Le Monde du 11/04/2015:
"Les Chinois de France s'ouvrent au loisir
La communauté chinoise en France s’autorise timidement ce qui était hier encore jugé incompatible avec la réussite : de la détente.
"Cette bulle d’air-là est insoupçonnable. Impensable pour qui a déjà eu l’occasion de s’aventurer dans le dédale des entrepôts chinois d’Aubervilliers. Pour la trouver, il faut se risquer derrière l’enchevêtrement de devantures disparates. Se glisser entre le va-et-vient des camions de ce fatras laborieux de Seine-Saint-Denis. Il s’agit d’à peine quelques mètres carrés de gazon pris au béton et au bruit. Mais d’aucuns voient là le signe des temps qui changent. Six ruches triomphantes y trônent à l’ombre des arbres. Six boîtes à essaim alignées, tel un pied de nez à la frénésie commerçante.
C’est Shang Zhong Xia, 62 ans, qui nous a menées jusqu’à ce jardin. Ce grossiste en lunettes respecté, qui ne démarre pas une seule journée sans sa séance de tai-chi, ne dévoile que rarement sa bulle secrète. Démarche tranquille, silhouette débonnaire, il a prévenu ses employés qu’il s’éclipsait quelque temps. Le trajet aurait pu se faire à pied, mais il a préféré conduire sa berline. Une fois garé, il s’est faufilé jusqu’à ce qui aurait pu être un coin à poubelles. Arrivé devant une clôture grillagée, il a sorti une clé de sa poche. Puis il a dévoilé fièrement ses merveilles : ses abeilles.
Le temps est clair ce jour-là. Shang Zhong Xia invite à s’asseoir sur l’une des chaises pliantes qu’il laisse toujours adossées à l’enclos. Il enfile son chapeau, son voile d’apiculteur. Souriant, il raconte, intarissable, comment il tient cet art de son père, le bonheur de ses pauses discrètes avec sa « reine ». Puis il se lance, soudain, dans une longue tirade : « Il n’y a pas que le travail dans la vie. Il est temps de penser à autre chose, à la santé. Si tu ne connais pas la vie, à quoi bon travailler ? » Un discours inimaginable, il y a peu, de la part d’un patron chinois ...
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"Les Chinois de France s'ouvrent au loisir
La communauté chinoise en France s’autorise timidement ce qui était hier encore jugé incompatible avec la réussite : de la détente.
"Cette bulle d’air-là est insoupçonnable. Impensable pour qui a déjà eu l’occasion de s’aventurer dans le dédale des entrepôts chinois d’Aubervilliers. Pour la trouver, il faut se risquer derrière l’enchevêtrement de devantures disparates. Se glisser entre le va-et-vient des camions de ce fatras laborieux de Seine-Saint-Denis. Il s’agit d’à peine quelques mètres carrés de gazon pris au béton et au bruit. Mais d’aucuns voient là le signe des temps qui changent. Six ruches triomphantes y trônent à l’ombre des arbres. Six boîtes à essaim alignées, tel un pied de nez à la frénésie commerçante.
C’est Shang Zhong Xia, 62 ans, qui nous a menées jusqu’à ce jardin. Ce grossiste en lunettes respecté, qui ne démarre pas une seule journée sans sa séance de tai-chi, ne dévoile que rarement sa bulle secrète. Démarche tranquille, silhouette débonnaire, il a prévenu ses employés qu’il s’éclipsait quelque temps. Le trajet aurait pu se faire à pied, mais il a préféré conduire sa berline. Une fois garé, il s’est faufilé jusqu’à ce qui aurait pu être un coin à poubelles. Arrivé devant une clôture grillagée, il a sorti une clé de sa poche. Puis il a dévoilé fièrement ses merveilles : ses abeilles.
Le temps est clair ce jour-là. Shang Zhong Xia invite à s’asseoir sur l’une des chaises pliantes qu’il laisse toujours adossées à l’enclos. Il enfile son chapeau, son voile d’apiculteur. Souriant, il raconte, intarissable, comment il tient cet art de son père, le bonheur de ses pauses discrètes avec sa « reine ». Puis il se lance, soudain, dans une longue tirade : « Il n’y a pas que le travail dans la vie. Il est temps de penser à autre chose, à la santé. Si tu ne connais pas la vie, à quoi bon travailler ? » Un discours inimaginable, il y a peu, de la part d’un patron chinois ...
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