyme Bric (seuls 4 pays : Brésil, Russie, Inde, Chine) a été introduit en 2001 par Jim O'Neill pour parler de pays à économie émergente mais à fort potentiel du à grande population et/ou grande superficie, et suite à ça ces pays se sont rapproché et ont formé un club du même nom vers 2005, principalement pour faire pression sur les Etats-Unis et aussi favoriser des accords avantageux entre eux.

D'autres pays dont certains étaient déjà plus avancés en 2001 sont aussi souvent cités mais ils n'ont pas forcément les avantages d'échelle que possèdent les BRIC, aussi à l'époque n'étaient-ils pas regroupé dans ce sigle, ce sont par exemple : Indonésie, Mexique, Corée du Sud, Turquie.

Suite à des choses dérisoires mais pas pour tout le monde telles que l'organisation de la coupe du monde de foot 2010 et surtout du fait de ses intérêts diplomatique en Afrique, ressources de l'Afrique du Sud, ralliement d'un nouveau continent et répercussions stratégiques d'un tel rapprochement etc, Pékin a officiellement invité l'Afrique du Sud à rejoindre le club.

On a déjà commencé à voir pour Pékin l'utilité de se désigner par BRICS plutôt que BRIC. C'est une force de proposition semblant bien plus forte sur le papier (même si c'est du pipeau total). l'impact psychologique est plus fort. Par exemple il y a une dizaine de jours, les BRICS (en fait principalement une initiative chinoise quand on lisait plus plus attentivement) proposaient de soutenir leur propre agence de notation. On avait l'impression en fait, du seul fait de ce sigle, que ça avait l'aval de tout le continent sud-américain (pas seulement le Brésil), africain (pas seulement l'Afrique du Sud), et de la Russie, Inde et Chine.

Jim O'Neill qui a créé le sigle, assure que la topologie économique de l'Afrique du Sud n'est aucunement homogène avec celui des BRIC, et que cette extension du sigle induit donc en erreur.

Mais les pays sus-nommés n'en ont rien à carrer (on comprend) se sont donc emparés de l'aubaine et du sigle pour en faire leur propre outil stratégique de propagande géopolitique. C'est un peu le gars qui rajoute un S à la partie de Scrabble sur un pluriel qui existe pas mais qui - théoriquement - pourrait exister. Toujours frustrant mais c'est dans les règles.

Bref je ne sais même pas pourquoi j'éprouve moi-même un malaise à cette perspective, sans doute quelque réaction épidermique face à l'arrogance diplomatique chinoise. Voici en tout cas l'article d'O'Neill; "South Africa an economic powerhouse? 'Nowhere near' says Goldman exec", à lire ici en anglais : http://edition.cnn.com/2011/BUSINESS/04/05/jim.oneill.africa.bric/index.html.

Pour ma part je boycotterai sur ce forum et dans la suite de mes commentaires sur Internet l'acronyme BRIC avec un s, et continuerai d'utiliser BRIC dans le sens originel qui était le sien en 2001. N'y voyez rien de passéiste, mais plutôt une forme de résistance aux tentatives de forcing de la Chine dont l'article ci-dessus est encore une illustration.
 
Dernière édition:
le statut d'économie de marché à part entière sera reconnu [à la Chine] en 2016. Si les pays de l'UE peuvent faire preuve de sincérité quelques années plus tôt, cela refléterait notre amitié, a-t-il déclaré.

Elle est géniale cette phrase !
'sincérité', ça veut dire que tout le monde ment, car tout le monde sait que la Chine est déjà une économie de marché !!
'amitié' ? Traiter les gens de menteurs et d'amis dans la même phrase, c'est osé !
 
Elle est géniale cette phrase !
'sincérité', ça veut dire que tout le monde ment, car tout le monde sait que la Chine est déjà une économie de marché !!
'amitié' ? Traiter les gens de menteurs et d'amis dans la même phrase, c'est osé !

Moi je vois plutot une menace tres claire dans cette phrase. C'est une vraie tentative de chantage et le fait que Wen l'ai publiquement dit montre que la Chine se sent vraiment tres forte dans cette crise...

Ce ne me choque pas (les relations entre les dirigeants d'etats concurrents sont souvent brutales), mais ca m'inquiete.
 
Moi je vois plutot une menace tres claire dans cette phrase. C'est une vraie tentative de chantage et le fait que Wen l'ai publiquement dit montre que la Chine se sent vraiment tres forte dans cette crise...

Ce ne me choque pas (les relations entre les dirigeants d'etats concurrents sont souvent brutales), mais ca m'inquiete.

Oui, oui, c'est un chantage.

Je notais juste qu'en employant le mot "sincérité", il faisait croire que tout le monde reconnaissait déjà implicitement que la Chine est une économie de marché...

D'ailleurs, les boîtes étrangères en Chine soulignent souvent la transparence des appels d'offre, des informations, etc... ;-)

Se retrouver à poil et en laisse n'a rien de rassurant ...
Moi, j'en connais à qui ça plairait...
(bah oui, tu me tends une grosse perche là !)
 
Moi, j'en connais à qui ça plairait...
(bah oui, tu me tends une grosse perche là !)

Par les pouvoirs qui me sont conférés en tant que modérateur, je te nomme au grade de coitus eximus pour avoir pensé au plaisir et bien-être d'un membre (anonyme) de ce forum ...
 
Pourquoi les dettes des pays européens intéressent les Brics

LE MONDE du 15 septembre 2011

Au cours d'une semaine de chaos boursier sur les marchés européens, plusieurs signes se sont accumulés d'une possible intervention des pays émergents en Europe. Tout a commencé par un confidentiel du Financial Times indiquant, lundi 12 septembre, que le président du fonds souverain chinois China Investment Corp (CIC) et de hauts fonctionnaires de Pékin s'étaient rendus en Italie la semaine dernière. Puis, mardi, le quotidien économique brésilien Valor Economicohttp://www.valor.com.br/impresso/primeira-pagina/brics-articulam-acao-de-socorro-paises-europeusévoquait la possibilité d'une intervention du géant sud-américain, tandis que le ministre des finances Guido Mantega annonçait que ses homologues des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) se réuniraient jeudi 22 septembre à Washington, en marge d'une réunion du Fonds monétaire international (FMI), pour discuter de l'aide qu'ils peuvent apporter à l'Europe.
  • Quel intérêt économique pour les Brics ?
La tempête que traversent actuellement les pays membres de la zone euro inquiète tous les continents, Amérique et Asie compris. La crise de 2008 et les effets domino de la chute de la banque Lehman Brothers sont restés dans les esprits. Aucun pays ne veut donc voir se répéter un tel scénario : l'Union européenne, premier partenaire commercial de la Chine, est un marché crucial pour ses exportations. Or, si une récession européenne affectait la Chine, cela se répercuterait aussi sur l'Inde et le Brésil, qui ont des liens économiques très étroits avec la Chine. Pékin est par exemple le premier partenaire économique de Brasilia avec 56,2 milliards de dollars d'échanges bilatéraux en 2010.


Pour ces pays émergents, investir dans les titres de dette européens est aussi un moyen de diversifier leurs placements. La Chine possède les plus grandes réserves de change au monde : 3 200 milliards de dollars. La Russie dispose de 514 milliards de dollars, le Brésil, de plus de 350 milliards de dollars et l'Inde, de plus de 320 milliards de dollars. Ces fonds sont essentiellement investis dans des bons du Trésor américain, d'où l'intérêt aujourd'hui de varier leurs placements en soutenant la monnaie unique européenne.
L'objectif est notamment monétaire : en soutenant l'euro face au dollar et en investissant leurs réserves de change, les Brics cherchent à éviter une trop forte hausse de leurs monnaies respectives. "Lorsque la Chine rachète de la dette en euros, elle vise en fait les taux de change, écrit l'analyste et financier Cullen Roche sur le blog Pragmatic Capitalism. Il s'agit d'une tentative de maintenir l'euro fort, ce qui favorise les relations commerciales [de la Chine] avec l'Europe."


Enfin, les Brics dépendent encore largement des investissements des pays au développement plus ancien : en Inde, par exemple, les investissements directs étrangers (IDE) des pays membres de l'UE représentent plus de 20 % des IDE (voir les Lien retiré indien). Si une crise mondiale provoquait un retrait de ces investisseurs, cela entraînerait une panique au niveau national.
  • L'objectif est-il également politique ?
Alors qu'on ne voit pas émerger de réponse concertée de type G20 à la crise de liquidité de la zone euro, comme après la chute de Lehman Brothers en 2008, la réunion des Brics, la semaine prochaine à Washington, peut donner l'impression qu'une réponse collective est apportée. Valor Economico résume ainsi les bénéfices politiques pour les Brics à tirer d'une telle intervention : "apparaître publiquement comme des contributeurs directs à la stabilisation des marchés et montrer à quel point l'équilibre de l'économie mondiale a changé".


De son côté, Pékin a un intérêt bien particulier à consolider ses investissements en Europe, formulé mercredi par le premier ministre Wen Jiabao : "J'espère que les dirigeants européens envisageront avec courage leur relation à la Chine." Concrètement, la Chine espère que l'Union européenne, en échange de rachats de titres en euros, lui accorde le statut d'économie de marché, avant la reconnaissance prévue par l'Organisation mondiale du commerce en 2016. Ce statut permettrait en effet delever les dernières restrictions sur les investissements et les exportations chinoises dans l'UE.
  • Des difficultés à surmonter
Les Brics ne sont pas un groupe de nations homogène : entre le modèle économique russe et celui de l'Inde, il y a un gouffre. La politique monétaire chinoise avec son yuan sous-évalué est par ailleurs une source de frictions récurrentes pour ses partenaires. Les exportations chinoises bon marché ont ainsi décimé le secteur manufacturier brésilien et le textile en Afrique du Sud. Les Brics n'ont encore jamais réussi à agir d'un même élan. Ils ont notamment été incapables de s'entendre pour présenter un candidat commun pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI.


Il semble que le Brésil soit le pays le plus motivé pour venir en aide à l'Europe. La Chine a déjà investi des douzaines de milliards de dollars dans des titres de dette grecs, portugais et espagnols et pose de nombreuses conditions à un nouvel engagement. L'Inde, dont 20 % des avoirs sont constitués d'obligations européennes, souhaite maintenir ce ratio, a indiqué mercredi à Reuters un responsable indien. Delhi considère avec scepticisme une réponse centrée sur les seuls Brics et lui préférerait une intervention plus large du FMI, analyse leFinancial Times. La Russie s'est montrée de son côté très sceptique, des responsables indiquant à l'AFP mercredi que les demandes de rachats de titres en euros seraient étudiées au cas par cas.


Car ces pays doivent convaincre leur opinion publique du bien-fondé de ces investissements. Le fonds chinois CIC avait été particulièrement critiqué pouravoir investi massivement à Wall Street avant 2008, dans des titres qui se sont effondrés. La Chine est donc à la recherche d'investissements sûrs. Tout comme le Brésil, dont le directeur de la politique monétaire de la banque centrale, Aldo Mendes, a refroidi l'enthousiasme du ministre des finances Guido Mantega, indiquant mardi que "l'objectif principal de notre politique d'investissement est la sécurité".
  • Quels sont les scénarios possibles ?
L'option la plus probable est que les Brics se mettent d'accord pour acheter une quantité minime de titres en euros, à grand renfort de communication. L'objectif serait d'afficher un soutien symbolique, à même d'injecter de l'optimisme dans le marché moribond européen. Pour Valor Economico, l'investissement pourrait êtreencore plus modéré et concerner les dettes des pays les plus sûrs, principalement l'Allemagne et la Grande-Bretagne.


La réunion qui se tiendra jeudi 22 septembre sera en tout cas observée avec grand intérêt. Le soutien des Brics à la dette des pays européens est un"développement intéressant", a indiqué mercredi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, Lien retiréLien retiré. "Mais s'ils se limitent à acheterdes titres jugés sûrs par tous, comme [les titres] allemands ou britanniques, ils ne prendront pas beaucoup de risques. Mon espoir est que, si des interventions de ce genre ont lieu, elles soient larges et ne se limitent pas aux titres sûrs de certains Etats."
 
Je propose une alternative.

Et si on instaurait une économie protectionniste (pourquoi ne pas baser la taxation fortement sur l'impact environnemental?) en rapatriant nos capitaux de Chine avant qu'une poignée de ripous liés au PCC ne les volent?

J'ai de plus en plus de mal à trouver des raisons de défendre l'ultraliberalisme et la dérégulation financière vu ce que ces choses font au monde. Personne n'a choisit ce systeme et je ne comprend pas en quoi il devrait aller de soit.