L'amère patrie

Orang Malang

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常熟,江苏
M le magazine du Monde | 30.11.2012 à 12h28 •


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A lire certains articles et commentaires, on croirait que la France entière prépare ses valises. D'un côté, il y a ces pauvres riches fuyant le matraquage fiscal à la sauce hollandaise. De l'autre, les pauvres pauvres lassés du chômage et des petits boulots. En septembre, un appel retentissant (et un rien grandiloquent) dans les colonnes d'un quotidien (1) incitait même la jeunesse française à quitter le vieux navire en perdition ("Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous !"). Malgré cette déclinologie ambiante, tous les ans, des dizaines de milliers de Français "osent" faire le chemin inverse en retrouvant la mère patrie. Après des années d'éloignement, ces "impats" (néologisme dérivé du mot "expat") doivent réapprendre à vivre dans leur pays. Car beaucoup d'entre eux souffrent d'un syndrome encore mal connu : le choc du retour, aussi appelé "choc culturel inversé" par certains spécialistes de la mobilité internationale (2).

"Ce qui m'aide à tenir, c'est de me dire que je vais repartir un jour." Corinne Béquin n'a pas de destination précise en tête. Seule certitude : elle ne veut pas rester en France. Après sept ans en Tunisie, puis quatre en Chine, cette mère de quatre enfants se sent prisonnière de sa petite banlieue de Verneuil-sur-Seine (Yvelines) qu'elle a retrouvée la mort dans l'âme : "J'ai l'impression d'avoir vieilli d'un coup. Je me sens dépressive et j'ai des crises d'angoisse. A Shanghaï, c'était très facile de se faire des amis. Ici, je suis retombée dans l'anonymat. Je me sens comme une étrangère dans mon propre pays." Etranger dans son propre pays : l'expression revient comme un leitmotiv dans la bouche des anciens expatriés. L'atterrissage est d'autant plus brutal que la période d'expatriation a été longue (on parle du "cap des cinq ans"), le pays de résidence éloigné et le retour subi.

C'est précisément dans ces conditions que les Béquin ont reposé leurs valises en France en janvier dernier. Cadre dirigeant d'une multinationale américaine, l'époux de Corinne n'a eu d'autre choix que d'accepter sa relocalisation en région parisienne, au beau milieu de l'année scolaire. Leur vague à l'âme s'est aussitôt heurté à l'incompréhension des proches : "Votre famille ne s'attend pas à ce que vous ne soyez pas heureux de rentrer, confie Pascal Béquin. Mais la réalité est que nous nous sommes habitués à vivre loin d'eux." D'autant plus que les impatriés ne font guère pleurer dans les chaumières. Leur blues du retour passe bien souvent pour des jérémiades d'enfants gâtés inconsolables après leurs adieux déchirants... aux primes d'éloignement, à la voiture de fonction et à une domesticité vibrionnant dans leur vaste villa. En réalité, la grande majorité des Français de l'étranger vivent plutôt chichement, souvent sous contrat local et sans le fameux "package" qui fit les beaux jours de l'expatriation. De plus en plus d'émigrés, en général des jeunes, tentent l'aventure en solo sans être "détachés" par une administration ou une grande entreprise (3).

RETROUVER LEURS MARQUES

Dès lors, le choc du retour ne se résume pas à la perte d'éventuels privilèges, ni même aux tracasseries de l'administration française - pas toujours très flexible face à ces enfants prodigues de la République qui ont le mauvais goût de n'entrer dans aucune case. Le mal est plus enfoui, plus diffus, plus inavouable aussi. Après avoir elles-mêmes ressenti ce spleen, Solenn Flajoliet (six ans à Singapour) et Karolina Ehretsmann (huit années au Pakistan, aux Emirats arabes unis et en Angleterre) ont décidé d'aider tous ceux qui peinent à retrouver leurs marques en France. Ces deux "consultantes interculturelles" animent gracieusement des sessions d'information aux allures de psychothérapie de groupe, un peu comme s'il existait un désordre post-traumatique du retour.

Après tout, certaines grandes entreprises américaines ne proposent-elles pas un suivi psychologique pour aider les familles à se replonger dans le bain national ? Face à une trentaine de personnes récemment rentrées des quatre coins du monde, les deux intervenantes alternent conseils pratiques et recommandations d'ordre affectif. "Notre expatriation nous a changés, mais ce n'est qu'au retour que l'on en prend pleinement conscience. On a la langue mais plus les codes. Et, autant il est normal de se sentir étranger à l'étranger, autant il est difficile de se sentir étranger chez soi."Durant la session de deux heures, chacun est invité à lister les difficultés liées à son retour sur un post-it rose. Le tableau brossé n'est pas franchement de la même couleur : attitude négative, rigidité de l'administration et du système scolaire, froideur des rapports humains, assistanat et individualisme... L'"amère patrie" passe un mauvais quart d'heure. Rien ne semble tourner rond dans l'Hexagone. Les deux expertes en retours difficiles invitent alors l'audience à "se raccrocher aux bons côtés de la France : la beauté de ses paysages et de Paris, les arts de la table, la richesse de l'offre culturelle".

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La bonne nouvelle pour ces impats qui broient du noir arrive sous la forme d'une courbe sinusoïdale projetée sur grand écran. Après des hauts (la lune de miel de l'arrivée) et des bas (le contrecoup du retour), la réadaptation à la vie française prendrait un an en moyenne. Mais la règle n'a rien de mathématique, comme peut en témoigner Jean-François Scordia. Fuyant "le stress de Manhattan" où il travaillait dans l'hôtellerie, ce Breton aspirait à un rythme de vie plus paisible dans sa région natale. Mais, mois après mois, le rêve du retour aux sources a viré au cauchemar. En 2004, au bout de trois ans sans emploi, la confiance en berne et les finances à sec, il doit repartir aux Etats-Unis en catastrophe, avec son jeune fils et sa femme américaine, méditant amèrement le vieux diction "Nul n'est prophète en son pays". Lui qui avait enchaîné les postes à responsabilités dans les adresses les plus courues de New York doit revoir ses ambitions françaises à la baisse : "A l'ANPE, c'est tout juste s'ils ne m'ont pas proposé de devenir serveur. Je leur ai pourtant dit que j'avais eu jusqu'à soixante employés sous mes ordres." Avec ses phrases truffées d'anglicismes et son style très direct, "à l'anglo-saxonne", Jean-François Scordia se heurte au scepticisme des banques et des employeurs potentiels. Personne ne semble croire à la réalité de son rêve américain : "Quand je leur parlais de chiffres d'affaires de 10 millions de dollars pour un restaurant, ils pensaient que je racontais des bobards. Pour moi, c'est le signe d'un pays qui pense petit. On dirait qu'il y a une peur de progresser et de grandir."

Par frilosité et conservatisme, la France se prive-t-elle de tous ces talents extérieurs qui ramènent dans leurs bagages des idées nouvelles et un regard neuf sur leur vieux pays ? C'est le sentiment de bon nombre d'impats, frustrés de constater le faible intérêt que suscite leur expérience à l'étranger. Ces derniers ne servent pas toujours leur cause en entonnant un peu trop systématiquement le sempiternel refrain du "c'était mieux ailleurs" si exaspérant aux oreilles de leurs compatriotes restés dans l'Hexagone, c'est-à-dire l'immense majorité. Cela étant, les Français émigrent de plus en plus. Leur nombre à l'étranger est aujourd'hui estimé à 2,5 millions. D'où peut-être la nécessité d'aider un peu plus tous ceux qui le souhaiteraient lorsqu'ils rentrent au pays... D'ailleurs, combien sont les impatriés ? Nul ne le sait réellement, en l'absence d'un outil statistique fiable recensant ce type de mouvements migratoires. Difficile du coup de mesurer l'impact de la crise. En 2008, les médias avaient fait grand cas du retour piteux des cow-boys de la finance fuyant Londres, New York et Francfort pour venir panser leurs plaies en France, parfois aux frais de la République. Mais rien n'indique un mouvement massif de repli sur les bases françaises pour cause de crise mondiale."Tant que le chômage est à 10 %, je n'imagine pas un rush. Le chômage des jeunes, en particulier, est très élevé ici malheureusement", analyse Hélène Conway-Mouret, la ministre des Français de l'étranger.

"POINTS DE BLOCAGE"

Rien ne vaut le vécu. Après vingt-cinq ans passés en Irlande, cette ancienne universitaire de l'Institut de technologie de Dublin est plus sensibilisée que ses prédécesseurs à la problématique de l'impatriation : bien que ministre, elle doit ferrailler avec l'administration française pour obtenir la carte grise de sa Peugeot 406 ramenée d'Irlande. Et cherche à convaincre ses collègues du gouvernement (notamment de l'Intérieur, de l'Education nationale, des Affaires sociales) de la nécessité de déverrouiller les "points de blocage" qui compliquent la réinsertion :"Pour moi, la mobilité, ça se passe dans les deux sens. Vous partez, c'est très bien, vous servez la France à l'étranger. Quand vous revenez, on doit vous montrer que l'on valorise ce que vous avez acquis. On a un guichet pour sortir, on peut bien avoir un guichet pour rentrer !"

Si beaucoup d'impats se désolent de l'état dans lequel ils ont retrouvé leur pays, d'autres apprécient les avantages qu'offre encore notre "chère" République avec d'autant plus de force qu'ils en ont été privés durant des années. C'est le cas de Louisa Zanoun, historienne et chercheuse en poste à la London School of Economics (Londres), puis à l'université Concordia (Montréal). Cette fille de harkis, qui se voit comme "un pur produit de l'école républicaine", tenait absolument à scolariser sa fille, aujourd'hui âgée de 8 ans, dans un établissement français. Rentrée en juillet 2010 après douze ans à l'étranger, elle a redécouvert "un rapport à la culture" qu'elle ne trouvait pas au Canada. Aujourd'hui, cette Montreuilloise d'une quarantaine d'années s'émerveille du goût hexagonal pour le débat : "Les gens sont intéressés par ce qui se passe dans la sphère publique. En France, tout le monde a une opinion sur quelque chose."

Un contraste bienvenu, selon elle, avec les sujets de conversation passe-partout choisis pour ne fâcher personne dans les pays anglo-saxons. Louisa Zanoun n'ignore pas les travers nationaux, et particulièrement parisiens. Elle cite pêle-mêle l'agressivité, le manque de savoir-vivre et de courtoisie, les rapports sociaux tendus, l'incivisme... Mais les bruits de la comédie humaine à la française lui arrivent désormais avec un son étouffé : "Je regarde tout ça avec une sorte de détachement. Celui que j'avais à l'étranger et que j'ai gardé." Son long séjour hors du bocal national a été pour Louisa Zanoun comme un détour anthropologique qui lui a fait considérer les choses sous un autre angle. Alors, à tous les Français trop facilement insatisfaits, elle a ce message simple à faire passer : "Allez voir ce qui se passe ailleurs. Partez !" Partir ? Mais pour mieux revenir.

Christian Roudaut/Illustrations Dan Mountford(3) Contrairement à une idée répandue, le terme "expatrié" ne désigne pas que les Français envoyés par une entreprise ou une administration, mais aussi tous ceux qui tentent une aventure individuelle à l'étranger.
 
Réactions des lecteurs à cet article ...

Vos réactions (34)Réagir

BRUNO GIORDANO 03/12/2012 - 16h36
Tres bon article. En lisant les commentaires il est evident que certains lecteurs reagissent sans vraiment savoir de quoi ils parlent. Cette force de pouvoir opiner sur tout, d'avoir toujours quelque chose a dire, meme quand c'est pour dire n'importe quoi.



Serge K. 03/12/2012 - 15h19
Ah qu'il est bon de dire du mal de la France. Mais si tout est plus rose ailleurs, pourquoi reviennent-ils ? Et d'une manière plus général, ce type d'article propage l'idée que nous devrions nous adapter au monde (c-à-d au monde anglo-saxon bien évidemment, pas au monde togolais ou péruvien) et non pas le contraire. Je suis personnellement très heureux d'être inadapté ....



Lien retiré 03/12/2012 - 12h28
40 ans d'expatriation Océanie, Londres,Asie du sud est , Arabie, Golf, USA , Chine ...confirment l'excellence de votre article . Le plus gros problèmes retrouver dans tout les domaines l'étroitesse d'esprit à la Francaise Bien vu



gaby 03/12/2012 - 12h20
Beau papier. Bravo



Lien retiré 03/12/2012 - 10h40
Le plus dur, quand on rentre au pays (ne serais ce qu'en congés!) c'est parfois cette envie insidieuse, pernicieuses de tous ceux pour qu l'expatrié représente un veinard qui vit dans des lieux enchanteurs, gagne de l'argent tout ce dont ils ont rêvé (et bien sur idéalisé!) toute leur vie en n'ayant jamais le courage de "couper le cordon ombilical"... Mais, dans certaines régions de France, ce sentiment d'exclusion existe pour tout "étranger" qui n'est pas né dans la commune. Étrange réaction!!!



Arnaud Gauthier 03/12/2012 - 10h31
5 ans en Polynésie, 11 ans en Suisse, dont une partie à Zürich (côté germanophone donc). Je crois que j'aurais bien du mal à faire à une mentalité et une ambiance purement française. J'ai déjà du mal parfois en Suisse où on est habitué à travailler en 3 langues minimum. Il faut dire que j'ai toujours ou presque travaillé dans des environnements multinationaux. Je comprend très bien ce blues: on adore venir en vacances en France, mais on y est plus tout à fait chez soi.



CATHERINE LEFEVRE 03/12/2012 - 10h22
J'ai beaucoup aimé cet article, j'y ai retrouvé des sensations vécues il y a 32 ans après 9 ans d'absence ! Pas eu de problèmes de recherche d'emploi puisque enseignante donc réintégrée sur un poste . Mais rentrée d'une petite ville au Nord du Sahara j'ai eu du mal à me réadapter, j'étais seule dans un endroit inconnu... J'ai mis 3 ans à me sentir à l'aise ! Question de vie si différente... On est paumé, mal compris. Certains commentaires sont stupides, mesquins, à ne pas vouloir admettre cela !



Patrick 03/12/2012 - 10h19
17 années en Asie, retour paradoxal: très facile au quotidien et très difficile sur le plan professionnel. Une chose n'est pas dite dans l'article: Les français partent mais reviennent, toujours et depuis toujours. La France n'est pas un pays d'émigrants mais d'immigrants. Et si les Français reviennent, c'est parce qu'ils aiment la France: aimez la France ET quittez la.



Loli 03/12/2012 - 09h38
Très bon article, dans lequel j'ai reconnu beaucoup d'éléments. J'ai vécu un dur contre-choc culturel après 10 ans d'Asie, il faut tout réapprendre, on se sent en décalage, on n'a effectivement plus les codes. Ça fait partie de l'expérience et plutôt bon signe : ça prouve qu'on a évolué, acquis d'autres points de vue. Chaque pays est une richesse, la France y compris, à condition d'y vivre positivement et de savoir pourquoi on part et revient (ou pas !).



BS 03/12/2012 - 13h18
J'aime ce témoignage,merci



Vellave 03/12/2012 - 08h57
"elle doit ferrailler avec l'administration française pour obtenir la carte grise de sa Peugeot 406 ramenée d'Irlande". C'est un peu normal car en Irlande, la conduite est à gauche.



Arnaud Hier
Je ne me reconnais pas dans cet article qui prend la nation comme référence plutôt que l'environnement social et culturel: le retour serait également compliqué pour une famille parisienne partie vivre à Marseille. Par ailleurs, la moitié des expats français est installée en Europe: peut-on encore parler d'expatriation/impatriation puisque notre marché de l'emploi s'étend naturellement de Lisbonne à Tallinn?



CATHERINE LEFEVRE 03/12/2012 - 10h33
En effet quand on vient de Paris vivre à Marseille on est dans un autre monde ! Si vous allez vivre à Londres aussi vous serez dépaysé ! Mais beaucoup d'expat vont dans des pays lointains et très différents à tous points de vue, y restent des années, et alors ce n'est pas simple de se réadapter, sans que cela signifie que l'on critique la France : on est décalé, les gens ne vous comprennent pas, on est pris pour un "original". J'ai vécu ça après 9ans au Nord du Sahara.



ANTOINE DUMORET Hier
Très bel article, je suis moi-même expatrié à Shanghai et je connais nombre d'impats qui sont passés par ces retours difficiles et ce complexe qui, loin de valoriser votre acquis à l'étranger, vous presse de rentrer dans les rangs en s'affranchissant à tous prix des comparaisons défavorables à la Mère Patrie...



Delacroix Pierre 03/12/2012 - 19h51
Une richesse supplémentaire, surement, mais pas chez tous les expat'. Je comprends tout à fait l'avis d'Etienne car certaines réactions font un peu "j'me la pète". Etre expat', ça ne fait pas de vous des gens plus intelligents, mais vous permet de savoir qu'un autre monde existe. Si vous choisissez (ou pas) de revenir en France, il faut comprendre que ça fait un peu l'attitude du parisien en visite dans la petite bourgade du sud. Les paysans ne vous ont pas attendus. Et merci, je suis parti...



Catherine 03/12/2012 - 17h38
@Étienne: Je comprend mal votre agressivité. Si vous pensez qu'un expat ou un impat recherche "le tapis rouge", vous vous trompez. Recommencer une vie en croyant que c'est "du tout cuit" c'est au minimum un manque de maturité et cela passe vite devant la réalité ou plutôt les réalités. Nous ne pensons pas être supérieurs parce que "partis à l'étranger" mais juste différents. Mais peut-être que c'est la différence qui vous rend agressif.



Lien retiré 03/12/2012 - 14h35
Etienne, ce n'est pas toujours le cas beaucoup d’expatriés se cantonnant dans leur micro sphère Franco- Française (ou Franco-Européenne!) et n'apprennent rien du pays d'accueil.... Par contre pour ceux qui sont ouverts sur "l'autre" et qui cherchent à connaitre d'autres cultures d'autres religions, d'autres philosophies ils reviennent possesseurs d'une richesse supplémentaire. Il n'y a aucun droit supplémentaire demandé mais on a quand même quelque chose que vous n'avez pas Quand partez vous?



Arrhhhpasnet 03/12/2012 - 12h32
Quelqu'un aurait-il mal dormi ?



Etienne Halleck 03/12/2012 - 08h42
Ben voyons. C'est pas parce que vous êtes "partis à l'étranger" que vous êtes meilleur, hein. Vous vous attendez à quoi, au tapis rouge ? Vous pensez que les entreprises vous attendent, anxieusement, en espérant que vous leur ferez l'honneur de vous choisir ? Va falloir redescendre sur terre, et vous rendre compte que comme pour tous vos compatriotes, ben faut se démener pour avoir un job. La France, c'est pas le pays du tout cuit.



Lien retiré Hier
Je connais une immigrée française au Canada. Elle était allée faire un trimestre d'été comme lectrice dans une université, pour se préparer à son travail de prof d'anglais. Elle est restée. De temps en temps elle fait un séjour prolongé en France. De retour au Canada elle fait un cauchemar: elle n'est pas restée, elle est prof d'anglais dans un collège en France. Il faut partir et rester, et prendre des vacances en France (un pays qui ne sera bientôt plus bon qu'à ça).



Mikå Hier
L'impatriation, parce qu'elle amène son lot d'expériences et la richesse de pratiques nouvelles, est un enjeu majeur à l'heure où la France a besoin de se réinventer. Content de savoir que Madame le ministre prend ce sujet à bras le corps. Merci pour la justesse et l'équilibre de cet article !



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Après être devenu humain (habitant du monde), il est difficile de refermer les barrières psychologiques qui ont sauté et de devoir ne simplement qu'être français...



CHAMPIGNAC 03/12/2012 - 11h58
"Habitant du monde"... Quelle farce ! Il n'y a que vous pour croire cette fable. Allez donc l'expliquer aux autorités et aux habitants d'un pays d'Amérique ou d'Asie. Vous allez vite redescendre de vos nuages roses.



Philippe Hier
J'avais un ami qui s'est installé en Argentine après avoir voté à gauche, voire à l’extrême gauche en France. Au bout de quelques années, devenu petit chef d'entreprise à Buenos-Aires il tient des discours fachos sur son pays d'accueil. J'ai arrêté de le fréquenter effrayé de l'entendre tenir des propos antidémocratiques et d'une violence que je ne comprends pas. Puis à y réfléchir, je me suis souvenu avoir croisé beaucoup d'expats dont les références politiques avaient basculé loin de France.



grek 03/12/2012 - 15h36
La france est un des pays les plus a gauche du monde. Bien ou pas, c'est comme ca. Les humains etant généralement et heureusement influence par leur environnement pas étonnant que les gens évoluent. Dommage que certain ne cherchent ni à écouter, ni à comprendre, mais reste bloqué sur leur reflexe franco-gauchiste.



a Cauchy Hier
Pauvres, ce sont les plus a pleindre, le "blues du retour", aller grandissez on est plus des enfants de colonie. "4 ans en Turquie ,4ans en chine,mme de sent déprimée dans sa banlieue chic" Ok..



Catherine Hier
Très bon article. Je ferais quand même deux remarques : les pays d'où viennent les impats que vous faîtes témoigner sont souvent proches au niveau climat et au niveau économique. Quitter un pays où le ciel est toujours bleu provoque souvent une dépression hivernale qui dure des années ! Et puis quitter un pays où l'insécurité économique, alimentaire, médicale, quotidienne est totale pour arriver en France est souvent un choc pas toujours si positif à vivre. Ah j'oubliais: et les amis perdus...



Lien retiré Hier
J'ai eu la chance de travailler dans plusieurs pays et pour moi, à chaque fois le retour et la réintégration en France s'est fait dans de bonnes conditions (pas toujours idéales d'un point de vue professionnel et familial) Il faut dire que j'ai toujours considéré qu'il fallait, périodiquement, regagner la mère Patrie pour ne pas, justement, se couper de ses racines et reprendre contact avec la réalité Française. L'argent un peu plus facile et le statut social un peu meilleur ne font pas tout..



MSM Hier
Je peux affirmer, d'expérience, que le passe temps favori d'une majorité d'expat est de vomir sur leur pays d'origine. Leur détestation de la France est si grande, qu'ils peuvent servilement corroborer le discours francophobe d'un américain moyen. Il est amusant de constater que par temps de crise, ils trouvent la France plus douce et la vie ici plus agréable.



Delacroix Pierre 03/12/2012 - 19h57
@Yves M. : " j'ai toujours été impliqué dans la vie des différentes communautés françaises" et ?...



Yves M 03/12/2012 - 13h11
Je suis sidéré par le commentaire de MSM. J'ai vécu 20 ans à l'étranger et j'ai toujours été impliqué dans la vie des différentes communautés françaises.

AE Hier
Etranger dans mon propre pays, c'est exactement ce que je ressens sauf que moi je n'en suis jamais parti.


Indomptable France Hier
Ainsi donc, en près de 30 ans, les mentalités n'ont pas évolué... Mais cela n'est pas surprenant dans un pays perclus de paradoxes qu'est la France.


Jess il y a 3 jours
Après 8 ans passés au Canada, je suis revenu en France pour cause de chômage. J'ai retrouvé facilement un poste et ma ré-intégration fut assez facile et rapide. Quand on a vu comment ça se passe ailleurs, on relativise les petits et gros défauts de la France. Et l'on réalise qu'on est dans des rares pays où il fait quand même assez bon vivre.



 
Ben voyons. C'est pas parce que vous êtes "partis à l'étranger" que vous êtes meilleur, hein. Vous vous attendez à quoi, au tapis rouge ? Vous pensez que les entreprises vous attendent, anxieusement, en espérant que vous leur ferez l'honneur de vous choisir ? Va falloir redescendre sur terre, et vous rendre compte que comme pour tous vos compatriotes, ben faut se démener pour avoir un job. La France, c'est pas le pays du tout cuit.
Troll spotted
 
Merci pour l'article,

Sujet assez souvent abordé avec des collègues / amis  / famille. 

Cas particulier, le contraste entre le retour après un expérience en Chine et le matraquage médiatique sur les "méchants chinois".
 
Merci pour l'article,

Sujet assez souvent abordé avec des collègues / amis / famille.

Cas particulier, le contraste entre le retour après un expérience en Chine et le matraquage médiatique sur les "méchants chinois".

Exactement, encore la semaine dernière des amis de la famille me demandaient ce que cela faisait de vivre dans un pays communiste.... Alors qu'ils vivent en France...
Bref..

Moi ce qui me marque toujours c'est cet aspect "oui mais vous ne rentrez pas dans la case X/Machin/truc" de l'administration Francaise ou des RH Francais. Dons a partir de la, rentrer sans un projet entrepreneurial presonnel précis et auto-financé ou via un rapatriement via une boite, cela frole le suicide social..

Dernier point, on sourira quand meme sur:
"C'est précisément dans ces conditions que les Béquin ont reposé leurs valises en France en janvier dernier. Cadre dirigeant d'une multinationale américaine, l'époux de Corinne n'a eu d'autre choix que d'accepter sa relocalisation en région parisienne, au beau milieu de l'année scolaire. Leur vague à l'âme s'est aussitôt heurté à l'incompréhension des proches : "Votre famille ne s'attend pas à ce que vous ne soyez pas heureux de rentrer, confie Pascal Béquin. Mais la réalité est que nous nous sommes habitués à vivre loin d'eux." D'autant plus que les impatriés ne font guère pleurer dans les chaumières. Leur blues du retour passe bien souvent pour des jérémiades d'enfants gâtés inconsolables après leurs adieux déchirants... aux primes d'éloignement, à la voiture de fonction et à une domesticité vibrionnant dans leur vaste villa. En réalité, la grande majorité des Français de l'étranger vivent plutôt chichement, souvent sous contrat local et sans le fameux "package" qui fit les beaux jours de l'expatriation. De plus en plus d'émigrés, en général des jeunes, tentent l'aventure en solo sans être "détachés" par une administration ou une grande entreprise (3)."

Oui, mais bon, sauf que la c'est pas exactement son cas en tant que cadre dirigeant de multi national... Désolé mais ce Blues la je l'ai vu chez ma mère (famille d'expat "à l'ancienne") étant gamin et oui il y a juste un moment ou on se regarde dans la glasse, on se trouve ridicule de broyer du noir et on avance!


Merci pour l'article!
 
Dernière édition:
Merci pour l'article.

Mais quand je lis certains commentaire, qui viennent surement de personnes qui n'ont jamais bouger de cet 'assistanat' dont ils se plaignent tant, ca me revulse.
Je ne comprend pas pourquoi on se retrouve si ferme, argent, travail ou politique deviennent des sujets tabous.
Et part la je montre bien que je suis un francais encore a me plaindre et a critique sans rien faire...
On a de beaux paysages c'est deja ca :)
 
Super sympa l'article. Copier aussi les commentaires c'est une première ici, non ?

Intéressant à pas mal de points de vue donc , par exemple le commentaire sur une "radicalisation" des idées à l'étranger, j'y vois :

1/ le fait d'être coupé dans une certaine mesure du pathos ambiant et familial ce qui permet de donner plus de place à la rationalité (ou le nom que vous voudrez bien lui donner),
2/ le fait d'être en dehors d'un système le fait voir sous un tout autre jour, ajoutant de la distance,
3/ le fait de comparer à d'autres civilisations ou idéologies permet d'ajouter du relief.
4/ le fait d'être privé des repères habituels peut aussi faciliter les dérives (je contesterai toutefois la connotation péjorative de dérive dans ce contexte dans la mesure où la "rive" serait justement le canal des idées préconçues),

Sinon il faudrait dans le même genre d'idée demander aux spationautes ou parachutistes comment ils ont vécu leur retour sur Terre.

C'est une vraie drogue d'être en Chine au bout de quelques années, ai déjà passé le stade où je juge impossible le fait de rentrer en France, même si on ne peut pas toujours choisir.
 
Dernière édition:
Copier aussi les commentaires c'est une première ici, non ?

Pas une première mais les rares fois où je l'ai fait, on m'avait questionné sur l'utilité ... Donc j'avais laissé tombé le principe ...

Mais pour cette article, il me semblait intéressant de les poster afin de voir les réactions des uns et des autres face à cet article ...
 
Pas une première mais les rares fois où je l'ai fait, on m'avait questionné sur l'utilité ... Donc j'avais laissé tombé le principe ...

Mais pour cette article, il me semblait intéressant de les poster afin de voir les réactions des uns et des autres face à cet article ...
Très bien fait, entre expats en Chine on rate une olympique avalanche d'autres points de vue d'expats français et c'est une bonne occasion d'apporter un peu d'air frais histoire d'un sujet.
 
C'est une vraie drogue d'être en Chine au bout de quelques années, ai déjà passé le stade où je juge impossible le fait de rentrer en France, même si on ne peut pas toujours choisir.

dans le meme genre; quand on, ou je, me demande si il n'est pas temps de quitter la Chine, il ne me viendrait pas à l'idée de pour autant "rentrer" en France... la Terre est vaste!
 
Ça doit être terrible de revenir habiter en banlieue parisienne après avoir vécu a Shanghai. Je préfère de loin les chinois aux parisiens.
 
ouais, moi je viens de passer le cap des 5 ans, et j'avoue que jai senti une sorte de deracinement, et vu que je suis la pour encore 5 ans environ, j'ose pas imaginer ce que ca va etre au retour...
heureusement que je developpe une activite independante, mais de retour en france, y'aura forcement le cap des procedures administratives a franchir, apres une fois que j'aurais pris le pli, ca me fera plaisir d'avoir acces a la diversite et surtout la creativite culturelle. en fait c'est surtout ca qui me manque, l'initiative culturelle, la liberte d'association qui engendre du lien social aussi divers que varie, etc.
ca me manque peut-etre meme plus que le fromage...
 
c'est vrai qu'au bout de 3 ans et demi que je suis la je me demande si je pourrai ré-habiter un jour en france...
à chaque fois que j'y retourne pour les vacances, au bout de quelques jours ou semaines je me sens déjà mal, à l'étroit

heureusement, je trouve que l'article donne un bon conseil
Les deux expertes en retours difficiles invitent alors l'audience à "se raccrocher aux bons côtés de la France : la beauté de ses paysages et de Paris, les arts de la table, la richesse de l'offre culturelle".
Effectivement, c'est une manière de surpasser le malaise initial. Donc ça laisse un brin d'espoir à ceux qui se disent qu'ils ne pourront jamais retourner au pays...
 
Ce qui m'aide à tenir, c'est l'idée de repartir...

oh oui, combien de mois j'ai passé comme ça entre 2 séjours généralement en mode "fermé comme une huitre" ... le pire fut de bosser 6 mois dans un mcdo à la fin de mes études avant de décrocher un premier "vrai" job en Chine, à subir les commentaires et ordres de managers frustrés de leur situation et certains autres collègues langues de putes qui eux avaient réellement un QI d'huitre...

Maintenant que je parviens à creuser petit à petit mon trou ici, cela me fait gentiment sourire de voir que certains en sont restés toujours au point mort depuis...

Et au tout début quand on rentre, on a envie d'ouvrir les yeux à tout le monde, puis une fois qu'on a compris que le français moyen en a strictement rien à batte, on finit par répondre simplement "oui oui" aux commentaires du genre "alors c'était bien le pays du soleil levant?! t'as bu du saké et mangé des sushis?!" tout en pensant bien fort, "j'habite en Chine connard!".
 
oh oui, combien de mois j'ai passé comme ça entre 2 séjours généralement en mode "fermé comme une huitre" ... le pire fut de bosser 6 mois dans un mcdo à la fin de mes études avant de décrocher un premier "vrai" job en Chine, à subir les commentaires et ordres de managers frustrés de leur situation et certains autres collègues langues de putes qui eux avaient réellement un QI d'huitre...

Maintenant que je parviens à creuser petit à petit mon trou ici, cela me fait gentiment sourire de voir que certains en sont restés toujours au point mort depuis...

Et au tout début quand on rentre, on a envie d'ouvrir les yeux à tout le monde, puis une fois qu'on a compris que le français moyen en a strictement rien à batte, on finit par répondre simplement "oui oui" aux commentaires du genre "alors c'était bien le pays du soleil levant?! t'as bu du saké et mangé des sushis?!" tout en pensant bien fort, "j'habite en Chine connard!".

Exactement le genre de commentaires que mon fils a eu de la part de ses camarades de classe: "alors, le chintock, c'est bon les sushis?". Et "P'tain, tu sais lire un bouquin en anglais?" Un peu difficile quand même.
Sa s Mais j'avoue que j'ai du mal à répondre "oui, oui" quand on me raconte des bêtises, et comme en plus, je ne suis pas bonne en argumentation. Bref, ça me joue des tours.
 
[HS on]
Deja c'est dur pour les Francais de retourner en France, alors comment font les etrangers pour s'integrer ?...
[HS off]

Lorsque je "retourne" en France, la premiere chose qui me donne envie de repartir, c'est deja d'attendre pendant une heure a l'aeroport pour recuperer les valises..
 
Merci pour l'article.
Les commentaires sont beaucoup moins durs que sur d'autres articles sur les expats!
J'imagine que les retours se ressentent differemment selon les raisons qui avaient decidees le depart initialement.