C
China Lover
Guest
Bonjour à tous,
Vivant depuis quelques mois l'aventure chinoise dans une province reculée de ce grand et beau pays, je souhaite partager mon expérience avec ceux qui seraient tentés de rejoindre notre belle communauté.
Tout d'abord, je tiens à dire que de tous les choix que j'aie pu faire durant ma vie, celui de m'expatrier est probablement le plus heureux! Nulle raison de m'étendre sur le sujet, aussi je vais passer au sujet qui nous intéresse:
Lorsque j'ai manifesté l'envie de venir vivre et travailler ici, je me suis assuré d'avoir de nombreux contacts dans les villes et zones dans lesquelles je souhaitais postuler. Cela paraît évident, mais un paquet de gens n'y pensent pas. Non seulement il faut se faire un carnet d'adresses, mais aussi, il est plus qu'indispensable de l'entretenir.
Et ça, c'est parfois un boulot à plein temps!
Voilà pour le premier conseil.
Le second maintenant : J'imagine que la plupart des candidats à l'expatriation doivent avoir le même genre de réflexe, en apparence logique : On a toujours une bonne raison de quitter sa terre et ses proches, autrement, on ne les quitte pas. Vous quittez donc votre pays et votre culture pour venir vous établir sur une terre et dans un milieu culturel complètement différent, en venant en Asie, en général, et en Chine en particulier.
Et donc, naturellement, vous vous dites que si vous deviez offrir votre confiance à quelqu'un, comme ça, spontanément, ce serait prioritairement à un de vos semblables.
Après tout, si il / elle est ici, c'est probablement pour les mêmes raisons que vous. Donc bon.
Voici donc l'histoire de ma première expérience en Chine. Lisez bien, relisez si nécessaire. Et dites vous qu'en Asie, la confiance se mérite. Peut être plus ici qu'ailleurs.
Je suis venu en début d'année pour prospecter, travaillant dans l'architecture et ayant rencontré de nombreuses désillusions dans les agences hexagonales en France - et n'ayant plus foi en rien dans notre magnifique pays.
Ayant de nombreux amis en Asie, partis s'installer quand l'odeur devenait désagréable en Europe, j'acceptais enfin leur aimable invitation.
Je prenais donc un billet AR pour Shanghai et quelques autres billets pour me rendre aux entretiens à Hong Kong et Hanoï. J'arrivais à Shanghai, aimablement accueilli par de fidèles amis et logés dans un appartement spacieux et proche des commodités. Je commençais donc mes prospections sur place, cette fois, et enchainais les entretiens. Certains peu sérieux, d'autres plus aboutis.
Et puis, par le biais d'un ami, je rencontrais un recruteur français à Shanghai. Celui-ci, emballé par mes références et mon expérience décidait de me présenter à un de ses amis, un français également, dont l'agence siégeait à Shanghai, mais qui souhaitait développer son activité dans l'Ouest sauvage et en plein essor.
J'avais eu de nombreux entretiens avec des agences chinoises, internationales, à Shanghai. Ce jeune designer, qui se vantait d'avoir réalisé quelques intérieurs d'établissements de renom à Shanghai, m'expliquait qu'il avait un bureau à Urumqi, dans le Xinjiang, et qu'il lui fallait trouver quelqu'un capable de diriger l'antenne régionale, moyennant un beau package. Il m'informait également, qu'au regard de la santé de l'économie locale, il lui fallait maintenant se tourner vers d'autres horizons et qu'il envisageait de fermer l'antenne Shanghaienne pour relocaliser dans le Xinjiang. Conscient de la réalité écononmique de la Chine, je n'y voyais aucun inconvénient, Shanghai m'apparaissant plus comme un piège à fric que comme une destination de premier choix pour quelqu'un qui souhaitait donner un nouvel essor à sa vie professionnelle.
Il me montrait donc des photos des lieux, certes magnifiques, m'expliquant les avantages que j'aurais à m'installer dans cette région qui peut paraître un peu hostile et éloignée (c'est beau mais c'est loin, pour reprendre une formule consacrée), et puis surtout, de façon fort sympathique, m'invitait à l'y rejoindre quelques jours pour me faire une idée plus précise.
La proposition qu'il me fit, était alléchante:
Un salaire net de 23000 RMB/mois, plus un pourcentage sur le bénéfice annuel, plus la retraite en France, plus l'assurance santé, plus un logement payé par l'agence et enfin, le réglement du vol depuis la France, vers Urumqi.
N'ayant que peu de temps entre mes prochains séjours Hong Kongais et Vietnamien et avant mon retour en France, je n'avais plus les moyens de réaliser ce périple. Il m'offrit de me payer le vol, mais n'ayant plus de temps, je devais décliner.
Bon: au moins mon séjour en Chine et au Vietnam aura été parfait! Digne d'entrer dans la rubrique "mes meilleurs souvenirs". Et je revenais avec 3 propositions sérieuses.
Je rentrais en France à la mi- Avril, après des entretiens moins alléchants obtenus de haute lutte à HK et Hanoï, et, après les deux premières semaines de réflexion décidais d'écarter les deux autres propositions - pourtant sérieuses - pour choisir celle qui était censée m'offrir le nouveau départ dont je rêvais, conquis par cette proposition qui s'avérait moins formelle et plus qu'amicale...
Ce jeune patron français décidait alors d'engager les formalités administratives nécessaires à l'obtention de mon visa. Et me proposait de démarrer mon nouveau job en me donnant un concours à réaliser pour une école dans une ville proche de la frontière avec le Kazakhstan. En dix jours le projet était monté, et l'agence remportait bientôt son premier concours dans cette ville. J'étais ravi. Pendant ce temps, les paperasseries avancaient... Un deuxième projet arrivait très vite, avec une opération immobilière de 250 000 m² à construire dans un quartier de la ville. Je passais du temps à récolter les références, dessiner les plans, avec le peu d'infos dont je disposais, en particulier au sujet de la réglementation chinoise, et locale. De son côté, les paperasseries trainaient. Mais ce retard était également du fait de l'incroyable machine administrative française.
Quand je lui posais la question : <<Est-ce que le travail fourni - et de qualité - sera rémunéré?>>, il me répondait : <<Oui ne t'inquiètes pas. Mais pour l'instant je ne peux pas effectuer de versements sur ton compte français, je ne peux le faire que sur un compte chinois. Tu comprends, les règles...>>.
Entre temps, ce jeune patron français modèle, m'informait que je devais partager mon appartement durant les premiers mois avec deux autres transfuges de Shanghai, selon ses termes pour consolider les liens de l'équipe et faire en sorte que l'on soit moins perdus dans cette grande ville d'apparence hostile. Cette idée ne me paraissait pas idiote, d'autant qu'il m'assurait que cela ne durerait que les premiers mois.
Finalement, après un long mois et demi de tractations, je me voyais offrir les précieux documents d'invitation par le gouvernement chinois.
Je demandais donc à l'agence de prendre les billets depuis Marseille jusqu'à Shanghai. Mais là, première surprise, la secrétaire ne parvenait pas à prendre les billets depuis la Chine... Tout en m'assurant que je serais remboursé par l'agence plus tard, et dès que j'aurais ouvert un compte dans une banque chinoise.
Je payais donc ces billets de ma poche. Mais j'étais tellement content de pouvoir enfin quitter la France et vivre une telle aventure que je ne prêtais aucune attention aux détails.
J'effectuais toutes les démarches administratives demandées aussi bien par la France que par la Chine. Puis je vendais ma voiture : <<Elle ne me sera plus d'aucune utilité, et ça me fera au moins de l'argent... Pour payer mes impôts en France.>>
Je passais ensuite un mois à Shanghai, durant lesquels je travaillais toujours pour l'agence, à distance, et de façon très épisodique. Lui m'assurait que tout était prêt pour ma venue ici et me proposait enfin le contrat qui devait servir de base pour l'établissement de mon visa permanent.
A la lecture de celui-ci, je découvrais que celui-ci était enregistré pour Shanghai, et non pour Urumqi, puis, que mon salaire et mes avantages étaient bien différents de ceux qui avaient été mentionnés durant notre entretien. Après une explication avec la secrétaire d'abord, puis avec lui ensuite, il m'assurait que ce contrat serait remplacé par un autre, enregistré pour Urumqi, et avec tous les avantages dont nous avions discuté préalablement. Mais mon visa étant subordonné à ce contrat, je ne pouvais refuser de le signer.
J'ouvrais mon compte bancaire chinois ici (une calamité => Tout n'étant rédigé qu'en Chinois), puis demandais à l'agence de me verser le prix du billet, ce qu'ils firent... Pour le trajet Paris - Marseille seulement.
Il décidait de passer quelques jours sur Shanghai, officiellement pour affaires, et lors d'un diner dans un restaurant qu'il aurait dessiné, il me rassurait en me disant que mon prochain contrat prendrait en compte le fait que j'aie déjà effectué un bon travail durant les précédents mois, et que par conséquent, la période d'essai était d'ores et déjà terminée et validée. Puis il termina le dîner en narrant ses exploits et son train de vie dantesque durant sa vie Shanghaienne... Pour ceux qui connaissent Shanghai, aucun besoin de faire de commentaires, vous aurez deviné de quoi je veux parler.
Au terme d'un mois d'attente, justifié par les difficultés d'obtention des autorisations dans cette province reculée et souvent secouée par des heurts inter-communautaires, je prenais enfin un vol pour Urumqi.
L'agence prenait en compte le prix du vol, le fret de mes bagages ainsi que le déplacement depuis l'aéroport jusqu'à l'appartement.
Je prenais donc officiellement mes fonctions au sein de l'équipe le 17 Juillet.
Là, je découvrais que certains de mes collègues (et colocataires) n'étaient pas régulièrement payés. Puis vint le communiqué de la direction, nous informant qu'en raison de problèmes de comptabilité, seuls les employés chinois - indispensables car préparant les rendus et images et effectuant la comptabilité - seaient rémunérés durant le mois de Juillet...
Au fait, vous ai-je dit que j'étais supposé être rémunéré pour mon travail effectué depuis le 1er Mai?
Un autre entretien avec ce jeune patron français modèle : <<Donc, puisque tu as pris tes fonctions à la mi-Juillet, tu percevras le pourcentage de ton salaire équivalent à ce temps effectué.>>
Autant dire que cela ne m'enchantait guère. Et la motivation n'était déjà plus au rendez-vous.
Lorsque vint la première (oui oui, la première), mouture du contrat sur Urumqi, je pensais qu'enfin j'aurais une base solide. Eh non!
Les termes avaient évolué. Et pas dans le sens que j'espérais. Je renvoyais donc ce contrat, en insistant sur le fait que je souhaitais que les termes soient respectés.
Deux semaines (oui oui, deux semaines) plus tard, la seconde mouture apparut. Encore des imprécisions, et les corrections que j'avais demandé n'étaient pas abouties. Je renvoyais une fois encore le contrat à l'expéditeur.
La troisième mouture semblait presque bonne, mais je refusais de le signer en l'état, n'ayant encore trouvé aucune satisfaction à le lire. Et ma période d'essai prenait soudainement effet depuis ma date d'arrivée à Urumqi (souvenez-vous, le 17 Juillet), pour s'achever le 17 Septembre. On était bien loin des promesses de nos précédents entretiens.
Les jours passaient, et aucune nouvelle ne filtrait. Je demandais à la secrétaire : <<Qu'en est-il des corrections du contrat?>>, et elle me répondait : <<La direction ne m'a pas encore dit de l'imprimer.>>
Je demandais si il y avait lieu de m'inquiéter, et la encore, le même genre de réponse que j'avais désormais pour habitude de recevoir : <<Non, aucune raison de s'inquiéter.>>
Mais je savais désormais que je ne signerais jamais de contrat.
Quelques jours plus tard, une réunion de crise devait avoir lieu, un lundi matin.
Le jeune patron modèle nous faisant tout un topo sur la crise, les problèmes financiers, et nous exortant à travailler d'arrache pieds pour sortir l'entreprise de l'ornière. Les projets étaient là. Les clients au rendez-vous. Il fallait juste être patient.
A partir de cet instant, j'ai su que je partirais le premier.
Et effectivement, quelques jours plus tard, la direction (sa femme ouighour et lui donc) me convoquaient pour un entretien de fin de période d'essai... Pour me signifier que celle-ci prenait fin, définitivement. La raison? <<Nous ne pouvons plus assurer le paiement de ton salaire, et tu sembles mettre du temps à t'adapter au process Chinois. Mais ne t'inquiètes pas, ton visa vaut pour un an, et je ne l'annulerais pas. Fais simplement attention à ne pas faire de conneries, hein!? Et pour l'appart, tu peux y rester encore un peu, après quoi je te paies le billet retour pour Shanghai.>>
Je n'ai signé aucun contrat. Donc en d'autres termes, aucune compensation de départ, aucune assurance, rien.
Je suis toujours dans l'appartement, avec un visa permanent illégalement préparé, un contrat frauduleux, et sans argent.
Et cette épée de Damoclès qui n'attend qu'une chose, c'est que cette enflure décide de mettre fin à mon visa.
Depuis, j'ai fait mon enquête. Et tous ceux qui l'ont cotoyé me disent la même chose : Méfies-toi de ce type, il est louche et il raconte pas mal de conneries. Tu ne peux pas lui faire confiance.
Ah vraiment?!?
Et donc mon principal objectif, maintenant, est de survivre, et de rentrer sur Shanghai. Bien sûr, je n'espère pas avoir de billet retour de sa part.
Voilà. Maintenant si vous avez des questions, je vous en prie, posez les. Je me ferais une joie d'y répondre.
Mais un conseil, un vrai gros conseil : Si vous venez en Asie, peu importe qui vous reçoit, quelles promesses sont faites, ou l'impression que vous avez. Faites des recherches, confrontez les témoignages, creusez, déterrez les cadavres s'il le faut, mais n'espérez rien d'exceptionnel.
Ah oui. Il est possible que vous vous disiez qu'il vaut mieux être malhonnête et peu scrupuleux dans ce monde. Je ne vous blâmerais pas si vous pensez ça.
Pour ma part, je reste plus que jamais attaché aux principes que j'ai fait miens : Traitez toujours les autres comme vous aimeriez qu'ils vous traitent. Cela ne vous empêchera pas de vous faire avoir, mais au moins, vous aurez de bonnes surprises aussi.
Précisément parce que mes amis peuvent compter sur moi, je peux compter sur eux.
Maintenant, je vous laisse, j'ai un ou deux problèmes à régler...
PS: Je suis sûr que vous vous demandez qui est ce jeune patron modèle! Réponse en MP.
Vivant depuis quelques mois l'aventure chinoise dans une province reculée de ce grand et beau pays, je souhaite partager mon expérience avec ceux qui seraient tentés de rejoindre notre belle communauté.
Tout d'abord, je tiens à dire que de tous les choix que j'aie pu faire durant ma vie, celui de m'expatrier est probablement le plus heureux! Nulle raison de m'étendre sur le sujet, aussi je vais passer au sujet qui nous intéresse:
Lorsque j'ai manifesté l'envie de venir vivre et travailler ici, je me suis assuré d'avoir de nombreux contacts dans les villes et zones dans lesquelles je souhaitais postuler. Cela paraît évident, mais un paquet de gens n'y pensent pas. Non seulement il faut se faire un carnet d'adresses, mais aussi, il est plus qu'indispensable de l'entretenir.
Et ça, c'est parfois un boulot à plein temps!
Voilà pour le premier conseil.
Le second maintenant : J'imagine que la plupart des candidats à l'expatriation doivent avoir le même genre de réflexe, en apparence logique : On a toujours une bonne raison de quitter sa terre et ses proches, autrement, on ne les quitte pas. Vous quittez donc votre pays et votre culture pour venir vous établir sur une terre et dans un milieu culturel complètement différent, en venant en Asie, en général, et en Chine en particulier.
Et donc, naturellement, vous vous dites que si vous deviez offrir votre confiance à quelqu'un, comme ça, spontanément, ce serait prioritairement à un de vos semblables.
Après tout, si il / elle est ici, c'est probablement pour les mêmes raisons que vous. Donc bon.
Voici donc l'histoire de ma première expérience en Chine. Lisez bien, relisez si nécessaire. Et dites vous qu'en Asie, la confiance se mérite. Peut être plus ici qu'ailleurs.
Je suis venu en début d'année pour prospecter, travaillant dans l'architecture et ayant rencontré de nombreuses désillusions dans les agences hexagonales en France - et n'ayant plus foi en rien dans notre magnifique pays.
Ayant de nombreux amis en Asie, partis s'installer quand l'odeur devenait désagréable en Europe, j'acceptais enfin leur aimable invitation.
Je prenais donc un billet AR pour Shanghai et quelques autres billets pour me rendre aux entretiens à Hong Kong et Hanoï. J'arrivais à Shanghai, aimablement accueilli par de fidèles amis et logés dans un appartement spacieux et proche des commodités. Je commençais donc mes prospections sur place, cette fois, et enchainais les entretiens. Certains peu sérieux, d'autres plus aboutis.
Et puis, par le biais d'un ami, je rencontrais un recruteur français à Shanghai. Celui-ci, emballé par mes références et mon expérience décidait de me présenter à un de ses amis, un français également, dont l'agence siégeait à Shanghai, mais qui souhaitait développer son activité dans l'Ouest sauvage et en plein essor.
J'avais eu de nombreux entretiens avec des agences chinoises, internationales, à Shanghai. Ce jeune designer, qui se vantait d'avoir réalisé quelques intérieurs d'établissements de renom à Shanghai, m'expliquait qu'il avait un bureau à Urumqi, dans le Xinjiang, et qu'il lui fallait trouver quelqu'un capable de diriger l'antenne régionale, moyennant un beau package. Il m'informait également, qu'au regard de la santé de l'économie locale, il lui fallait maintenant se tourner vers d'autres horizons et qu'il envisageait de fermer l'antenne Shanghaienne pour relocaliser dans le Xinjiang. Conscient de la réalité écononmique de la Chine, je n'y voyais aucun inconvénient, Shanghai m'apparaissant plus comme un piège à fric que comme une destination de premier choix pour quelqu'un qui souhaitait donner un nouvel essor à sa vie professionnelle.
Il me montrait donc des photos des lieux, certes magnifiques, m'expliquant les avantages que j'aurais à m'installer dans cette région qui peut paraître un peu hostile et éloignée (c'est beau mais c'est loin, pour reprendre une formule consacrée), et puis surtout, de façon fort sympathique, m'invitait à l'y rejoindre quelques jours pour me faire une idée plus précise.
La proposition qu'il me fit, était alléchante:
Un salaire net de 23000 RMB/mois, plus un pourcentage sur le bénéfice annuel, plus la retraite en France, plus l'assurance santé, plus un logement payé par l'agence et enfin, le réglement du vol depuis la France, vers Urumqi.
N'ayant que peu de temps entre mes prochains séjours Hong Kongais et Vietnamien et avant mon retour en France, je n'avais plus les moyens de réaliser ce périple. Il m'offrit de me payer le vol, mais n'ayant plus de temps, je devais décliner.
Bon: au moins mon séjour en Chine et au Vietnam aura été parfait! Digne d'entrer dans la rubrique "mes meilleurs souvenirs". Et je revenais avec 3 propositions sérieuses.
Je rentrais en France à la mi- Avril, après des entretiens moins alléchants obtenus de haute lutte à HK et Hanoï, et, après les deux premières semaines de réflexion décidais d'écarter les deux autres propositions - pourtant sérieuses - pour choisir celle qui était censée m'offrir le nouveau départ dont je rêvais, conquis par cette proposition qui s'avérait moins formelle et plus qu'amicale...
Ce jeune patron français décidait alors d'engager les formalités administratives nécessaires à l'obtention de mon visa. Et me proposait de démarrer mon nouveau job en me donnant un concours à réaliser pour une école dans une ville proche de la frontière avec le Kazakhstan. En dix jours le projet était monté, et l'agence remportait bientôt son premier concours dans cette ville. J'étais ravi. Pendant ce temps, les paperasseries avancaient... Un deuxième projet arrivait très vite, avec une opération immobilière de 250 000 m² à construire dans un quartier de la ville. Je passais du temps à récolter les références, dessiner les plans, avec le peu d'infos dont je disposais, en particulier au sujet de la réglementation chinoise, et locale. De son côté, les paperasseries trainaient. Mais ce retard était également du fait de l'incroyable machine administrative française.
Quand je lui posais la question : <<Est-ce que le travail fourni - et de qualité - sera rémunéré?>>, il me répondait : <<Oui ne t'inquiètes pas. Mais pour l'instant je ne peux pas effectuer de versements sur ton compte français, je ne peux le faire que sur un compte chinois. Tu comprends, les règles...>>.
Entre temps, ce jeune patron français modèle, m'informait que je devais partager mon appartement durant les premiers mois avec deux autres transfuges de Shanghai, selon ses termes pour consolider les liens de l'équipe et faire en sorte que l'on soit moins perdus dans cette grande ville d'apparence hostile. Cette idée ne me paraissait pas idiote, d'autant qu'il m'assurait que cela ne durerait que les premiers mois.
Finalement, après un long mois et demi de tractations, je me voyais offrir les précieux documents d'invitation par le gouvernement chinois.
Je demandais donc à l'agence de prendre les billets depuis Marseille jusqu'à Shanghai. Mais là, première surprise, la secrétaire ne parvenait pas à prendre les billets depuis la Chine... Tout en m'assurant que je serais remboursé par l'agence plus tard, et dès que j'aurais ouvert un compte dans une banque chinoise.
Je payais donc ces billets de ma poche. Mais j'étais tellement content de pouvoir enfin quitter la France et vivre une telle aventure que je ne prêtais aucune attention aux détails.
J'effectuais toutes les démarches administratives demandées aussi bien par la France que par la Chine. Puis je vendais ma voiture : <<Elle ne me sera plus d'aucune utilité, et ça me fera au moins de l'argent... Pour payer mes impôts en France.>>
Je passais ensuite un mois à Shanghai, durant lesquels je travaillais toujours pour l'agence, à distance, et de façon très épisodique. Lui m'assurait que tout était prêt pour ma venue ici et me proposait enfin le contrat qui devait servir de base pour l'établissement de mon visa permanent.
A la lecture de celui-ci, je découvrais que celui-ci était enregistré pour Shanghai, et non pour Urumqi, puis, que mon salaire et mes avantages étaient bien différents de ceux qui avaient été mentionnés durant notre entretien. Après une explication avec la secrétaire d'abord, puis avec lui ensuite, il m'assurait que ce contrat serait remplacé par un autre, enregistré pour Urumqi, et avec tous les avantages dont nous avions discuté préalablement. Mais mon visa étant subordonné à ce contrat, je ne pouvais refuser de le signer.
J'ouvrais mon compte bancaire chinois ici (une calamité => Tout n'étant rédigé qu'en Chinois), puis demandais à l'agence de me verser le prix du billet, ce qu'ils firent... Pour le trajet Paris - Marseille seulement.
Il décidait de passer quelques jours sur Shanghai, officiellement pour affaires, et lors d'un diner dans un restaurant qu'il aurait dessiné, il me rassurait en me disant que mon prochain contrat prendrait en compte le fait que j'aie déjà effectué un bon travail durant les précédents mois, et que par conséquent, la période d'essai était d'ores et déjà terminée et validée. Puis il termina le dîner en narrant ses exploits et son train de vie dantesque durant sa vie Shanghaienne... Pour ceux qui connaissent Shanghai, aucun besoin de faire de commentaires, vous aurez deviné de quoi je veux parler.
Au terme d'un mois d'attente, justifié par les difficultés d'obtention des autorisations dans cette province reculée et souvent secouée par des heurts inter-communautaires, je prenais enfin un vol pour Urumqi.
L'agence prenait en compte le prix du vol, le fret de mes bagages ainsi que le déplacement depuis l'aéroport jusqu'à l'appartement.
Je prenais donc officiellement mes fonctions au sein de l'équipe le 17 Juillet.
Là, je découvrais que certains de mes collègues (et colocataires) n'étaient pas régulièrement payés. Puis vint le communiqué de la direction, nous informant qu'en raison de problèmes de comptabilité, seuls les employés chinois - indispensables car préparant les rendus et images et effectuant la comptabilité - seaient rémunérés durant le mois de Juillet...
Au fait, vous ai-je dit que j'étais supposé être rémunéré pour mon travail effectué depuis le 1er Mai?
Un autre entretien avec ce jeune patron français modèle : <<Donc, puisque tu as pris tes fonctions à la mi-Juillet, tu percevras le pourcentage de ton salaire équivalent à ce temps effectué.>>
Autant dire que cela ne m'enchantait guère. Et la motivation n'était déjà plus au rendez-vous.
Lorsque vint la première (oui oui, la première), mouture du contrat sur Urumqi, je pensais qu'enfin j'aurais une base solide. Eh non!
Les termes avaient évolué. Et pas dans le sens que j'espérais. Je renvoyais donc ce contrat, en insistant sur le fait que je souhaitais que les termes soient respectés.
Deux semaines (oui oui, deux semaines) plus tard, la seconde mouture apparut. Encore des imprécisions, et les corrections que j'avais demandé n'étaient pas abouties. Je renvoyais une fois encore le contrat à l'expéditeur.
La troisième mouture semblait presque bonne, mais je refusais de le signer en l'état, n'ayant encore trouvé aucune satisfaction à le lire. Et ma période d'essai prenait soudainement effet depuis ma date d'arrivée à Urumqi (souvenez-vous, le 17 Juillet), pour s'achever le 17 Septembre. On était bien loin des promesses de nos précédents entretiens.
Les jours passaient, et aucune nouvelle ne filtrait. Je demandais à la secrétaire : <<Qu'en est-il des corrections du contrat?>>, et elle me répondait : <<La direction ne m'a pas encore dit de l'imprimer.>>
Je demandais si il y avait lieu de m'inquiéter, et la encore, le même genre de réponse que j'avais désormais pour habitude de recevoir : <<Non, aucune raison de s'inquiéter.>>
Mais je savais désormais que je ne signerais jamais de contrat.
Quelques jours plus tard, une réunion de crise devait avoir lieu, un lundi matin.
Le jeune patron modèle nous faisant tout un topo sur la crise, les problèmes financiers, et nous exortant à travailler d'arrache pieds pour sortir l'entreprise de l'ornière. Les projets étaient là. Les clients au rendez-vous. Il fallait juste être patient.
A partir de cet instant, j'ai su que je partirais le premier.
Et effectivement, quelques jours plus tard, la direction (sa femme ouighour et lui donc) me convoquaient pour un entretien de fin de période d'essai... Pour me signifier que celle-ci prenait fin, définitivement. La raison? <<Nous ne pouvons plus assurer le paiement de ton salaire, et tu sembles mettre du temps à t'adapter au process Chinois. Mais ne t'inquiètes pas, ton visa vaut pour un an, et je ne l'annulerais pas. Fais simplement attention à ne pas faire de conneries, hein!? Et pour l'appart, tu peux y rester encore un peu, après quoi je te paies le billet retour pour Shanghai.>>
Je n'ai signé aucun contrat. Donc en d'autres termes, aucune compensation de départ, aucune assurance, rien.
Je suis toujours dans l'appartement, avec un visa permanent illégalement préparé, un contrat frauduleux, et sans argent.
Et cette épée de Damoclès qui n'attend qu'une chose, c'est que cette enflure décide de mettre fin à mon visa.
Depuis, j'ai fait mon enquête. Et tous ceux qui l'ont cotoyé me disent la même chose : Méfies-toi de ce type, il est louche et il raconte pas mal de conneries. Tu ne peux pas lui faire confiance.
Ah vraiment?!?
Et donc mon principal objectif, maintenant, est de survivre, et de rentrer sur Shanghai. Bien sûr, je n'espère pas avoir de billet retour de sa part.
Voilà. Maintenant si vous avez des questions, je vous en prie, posez les. Je me ferais une joie d'y répondre.
Mais un conseil, un vrai gros conseil : Si vous venez en Asie, peu importe qui vous reçoit, quelles promesses sont faites, ou l'impression que vous avez. Faites des recherches, confrontez les témoignages, creusez, déterrez les cadavres s'il le faut, mais n'espérez rien d'exceptionnel.
Ah oui. Il est possible que vous vous disiez qu'il vaut mieux être malhonnête et peu scrupuleux dans ce monde. Je ne vous blâmerais pas si vous pensez ça.
Pour ma part, je reste plus que jamais attaché aux principes que j'ai fait miens : Traitez toujours les autres comme vous aimeriez qu'ils vous traitent. Cela ne vous empêchera pas de vous faire avoir, mais au moins, vous aurez de bonnes surprises aussi.
Précisément parce que mes amis peuvent compter sur moi, je peux compter sur eux.
Maintenant, je vous laisse, j'ai un ou deux problèmes à régler...
PS: Je suis sûr que vous vous demandez qui est ce jeune patron modèle! Réponse en MP.