La terreur, un système de management bien français?

youmeiyou

Dieu créateur
02 Juil 2013
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Paris
Bonjour à tous,

Nous sommes sûrement nombreux à avoir subi un boss désagréable, mais surtout, pire que cela, il est fort probable que nous tombions, souvent sans le savoir, sur un manager manipulateur. Comment identifier ce style de management qui vise à asservir ses employés, et provoque souvent des dépressions voir pire?
Sylvain Cascarino nous livre quelques clés pour l'identifier et en comprendre le fonctionnement dans son ebook "Le Management par la terreur en 10 leçons".

En résumé, il décrit plusieurs points :

1) l'image
L'entreprise se doit d'avoir une image prestigieuse, de manière à ce que les candidats à l'embauche aient l'illusion de faire partie d'une élite s' ils sont retenus. Ces derniers pourront supporter des horaires à rallonge, un salaire bas et des tâches inintéressantes sans broncher. En gros, on leur vendra de la reconnaissance sociale pour les attraper (fonctionne surtout sur les jeunes diplômés).

2) l'illusion des rapports
Le boss nous tutoie et nous demande d'en faire de même pour créer une proximité parfois illusoire. Cela lui permet d'exiger plus de nous. (Ex : "tu es vraiment sûr que tu ne pourras pas faire d'heures sup ou bosser ce week-end pour avancer ce dossier? ..." ça passe mieux qu'avec un vouvoiement. ).

3) une organisation stalinienne
En gros, délimitation stricte des fonctions et de la hiérarchie. Peu de place laissée à la créativité et à l'initiative.

5) la compétition entre les collaborateurs
Faire bosser les employés en open space de manière à ce qu'ils aient honte s' ils arrivent en retard. Agencer les bureaux de manière à ce que tout le monde puisse voir l'écran des autres. Envoyer plusieurs collaborateurs sur la même mission, etc.

7) la dévalorisation psychologique permanente
Il s' agit de bien faire sentir à l'employé qu'il est nul, qu'il doit s' estimer heureux qu'on veuille bien de lui ici. On distribue régulièrement des punitions mais aussi des compliments avec parcimonie, pour éviter qu'il lâche complètement.


Il y a 10 points au total. Je vous invite à lire l'ebook original, très intéressant, dispo ici : http://www.slideshare.net/nathanseronet/ompubliclemanagementparlaterreuren10leonsversioncc

Ce sera plus parlant que ce résumé.

Personnellement, je me reconnais assez dans ces 10 points, cela me fait penser à ma situation actuelle. Je trouve ce style de management improductif et demotivant, mais heureusement, pour ma part, j'arrive à y être de moins en moins sensible. De plus, je pense qu'il ne faut pas rejeter toute la faute sur son boss non plus. C'est aussi à l'employé de prendre ses responsabilités et les bonnes décisions. J'ai aussi la sensation que ce type de management est très français, il ne me semble pas qu'on le retrouve en Chine, qu'en pensez vous?

Bonne journée à tous.
 
Dernière édition:
Ben, à part sur le point numéro 2, c'est exactement la manière de faire de pas mal de chercheurs chinois avec leurs étudiants, et c'est un truc qui m'insupporte au plus haut point.
Donc non, ce n'est pas français, ça existe partout dans le monde, les mécanismes psychologiques de ce genre d'individus étant assez universels.
 
Je n'ai travaille que quelques annees en France, mais je trouve que le "management par la terreur" s'applique bien.
Regle 1 = le chef a toujours raison ; regle 2, si le chef a tort, voir la regle 1.. etc. Je sais que c'est assez cliche, mais c'est mon experience dans 2 grands groupes Francais. Sans parler de la discrimination des genres (on m'avait fait comprendre tres rapidement que je ne pourrai pas atteindre certains postes, genre diriger un chantier, qui n'est pas un boulot de femme)..
Ce qui me gonflait le plus est que je ne trouvais pas les chefs tres competents. Donc obeir, je peux peut-etre me forcer, mais obeir a un incompetent - c'est juste pas possible.. En gros, on devient chef par l'anciennete et au regard des services rendus dans le passe.

Depuis je travaille pour un groupe americain, style tres different, qu'on peut certainement critiquer egalement, mais pas de discrimination (en tout cas moins visible) et hierarchie tres legere, avec un jugement + promotion bases sur les resultats (enfin, en theorie..)

Je ne suis pas en Chine depuis assez longtemps pour comparer.
 
C'est tout a fait ca la ou je bosse. (boite francaise)
Mais c'est egalement tout a fait ca la ou ma copine bosse (boite chinoise).

Du coup ca me semble pas etre une specificite francaise, simplement la logique humaine qui suit son cours normal (bien que debile).

Le point le plus important me semble plutot etre le fait que le redacteur de l'article s'appelle Cascarino: est il de la famille de l'un des plus grands attaquants que le football ait connu (en tout cas que l'AS Nancy Lorraine ait connu), Tony Cascarino?
C'est ca la vraie question.
 
Dernière édition:
Ca reprend un peu tout ce que j'ai subit dans des boites francaises jusqu a maintenant en Chine.
Notamment deux dont je ne peux malheureusement pas citer les noms ici. (discrimination pratiquee sur bonjourchine que je n'approuve pas !)

J'adore le point 7 sur la devalorisation : quand je vois les salaires proposes par certaines boites j'hallucine du peu de serieux...
C'est meme inquietant car ca ne met pas non plus en confiance les jeunes qui font du 'i will survive' et perdent confiance en eux au lieu d'aller de l'avant, en confiance et de focus serieusement sur le business. Surtout quand le probleme du visa pointe son nez la situation s'envenime tres rapidement.

Je rejoins totalement @Therugbygirl, quand je tombe sur un manager qui sait pas lire un ticket de bus et qui pretend etre capable de manager un bureau ca me fait bien rire et je me dis que le mec est un imposteur purement et simplement...

En Chine il faut avoir un bon systeme D donc si meme lire 2 chiffres ca va pas... le reste ca peut pas suivre...
C'est le manager ou a l'entrepirse de faire le babysitting pas le salarie quelquonque, ce qui est marrant finalement c'est d'avoir a le rappeler...

Dans les boites chinoises, a part le point 2 je n'ai pas vu ces pratiques. Genre la honte d'arriver en retard je crois le mec il se dit surtout qu il va avoir une deduction de salaire qui l'emmerde plus que d'etre en retard ! Enfin je peux me tromper.
 
Ce qui me gonflait le plus est que je ne trouvais pas les chefs tres competents. Donc obeir, je peux peut-etre me forcer, mais obeir a un incompetent - c'est juste pas possible.. En gros, on devient chef par l'anciennete et au regard des services rendus dans le passe.
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Dans mon précédent poste, mon chef était chinois. Pas possible d’être plus incompétent que lui...des imposteurs il y en a partout!
 
Je n'ai travaille que quelques annees en France, mais je trouve que le "management par la terreur" s'applique bien.
Regle 1 = le chef a toujours raison ; regle 2, si le chef a tort, voir la regle 1.. etc. Je sais que c'est assez cliche, mais c'est mon experience dans 2 grands groupes Francais. Sans parler de la discrimination des genres (on m'avait fait comprendre tres rapidement que je ne pourrai pas atteindre certains postes, genre diriger un chantier, qui n'est pas un boulot de femme)..
Ce qui me gonflait le plus est que je ne trouvais pas les chefs tres competents. Donc obeir, je peux peut-etre me forcer, mais obeir a un incompetent - c'est juste pas possible.. En gros, on devient chef par l'anciennete et au regard des services rendus dans le passe.

Depuis je travaille pour un groupe americain, style tres different, qu'on peut certainement critiquer egalement, mais pas de discrimination (en tout cas moins visible) et hierarchie tres legere, avec un jugement + promotion bases sur les resultats (enfin, en theorie..)

Je ne suis pas en Chine depuis assez longtemps pour comparer.
J'ai également eu un manager américain lorsque je bossais en R&D dans un grand groupe français. Il est le meilleur patron que j'ai jamais eu : empathique, encourageant, felicitant lorsque du bon boulot était fait. Je n'ai jamais été aussi productif et motivé qu'à ce moment là.
Beaucoup plus que maintenant avec un boss qui espionne ses employés, les dévalorise lorsqu'ils font des erreurs (alors que lui en fait plein), leur gueule dessus lorsqu'ils s'absentent pour passer un coup de fil...

Pour ma part, dans l'équipe de techniciens que je manage, je me suis fixé une règle : les remercier lorsqu'ils avouent leurs erreurs d'eux même. On fait tous des erreurs et celui qui les assume fait preuve de courage (plus que quelqu'un qui les cache ou pire, les rejette sur les autres), et fera attention à ne pas les refaire. Même d'un point de vue productivité, cela me paraît mieux de procéder ainsi plutôt que de leur hurler dessus...
 
Dernière édition:
1 an et 2 mois après être en France, mis à part le tutoiement, j'ai l'impression d'avoir lu le descriptif de là ou je bosse^^
 
Nul n est irremplaçable... Et hop, viré...:D
C'est sur qu'il vaut mieux avoir un plan de secours pour faire ca, ou juste lui faire croire qu'on en a un...
Dîtes vous bien qu'un patron à autre chose à faire que de faire passer des entretiens et de former quelqu'un sur un poste, si vous êtes déjà en place et assez performant alors vous pouvez sans soucis demander entre 30 et 50% d'augmentation par an en Chine.
Ca a marché pendant 3 ans pour moi et quand ce n'était plus possible pour la société j'ai changé de boite et j'ai repris 25% à la même occasion.

Le vengeur masqué
 
Justement une question bien actuelle que la question du management en ce moment mais au sens très large, c'est à dire pas seulement entrepreneurial mais politique, sociale, et économique. Les concepts d'altruisme, de morale, d'éthique et d'économie écologique sont au cœur des orientations qui sont préconisées par pas mal de personnalités largement crédibles sur la scène publique.
Pour ceux qui seraient intéressés, je laisse quelques liens d'interventions que j'ai trouvé fort intéressantes, pour quand vous aurez un peu de temps...
tariq ramadan sur la place de l'éthique dans le management, puis pour élargir avec jaques attali (économiste, conseiller de mitterand) et ici mathieu ricard vers une économie altruiste, et les propositions de mélenchon, enfin du front de gauche, quant aux réformes économiques nécessaires selon eux en espérant que vous trouverez dans ces conférences quelque chose (ou plusieurs) d'intéressant.

L'étique dans le management :

vers une économie altruiste :

Présentation de l'écosocialisme à science po :
 
Dernière édition:
Dans la comparaison France - Chine, que pensez vous de la place des diplomes?

Dans les grands groupes francais, si on ne sort pas de de X ou autre super grande ecole, on se heurte a un plafond de verre au-dessus des roles de middle-management. Ca impacte egalement les salaires.. On peut se retrouver avec 10 ans d'experience dans un poste avec de bonnes responsabilites et etre moins bien payee qu'un collegue moins "competent/experimente/poste moins eleve..etc" mais qui sort d'une meilleure ecole... ca m'est arrive. Je comprends l'impact de l'ecole sur le salaire a l'embauche, mais apres 10 ans, c'est plus difficile a avaler.. Mon experience des entreprises americaines est que l'ecole est un critere d'embauche, mais une fois qu'on est dans la place, tout le monde est au meme niveau et on n'en parle plus..

Avez-vous experimente cette hierarchie des universites en Chine et le plafond de verre qui va avec?
 
De toute facon il faut eradiquer toute la generation 38 - 55ans... Ce sont eux les managers actuellement et on voit bien que ca deconne.
Les nouvelles generations prennent tellement cher que les futures managers n'auront pas ces pratiques.
On peut tres bien manage et expliquer que l'entreprise a des moyens limites plutot que de dire au mec qu'il travaille comme une merde...
D'ailleurs j'ai une copine specialisee en finance qui se fait debaucher par un tres grand groupe francais... ils lui ont propose un salaire de merde... elle a dit non. ils ont releves salaires, elle a redit non. Et apres ils ont encore fait une 3eme offre...
Apres 3 offres, la derniere la mise dans le doute, elle a dit. apres 3 propositions j'ai perdu confiance. Donc je vais continuer dans mon entreprise qui me paye un peu moins mais qui aura plus a offrir a terme. A jouer au con, c'est l'entreprise qui est perdante.

@Therugbygirl, ne jure pas que par les USA, ils payent en fonction du diplome. mais apres au niveau du job, il faut tout leur montrer/ou faire le petit chef... Tu dis rien le mec ne bosse pas. Donc pas d'autonomie, pas de polyvalence... Va travailler avec des pays nordique, eux ils savent bosser dans le calme et la bonne humeur.
 
Quand tu dis remercier, tu parles bien de les virer?
S'il fallait virer tous ceux qui font des erreurs, il n'y aurait plus grand monde dans la boîte :) .

En revanche un simple "merci de m'avoir tenu au courant", à mon sens, cela motive à prendre ses responsabilités (on ne bosse plus pour faire plaisir à son manager, mais pour son entreprise et l'équipe qui la compose)
 
Dans la comparaison France - Chine, que pensez vous de la place des diplomes?

Dans les grands groupes francais, si on ne sort pas de de X ou autre super grande ecole, on se heurte a un plafond de verre au-dessus des roles de middle-management. Ca impacte egalement les salaires.. On peut se retrouver avec 10 ans d'experience dans un poste avec de bonnes responsabilites et etre moins bien payee qu'un collegue moins "competent/experimente/poste moins eleve..etc" mais qui sort d'une meilleure ecole... ca m'est arrive. Je comprends l'impact de l'ecole sur le salaire a l'embauche, mais apres 10 ans, c'est plus difficile a avaler.. Mon experience des entreprises americaines est que l'ecole est un critere d'embauche, mais une fois qu'on est dans la place, tout le monde est au meme niveau et on n'en parle plus..

Avez-vous experimente cette hierarchie des universites en Chine et le plafond de verre qui va avec?
C'est ce que disait l'une de nos prof de communication internationale d'origine allemande. Elle ne comprenait pas cette culture du diplôme en France. Certains managers seniors se présentent encore comme polytechnicien, alors que ça fait 20 ans qu'ils ont quitté l'école.
 
C'est clair! Les vertus de l'ambiance sur la productivité au travail ont été démontrées. En plus c'est le 2ème critères d'importance après le salaire d'après le dernier sondage de l'ifop (ça s'est vérifié dans bien d'autres études):
"Invités à hiérarchiser les caractéristiques les plus importantes du poste idéal, ils classent sans surprise le salaire au premier rang (39%), mais accordent une importance presque équivalente à l’ambiance de travail (36%). Quant à leur manager, ils en attendent avant tout une capacité à déléguer, faire confiance (35%) et décider (31%). Au global, 76% sont heureux dans leur travail actuel (-4 points depuis mai 2013)."
http://www.ifop.com/?option=com_publication&type=poll&id=2570